[Et vous trouvez ca drone ?]

Les drones vont-ils avoir raison de l’humanité?

Les drones quadrotor sont incroyables, très mignons, et finiront probablement par avoir notre peau à tous.

La première fois que j’ai vu des drones volants chercher à s’emparer du monde, c’était en mai 2010. C’était dans une vidéo postée sur YouTube par Daniel Mellinger, un des inventeurs apparemment un peu trop confiants de ces robots. Le clip, nommé «Aggressive Maneuvers for Autonomous Quadrotor Flight», présente une scène filmée dans un labo de robotique de l’université de Pennsylvanie, bien que «camp d’entraînement pour drones» convienne peut-être mieux au lieu.

Dans la vidéo, un «quadrotor», de la taille d’un ordinateur portable et au physique d’insecte, effectue des cascades de plus en plus délicates. Il commence par s’envoler et fait un tonneau en l’air. Puis deux tonneaux. Puis trois. Dans le commentaire, dont la sécheresse suggère qu’il n’a aucune idée de ce à quoi il est confronté, Mellinger dit:

«Nous avons développé une méthode permettant un vol vers n’importe point dans l’espace, avec n’importe quelle vélocité et n’importe quelle assiette, dans les limites du raisonnable.»

Qu’est-ce que cela signifie? Que le drone peut voler à travers de n’importe quel obstacle ou presque, ou le contourner. On le voit passer en virevoltant par une fenêtre ouverte, avec moins de dix centimètres d’espace d’un côté comme de l’autre. Puis, s’envoler et se percher sur un plan renversé -en position d’attente.

Ballet coordonné et terrifiant

Dans une série de vidéos postées par Mellinger au cours de l’été 2010, on voit le robot apprendre des techniques encore plus terrifiantes. Il fait des pirouettes dans une ellipse. Il se voit doter d’une pince en forme de serres qui lui permet de prendre des objets, puis il apprend à «coopérer» avec d’autres drones pour ramasser des objets ensemble. Il apprend à atterrir sur un plan horizontal et à se rétablir de lui-même lorsque sa tentative d’atterrissage échoue. Ceci, et l’ajout d’une caméra embarquée, lui donne la possibilité de mener des opérations de «surveillance autonome». Il se débrouille pour trouver le moyen de franchir en volant plusieurs obstacles de suite puis, c’est saisissant, de franchir des obstacles volants ­ -on les voit se glisser au travers d’un hula-hoop que Mellinger lance en l’air. Voici environ un an, Mellinger a posté une vidéo montrant une équipe de trois drones assemblant une structure à partir de poutres métalliques. Les machines, volant en un ballet aussi coordonné que terrifiant, ramassent chacune une poutre, détermine la position exacte où la déposer, et avec précaution, la mettent en place.

Observez la scène suffisamment longtemps: on croirait voir des petits oiseaux faire leur nid. Mais si vous avez vraiment passé un certain temps à les regarder, vous êtes probablement désormais occupé à autre chose: vous avez ouvert un nouvel onglet dans votre navigateur et vous cherchez un revendeur d’abris antiaériens et de nourriture lyophilisée.

Ces dernières années, les vidéos comme celles postées depuis UPenn sont devenues des classiques des blogs consacrés aux sciences et techniques. À intervalles réguliers, il en sort une nouvelle qui nous montre des drones volant en essaim, en formation, qui surveillent, qui construisent, et plus généralement, qui nous bluffent avec des capacités toujours plus vastes. Bien de ces objets volants sont construits par des diplômés travaillant dans des labos de robotique, bien souvent en train de se préparer pour l’International Aerial Robotics Competition (ce tournoi se tient cet été dans le Dakota du Nord). La mission assignée aux concurrents de l’année: construire un drone capable d’entrer silencieusement dans un complexe bien gardé -du genre de la villa Ben Laden- et de s’emparer d’une clé USB posée sur le bureau d’un officier.

Parallèlement, une communauté très enthousiaste de bricoleurs s’est constituée autour des drones. DIYDrones -fondé par Chris Anderson, rédacteur en chef de Wired et fabricant accompli de drones– rassemble photos, vidéos et guides pratiques envoyés par des centaines d’amateurs des quatre coins de la planète. Le site suggère que la fabrication de drones est aujourd’hui le passe-temps numéro un pour les papas/fistons un peu geek, l’équivalent moderne des modèles réduits d’avion ou des lancements de fusée dans le jardin.

Triomphe sur YouTube

S’il s’agissait d’un concours de popularité, les robots de l’équipe d’UPenn se seraient depuis longtemps adjugé la première place. Ensemble, les clips de la chaîne YouTube de Mellinger ont été vus 10 millions de fois. Cette semaine, c’est un public encore plus vaste et geek qui les a découvert: ils étaient présentés dans le cadre d’une irresistible conférence de l’association TED (Technology, Entertainment, Design) par le professeur Vijay Kumar, qui dirige le laboratoire d’UPenn. Vers la fin de la conférence, l’équipe présente une expérience qui, je le soupçonne, cherchait à rassurer, mais qui au final, n’en est que plus terrifiante. Les robots jouent tous ensemble le thème de James Bond avec des instruments de musique modifiés.

Qu’est-ce qui rend les drones autonomes aussi irrésistibles qu’affolants? Selon moi, c’est qu’on assiste à l’évolution de ce qui pourrait être le mode de déplacement parfait. Les robots les plus récents du labo d’UPenn –créés par Mellinger et un autre diplômé, Alex Kushleyev- sont appelés «nano quadrotors», car ils ne font que 20 cm de diamètre. Comme l’expliquait Kumar lors de sa conférence au TED, les équations physiques gouvernant l’inertie angulaire favorisent les petits objets -plus petit on crée un oiseau, plus vite il peut changer de direction en vol. Ceci se traduit chez les nano drones par une incroyable agilité.

De plus, ils sont conçus pour collaborer en vol, automatiquement et instantanément. Ce comportement est calqué sur celui des insectes, et notamment des fourmis -il n’y a pas de coordinateur centralisé, tout repose sur la faculté des drones à détecter en vol la distance qui les sépare. Dans une des vidéos postées par Mellinger en janvier -la plus appréciée à ce jour- on peut voir seize nano quadrotors enchaîner les formations, toutes plus incroyables. Comme de la natation synchronisée, avec encore plus d’agilité.

Vie privée menacée?

Au cours des derniers mois, les drones devenant toujours plus faciles à fabriquer et acheter, on s’est ému des menaces sur la vie privée. Les gens s’en servent pour surveiller le trafic routier, espionner les célébrités, prendre des photos aériennes dans le domaine de l’immobilier et -grâce à une nouvelle législation fédérale qui en autorise le vol- on peut penser qu’ils sont chargés de diverses missions de maintien de l’ordre. Dans ce domaine, les deux caractéristiques clé des nano drones -leur extrême agilité et leur capacité de se regrouper instantanément en essaim- pourraient faire monter les enjeux.

 

Drones d’hacktivistes

Les drones sont partout. À l’origine utilisés par les militaires, ces engins sont détournés de leur usage, en particulier par des activistes de tous poils : hacktivistes, défenseurs de la nature ou des droits de l’homme, artistes et même journalistes.

Surveiller les surveillants, en détournant leurs dernières marottes techniques : après les caméras de vidéosurveillance, les drones sont à leur tour mis au service de l’activisme, voire de l’hacktivisme. On pourrait également qualifier ces détournements d’artivisme, cette façon d’utiliser l’expression artistique pour porter un message politique.

Il semblerait que le premier projet de ce type remonte à 2004, du moins selon l’artiviste autrichien Konrad Becker qui s’en est occupé dans le cadre du projet Netbase. Son nom de code ? S-77 CCR, pour System 77 Civil Counter-Reconnaissance. Son slogan ?

Eyes in the sky, democracy in the street.

“Des yeux dans le ciel, la démocratie dans la rue”. Un slogan qui résume un message très politique :

Pour permettre un équilibre des compétences en matière de surveillance et une large éducation du public aux technologies de contrôle, il semble nécessaire que les gens y aient accès.

Il a été déployé en public en mai 2004 à Vienne. “Nous avions besoin d’une ‘preuve de concept‘”, se souvient Konrad Becker. Toutefois nous avons attiré l’attention de la police et des médias à l’époque… ” Depuis, S-77 CCR a été poursuivi en toute discrétion par Marko Peljhan, un Slovaque qui a, entre autres, cofondé un des premiers media labs d’Europe de l’Est.

Hacker les communications

Mike Tassey et Rich Perkins sont des hackers poids lourd, le genre à faire des présentations lors de DefCon ou de BlackHat, raouts phares réunissant ces adeptes d’un usage créatif de la technique. L’année dernière, ils y ont présenté leur projet Wireless Aerial Surveillance Platform (WASP), ou “drone DIY” [Do It Yourself, fais-le toi-même] pour la cyberguerre”, créé en 2009. Concrètement, cet avion-espion est capable d’intercepter les communications transitant par Wi-Fi et donc de dérober des données. Le but n’est pas d’aller en prison mais de pointer des failles de sécurité potentielles. L’essence d’un bon hacker, comme ils l’expliquaient en introduction à la conférence Black Hat :

Que pourrait faire un avion autonome volant à basse altitude transportant 5 kilos d’outils pour la cyber-attaque du réseau de votre organisation, aux infrastructures critiques de votre pays ou pire s’il transportait quelque chose d’épouvantable, quelles seraient les conséquences en terme d’exigences pour la sécurité publique ?

Buzz vidéo de Pologne

Les drones sont revenus sur le tapis médiatique en novembre, avec la vidéo d’un engin baptisé RoboKopter survolant des manifestations à Varsovie en Pologne, à l’initiative d’un activiste. Elle a été visionnée plus de 650 000 fois sur YouTube. Une manière comme une autre de faire  des émules.

Occupy les airs : vers le “dronestream”

Le mouvement Occupy, initié  à Wall Street, a été l’occasion d’un jeu du chat et de la souris entre les manifestants et les forces de police chargées de surveiller de près voire de déloger les campeurs. L’un d’eux, Tim Pool, a sorti un atout de leur manche : Occucopter, un drone Parrot AR équipé d’une caméra et contrôlé par iPhone. Tim a bidouillé le logiciel de façon à pouvoir diffuser en direct les images sur Internet.

L’idée lui a été soufflée début 2011 par Geoff Shively, ado hacker surdoué des années 90 qui a fini par fonder sa boîte de logiciel de sécurité à l’âge de 21 ans. Mais les deux sont partis dans des directions opposées et l’idée ne sera mise en œuvre que cet automne, “après le raid sur Zuccotti park”, nous détaille Tim. Mi-novembre, la police était intervenue pour chasser les manifestants de ce parc qui y campaient depuis deux mois. Il expliquait ses motivations :

[Il s’agit de] donner aux gens ordinaires les mêmes outils que ces géants des médias multimillionaires. Cela comble avec intelligence une lacune face à certaines restrictions, comme quand la police empêche la presse de prendre des photos d’un incident.

Même si l’engin est perfectible, il a suscité l’attention : “J’ai reçu plein de questions et aidé de nombreuses personnes à mettre en place une diffusion en direct via le drone”, complète Tim. Les hackers, de façon naturelle, se sont penchés sur le sujet, en particulier à San Francisco, au hackerspace Noisebridge. Une page de documentation a été monté. On trouve même un modèle fait avec une imprimante 3D !

Et Tim poursuit sa recherche  : “je ne pense pas qu’ils deviendront aussi courant que les téléphones portables mais nous travaillons à rendre le dronestream (sic) très bon marché, de façon à ce que chacun puisse en acquérir un.”

Drone journalism

Cet automne, les images des émeutes en Pologne ont vite été reprises par les médias traditionnels. Tim Pool est également journaliste indépendant. De l’activisme au drone journalism, il n’y a qu’un pas, que résume Matt Waite, journaliste chercheur à l’université du Nebraska et créateur du Drone Journalism Lab, dédié à l’étude de la viabilité de médias aéroportés pilotés à distance :

Il y a des gens qui ne sont pas journalistes qui font des choses qui ressemblent terriblement à du journalisme, il n’est pas dur de faire un effort d’imagination. Il y a d’abord eu les émeutes en Pologne, puis les protestations pour les élections en Russie.

En résumé, il se passe la même chose avec les drones qu’avec les téléphones portables, un effacement des frontières entre citoyens et journalistes. Du moins pour fournir la matière première.

Ces drones informatifs constituent le prolongement bon marché de vieilles techniques, rappelle-t-il : “les rédactions utilisent depuis longtemps des hélicoptères et des avions avec une aile fixe pour les évènements importants. En posséder ou en louer une est coûteux.” A contrario, le drone est “une façon rentable d’avoir des contenus multimedia inédits et attractifs.”

En Australie, Justin Gong, un jeune Chinois immigré, a créé sa compagnie, XAircraft. Son produit suscite un fort intérêt de la part d’un réseau de télévision australien et plusieurs médias l’utilisent déjà, explique-t-il.

Mais la technique est pour l’instant encore perfectible, comme l’a démontré la tentative avorté de journalistes australiens qui ont filmé le centre de détention pour immigrés de Christmas Island : l’engin a fini à l’eau. Matt Waite est conscient de ces limites :

Ces quadracopters et hexacopters ont une autonomie de 15 minutes environ, alors que celles des drones militaires de qualité est bien supérieure. Donc quelle est leur efficacité ? Pas énorme. Il n’y a pas assez de temps de vol et de stabilité pour satisfaire notre imagination. Ils s’écrasent souvent et se cassent facilement. Ce n’est donc pas assez stable pour voler en toute sécurité autour de personnes. Mais je pense que c’est temporaire. La technologie avance si vite que ces défauts ne peuvent que s’améliorer.

La question de la légalité de telles pratiques reste aussi en suspend. Ainsi aux États-Unis, il est interdit “de voler au-dessus de 400 pieds (120 mètre), hors de la vue, près des gens et il ne faut pas avoir de visées commerciales”, rappelle Matt Waite. Et entre sécurité de certaines installations et liberté d’information, de quel côté penchera la balance ?

Brigitte Bardot high tech

On a tous en tête l’image de Brigitte Bardot se roulant dans la neige au Canada, serrant un bébé phoque comme le dormeur son polochon. Si la nature a ses charmes, la technique aussi. Ainsi les activistes de Sea Sheperd, à la pointe de l’innovation, ont récemment utilisé un drone pour les aider dans leur combat, la défense de la faune marine. Détail des opérations :

“Le 24 décembre, le Steve Irwin, l’un des navires de Sea Shepherd, a déployé un drone afin de localiser et photographier le Nisshin Maru, navire-usine japonais. Opération réussie! […] Grâce aux deux drones répartis sur le Steve Irwin et le Bob Barker, il est possible de connaître la position du Nisshin Maru et de surveiller sa route; les informations sont ensuite transmises aux navires de Sea Shepherd.

Inconvénient : un drone ressemble fortement à un de ces volatiles dont les chasseurs sont friands. Du coup, aux États-Unis, un drone qui devait filmer une chasse aux pigeons a été lui-même abattu… par les chasseurs dans son collimateur. Prochaine étape, des drones blindés ?

Vol au-dessus d’un nid de dictateurs

Des drones dans les manifestations, des drones pour sauver les baleines… et des drones pour sauver l’humanité. Le mois dernier, Andrew Stobo Sniderman et Mark Hanis , les fondateurs de l’ONG Genocide Intervention ont signé une tribune dans le New York Times intitulée “Drones for Human Rights” :

Il est temps d’utiliser la révolution dans le domaine militaire pour servir la cause des droits de l’homme. Avec des drones, nous pourrions prendre des photos et des vidéos claires d’abus, et nous pourrions commencer en Syrie.

Autre avantage, expliquent-ils, les images pourraient être utilisé par les diplomates de l’ONU ou lors des procès comme preuve. Et tant pis si cela constitue une violation de l’espace aérien : “Ce serait peut-être illégal aux yeux du gouvernement syrien mais soutenir Nelson Mandela en Afrique du Sud était considéré comme illégal durant l’apartheid.”

Le recours aux drones posent aussi la question de son instrumentalisation par le régime syrien, qui pourrait crier au complot étranger et s’en servir pour réprimer avantage. Du coup pour l’heure, les ONG restent timides :

“De telles considérations figuraient dans les conversations que nous avons eues avec les organisations de défense des droits de l’Homme qui envisageaient d’utiliser des drones en Syrie mais ont finalement opté pour la fourniture de téléphones, de modems satellites et d’abris. Depuis bientôt un an, des amateurs courageux en Syrie ont sans doute essayé la bidouille avec leur petite caméra. Dans ses circonstances, la plus-value ne vaut pas la peine de l’investissement et du risque.”

Évoquant de nouveau le potentiel de ces engins, ils concluent sans ambages :

Si les organisations de défense des droits de l’Homme peuvent espionner le mal, elles ont le devoir de le faire.

“Zones temporairement augmentées”

Lot Amoros est un artiste espagnol, qui se définit comme un “ingénieur informatique & un antiartiste transdisciplinaire”. Son GuerrillaDrone servira à réaliser “des interventions audiovisuelles dans l’air public en utilisant la réalité mixée”, de façon à créer des “zones temporairement augmentées”, en référence aux zones autonomes temporaires (TAZ) d’Hakim Bey. Le tout est réalisé avec des logiciels et du matériel libre, grâce au projet ArduCopter, utilisant Arduino.

Histoire que le concept soit cohérent aussi dans la forme. Il mettra à profit sa résidence d’artiste aux Pays-Bas, de mai à septembre, pour monter le projet et des performances.

Son message est dans la lignée de son prédécesseur autrichien,  en s’inspirant aussi d’artvertiser, une réappropriation de la publicité urbaine par la réalité augmentée :

GuerrillaDrone cherche à explorer de nouveaux usages de l’air comme un moyen d’expression, pour anticiper les questions auxquelles la société moderne devra faire face dans les décennies à venir : la présence de robot dans les espaces publics et dans les espaces publics aériens. […]

Le droit de voler hérite d’idées du mouvement Reclaim The Spectrum : “ceux qui revendiquent le spectre [radio-électrique] anticipent un débat politique et social dont le XXe siècle a été privé mais qui ne peut être repoussé en ce nouveau siècle. Nous, citoyens, exigeons l’usage de l’air public : le médium est le message. Si le pouvoir devient de plus en plus déshumanisé avec les machines de contrôle, la technologie réagit en réinventant des dispositifs anti-establishment. […]

GuerrilaDrone essaye d’inverser la logique du panopticon comme système opaque de contrôle en étendant les possibilités d’action directe ou de performance grâce à du matériel audiovisuel aérien, créant des écrans urbains sur n’importe quelle surface.

Plus surprenant, il fait aussi référence au transhumanisme : “Le monde des drones relève de la philosophie cybernétique et posthumaniste, le monde va changer très vite”, nous a-t-il détaillé. “On a trop de pouvoir avec cette technologie, personne ne peut les arrêter, avec la robotique ‘terrestre’ l’humain garde encore la supériorité sur les robots, mais avec la robotique ‘aérienne’, ils sont supérieurs. C’est pour ça que mon blog s’appelle ‘Hacked freedom’ : les drones ont une liberté que légalement personne ne leur a donné, et que personne ne peut leur enlever.”

Pour Lot, le projet ne parle pas de la société de surveillance mais “du pouvoir des drones par rapport aux humains, et du pouvoir de la technologie aux mains des activistes et non des gouvernements ou des militaires.”

À ce titre, il suit d’un œil inquiet le sujet, citant la possibilité de drones qui tuent automatiquement, sans assistance humaine, ou encore la volonté d’étendre leur usage en Europe. De quoi alimenter encore les velléités de détournement.

Voici quelques semaines, apprenant que Francis Fukuyama, le professeur de sciences politiques de Stanford, avait construit son drone, je l’ai appelé pour discuter de leurs implications dans le domaine de la sécurité nationale. Fukuyama, qui se définit lui-même comme un amateur plutôt versé dans la technique, m’a confié qu’il trouvait les drones incroyablement excitants. Selon lui:

«L’idée selon laquelle l’homme de la rue peut disposer, utiliser et fabriquer un tel degré de technologie est vraiment chouette.»

Puis il a passé en revue les diverses façons par lesquelles les drones pourraient changer la façon dont on mène une guerre. Les drones sans pilote ont permis à l’armée américaine de réduire le nombre des forces engagées au sol. Mais les drones militaires d’aujourd’hui souffrent de nombreuses lacunes -ils ne peuvent opérer qu’à très haute altitude, ne peuvent qu’espionner ou tuer au choix, et bien souvent tuent des civils. On peut imaginer les bien meilleures performances qu’offrirait un essaim de nano drones: ils pourraient remplacer les forces spéciales au sol, et même les agents infiltrés. Dans un article du Financial Times -sous le titre «Why we all need a drone of our own»- pourquoi chacun à besoin d’un drone bien à lui, Fukuyama écrit:

«Le progrès technique ne s’arrête jamais. À l’horizon se profilent des drones de la taille d’un insecte que l’on peut confondre avec une mouche ou une araignée, qui pourra se glisser sous une porte pour enregistrer une conversation, prendre des photos, ou même injecter une toxine mortelle dans une victime qui ne se doute de rien. Les systèmes du genre de ceux que développe le programme militaire Micro Autonomous Systems and Technology (MAST), en partenariat avec diverses entreprises et laboratoires universitaires. Dans un futur plus lointain viendront les nanobots, des robots de la taille d’une particule à même de pénétrer dans les poumons ou la circulation sanguine.»

Rire et pleurer

Il est évident qu’on ne peut compter sur le fait que nous serons les seuls à détenir cette technologie, souligne Fukuyama. Pour l’heure, les Etats-Unis bénéficient d’un accès asymétrique aux drones, mais au fur et à mesure que la technologie est accessible aux amateurs, n’importe quel pays ou horde de combattants non gouvernementale -criminels, cartels de la drogue- sera à même d’utiliser des drones à des fins effrayantes. «Ils présentent un potentiel d’anonymat que les autres technologies n’offrent pas pour l’instant», indique Fukuyama. Ce qui pourrait en faire l’arme idéale des terroristes. «Quelqu’un va bien finir par relier les points».

Les implications de ces drones -pour le bien ou pour le mal- n’ont pas encore été élucidées. C’est pourquoi il m’est difficile de ne pas être envahi par l’émerveillement et l’inquiétude quand je vois ces machines apprendre à faire des choses toujours plus incroyables. Il ne fait aucun doute que les drones sont notre futur. Nous devrions commencer à discuter de la façon de gérer le problème.

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[Y’a embrouille] Un boîtier pour neutraliser les portiques de sécurité

Ce dispositif inédit a été découvert récemment sur un couple de voleurs présumés.

C’est une nouvelle qui ne va pas rassurer les responsables de magasins. Un couple a été interpellé vendredi dernier au centre commercial de Vélizy, dans les Yvelines, après un vol qui aurait été commis en utilisant un dispositif inédit : un petit boîtier électronique leur aurait permis de neutraliser les ondes des portiques antivols.

« C’est un boîtier en plastique de 5 centimètres sur 5 centimètres environ », détaille au micro d’Europe 1 le commissaire Sébastien Loret, en poste à Vélizy. « Constitué d’un circuit imprimé et alimenté par une pile classique, il se déclenche avec un interrupteur et brouille les ondes radios qui passent entre les portiques de sécurité », précise le commissaire. « Ainsi perturbées, les ondes ne perçoivent plus l’élément de sécurité sur les vêtements », conclut le commissaire Loret. Ce n’est donc plus qu’un jeu d’enfant pour le voleur de sortir du magasin l’objet de leurs convoitises.

Le voleur avait emporté 4 costumes Smalto

L’affaire avait commencé par le vol de quatre costumes Smalto d’une valeur de 4.000 euros le 4 mars dernier, détaille Le Parisien. En étudiant la vidéo de surveillance, les responsables de la sécurité ont pu identifier un suspect. Vendredi dernier, le même homme a été à nouveau repéré dans le magasin. Alors qu’il tentait visiblement d’emporter deux autres costumes, d’une valeur de 2.500 euros, les vigiles l’ont appréhendé, ainsi que son épouse, elle aussi de nationalité serbe, postée à proximité. C’est à ce moment-là que les agents de sécurité ont mis la main sur le fameux boîtier.

Désormais, les responsables de magasins vont devoir trouver la parade pour lutter contre ce nouveau type de délinquance. D’autant que d’autres boîtiers du même genre ont été retrouvés depuis dans la région lyonnaise. De son côté, la société qui fabrique les antivols incriminés se veut rassurante. Elle explique que les portiques le plus récents sont équipés d’un système permettant de détecter les brouilleurs.

(europe1.fr)

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[Volte-face] Usurpation d’identité : « L’Etat n’est pas en mesure de lutter »

Dalila Bouhezila, présidente de l’association « On a volé mon identité », raconte son calvaire et juge sévèrement la loi instituant une carte d’identité biométrique.

France-Soir : Vous avez été vous même victime d’usurpation d’identité?
Dalila Bouhezila : J’ai découvert qu’on avait volé mon identité en octobre 1998, en allant à la mairie chercher un extrait de naissance pour me marier. L’officier d’état-civil m’a annoncé que j’étais déjà mariée ! Ce qui était faux. Après des recherches, il est apparu que la mairie avait envoyé deux extraits de naissance à une boîte postale à Paris, après une demande par courrier. Même si dans cette demande, il y avait des erreurs sur ma date de naissance, même si contrairement à la loi, la personne qui avait demandé ces papiers n’avait pas joint de copie de pièce d’identité. Et avec ce simple papier on peut obtenir une carte d’identité, se marier, se pacser, déclarer des enfants, acheter des immeubles, contracter des prêts, et j’en passe… J’ai mis six ans à faire annuler ce mariage, et encore, je me bats toujours pour qu’il n’apparaisse pas sur mon état-civil. Là, c’est comme si j’avais divorcé, alors que je ne m’étais pas mariée. La justice et l’Etat font face à un vide juridique.

F.S. : S’agit-il d’actes isolés ou d’une délinquance organisée?
D. B. : Après ma plainte, la police de l’air et des frontières est remontée jusqu’à une femme, en prison à Fleury-Mérogis pour trafic de stupéfiants et proxénétisme. J’étais sa troisième victime. Dans mon cas, elle voulait donner la nationalité française à un homme, par mariage, mais sans « salir » son identité à elle. Ce qui est sûr, c’est que je ne me suis pas fait voler de papiers, je n’en ai pas perdu non plus. Quelqu’un a collecté des informations sur moi, avec peut-être même une complicité dans la mairie. C’est une technique bien conçue, bien organisée. Ce ne sont pas de banals délinquants qui font ça, mais des cerveaux criminels. Par exemple, il y a quelques mois, à Roubaix, un homme a ouvert une fausse agence de recrutement. Il a contacté le Pôle emploi, qui lui a envoyé des candidats pour des emplois. Il y a 32 victimes, qui ont rempli des formulaires, donné leurs papiers. L’homme a ensuite disparu avec ces identités. Ce n’est pas rien, de monter une arnaque comme ça, et on soupçonne cet homme de faire partie d’un réseau organisé.

F.S. : Quelle est l’ampleur de ce phénomène?
D. B. :On estime qu’il y a entre 210.000 et 220.000 victimes d’usurpation d’identité. Ce sont des personnes âgées qui voient les huissiers débarquer chez eux, des personnes qui découvrent en voyageant à l’étranger qu’il y a un mandat d’arrêt contre eux, comme Salim Mourad Cherif qui a été arrêté aux Etats-Unis. Il y a des gens dans notre association qui ont perdu leur emploi, leur logement, qui sont condamnés à des peines de prison ou de grosses amendes, qui reçoivent des factures, qui se retrouvent interdits bancaires à la Banque de France… Et puis il y a beaucoup d’escroqueries aux prestations sociales qui sont faites par usurpation d’identité. Vous ne pouvez pas imaginer l’enfer que ça représente, la peur au ventre qu’on a quand on s’aperçoit de ça. D’autant que le problème est minimisé par l’Etat. En France, l’usurpation d’identité est punie d’un an de prison. Au Canada, par exemple, c’est dix ans. Alors que ça nuit aux personnes, à l’économie du pays, à la sécurité intérieure aussi. Je peux vous dire qu’aujourd’hui l’Etat n’est pas armé pour lutter. Je vais saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour montrer que la justice française n’est pas compétente.

F.S. : Pourtant, le ministère de l’Intérieur vient d’annoncer la création d’une carte d’identité biométrique…
D. B. : Cette mesure, elle n’est pas bienvenue pour moi. Un fichier, ça reste une base de données. Au moment des débats sur cette loi, il y avait la question de savoir si on associait un « lien fort », c’est-à-dire un accès des agents de force publique à toutes les données biométriques contenues dans la carte, ou un « lien faible », avec un accès restreint à ces données. Je pense que le « lien faible » était approprié, et c’est le « lien fort » qui est passé. Avec un risque non négligeable de piratage, de revente de données. On dit que la biométrie est infalsifiable, or on a déjà vu des passeports biométriques falsifiés. Pour moi la priorité c’était de protéger l’état-civil : plus de moyens humains pour veiller aux documents, plus de vigilance du personnel, plus d’information dans les mairies.

F.S. : Comment s’en prémunir?
D. B. : En étant vigilant. Ne jamais jeter des documents. Éviter les achats sur Internet, même sur des sites sécurisés. Sur Facebook, ne pas mettre sa date de naissance, son parcours scolaire. Dans une administration, ne pas laisser le personnel s’absenter avec votre pièce d’identité. Faire attention en recevant des amis : souvent, ce sont des gens très proches qui vont usurper votre identité. À la piscine ou au sport, éviter de laisser ses papiers au vestiaire…

(francesoir.fr)

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[Le Nouveau Détective] Affaire Kulik : l’ADN, superhéros des enquêtes criminelles

L’ADN, acteur majeur des enquêtes criminelles : En trois affaires, panorama d’une avancée technique aujourd’hui capitale.

Nanterre : trahi 14 ans après un meurtre pour un rasoir volé

Un jour d’avril 1988. Le corps du gardien d’une résidence pour personnes âgées est retrouvé, tué à l’arme blanche. Des objets ont disparu : une chaîne hi-fi, quelques espèces. Un autres est apparu sur la scène de crime : un sac à dos, contenant des affaires de toilettes. Des prélèvements d’ADN sont effectués, et rentrés pour comparaison dans les fichiers. Mais aucun individu fiché ne correspond.
Courant 2011, les policiers de la brigade criminelle décident de tenter de nouvelles expertises. Dans le sac à dos retrouvé sur la scène de crime, un rasoir usagé, et donc des cellules de peau humaine. Entrée dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (le FNAEG), elles guident les enquêteurs vers un sans domicile fixe de 41 ans. En garde à vue, celui-ci explique s’être fait voler son sac à dos en 1988, peu de temps après le meurtre du gardien, par un garçon de 17 ans. Aux enquêteurs, il donne le prénom de l’adolescent chapardeur, précise qu’il avait volé une voiture à l’un de ses amis.
C’est cette ficelle que les policiers tirent, jusqu’à retrouver leur homme en février dernier, âgé aujourd’hui de 31 ans, domicilié dans les Hauts-de-Seine. Et après comparaison avec son ADN, une chose est sûre : il est passé sur la scène de crime. En garde à vue, il avouera, expliquant avoir agi en légitime défense lors d’une bagarre. Il n’était jusque là connu que pour de menues infractions.

Péronne : Le violeur d’Elodie Kulik retrouvé par l’ADN de son père

12 janvier 2002, à Tertry, dans la Somme. Un terrain vague, une voiture accidentée, un corps partiellement calciné. Celui d’Elodie Kulik, 24 ans, une jeune femme directrice d’une agence bancaire à Péronne. Elle a été violée, étranglée, brûlée.
Aux alentours, les gendarmes de la Section de Recherches de la Somme trouvent un préservatif usagé. Un mégot, un chiffon, et une trace d’ADN sur une chaussette de la jeune femme. L’échantillon prélevé dans le préservatif est le plus prometteur, et pourtant. Durant 10 ans, il ne donne rien : aucun profil génétique ne colle dans le FNAEG. Les gendarmes interrogent des milliers de personnes, prélèvent plus de 5000 échantillons d’ADN de personnes susceptibles de se trouver dans les environs le soir de la disparition d’Elodie Kulik. Rien.
Alors ils tentent autre chose. Aux ministères de la Justice et de l’Intérieur, ils demandent l’autorisation de procéder à des comparaisons non pas parfaites, mais ressemblantes, c’est-à-dire qu’ils ne cherchent plus à faire coller les éléments de la scène de crime à un individu qui ne figure pas au FNAEG, mais à trouver des profils génétiques proches, en raison d’un lien familial quelconque.
C’est ainsi qu’ils remontent jusqu’à Grégory Wiart. Un jeune chauffagiste né en 1979 et mort en 2003, peu de temps après la mort d’Elodie Kulik, dans un accident de voiture. Si lui n’a pas eu le temps ou l’occasion d’apparaitre au FNAEG pour d’autres faits, son père, lui, est emprisonné pour des agressions sexuelles. Il est donc fiché. Et ces recherches « par parentalité » résolvent un mystère vieux de 10 ans. En tout cas, justifient l’exhumation des restes du jeune homme pour confirmer cette thèse. Ce qui sera fait dans les semaines suivantes. Avant cette découverte et malgré le travail acharné des gendarmes, jamais le nom de Grégory Wiart n’était apparu dans l’enquête…
Une enquête bouclée ? Non. Car si Grégory Wiart a été formellement identifié, figure au dossier une autre pièce décisive : la bande de l’appel qu’Elodie Kulik a passé au 17. Une bande sur laquelle, en plus de celle d’Elodie, les enquêteurs distinguent plusieurs voix d’homme. Le plombier n’était donc pas seul… Reste à retrouver ses complices d’un temps ancien.

Paris : L’ADN du violeur extrait 22 ans après

Il a semé la terreur chez les femmes parisiennes et franciliennes. Pour trois viols, commis le 23 et le 28 décembre. Des blessures au couteau chez deux de ces femmes, dont l’une avait quinze ans. Des vols. Puis plus rien. Des témoignages avaient donné aux enquêteurs de la PJ parisienne, après diffusion d’une photo extraite d’une vidéosurveillance d’un distributeur d’espèces, une idée de l’identité du « violeur en série parisien ». L’enquête laissait penser qu’il avait pu fuir en Belgique, où il avait de la famille.
Mais ces pistes restaient au conditionnel tant que l’homme n’aurait pas été formellement reconnu par ses victimes. Tant aussi que son ADN n’aurait été comparé aux traces prélevées sur ses victimes. En fouillant le passé de leur suspect, les policiers apprennent qu’il a été mis en cause il y a 22 ans. Ne restent de cet épisode judiciaire aucun scellé qui permettrait de contenir son ADN. Seul un morceau de carton, appelé « fiche décadactylaire » qui comporte les empreintes digitales de ses dix doigts, laisse un espoir aux enquêteurs. Car il est possible, ainsi que l’ont prouvé les experts des laboratoires, de prélever 22 ans après, un ADN sur un carton touché par un suspect, qui n’a donc laissé que très peu de cellules.
Une fois la comparaison faite, un mandat d’arrêt international est lancé. Son identité et ses empreintes digitales sont fournies aux polices européennes. La Belgique retrouvera finalement cet homme de 40 ans… en prison, et sous une autre identité.

(francesoir.fr)

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[Les doigts dans la prise] Ces compteurs électriques « intelligents » qui risquent de vous pourrir la vie

L’installation des compteurs électriques dits « intelligents », comme le Linky en France, qu’Éric Besson veut généraliser, est loin de faire l’unanimité. Intrusion dans la vie privée et risque de piratage des données, multiplication des ondes électromagnétiques avec des effets néfastes sur la santé, « racket » des abonnés, suppression d’emplois chez les distributeurs d’électricité… De Paris à la Californie, en passant par le Québec, la contestation grandit. Tour d’horizon des résistances.

La Ville de Paris ne veut pas du nouveau compteur électrique « intelligent » Linky. Bien qu’elle soit la première ville française à prendre une position aussi tranchée contre ce nouveau compteur, son vœu, adopté mi-octobre 2011, est passé assez inaperçu. Ce vœu fait suite à l’annonce d’Éric Besson, ministre en charge de l’Énergie, le 28 septembre dernier, d’installer 35 millions de compteurs électriques « intelligents » dans tous les logements à partir de 2013 [1], considérée par les élus verts parisiens comme une « décision ministérielle unilatérale ». Les élus du groupe Europe Écologie-Les Verts (EELV) regrettent « l’absence totale de concertation avec les collectivités locales propriétaires des réseaux ». « En tant que propriétaire du réseau électrique et des compteurs, la Ville de Paris doit avoir voix au chapitre », souligne le cabinet de Denis Baupin, maire-adjoint de Paris.

Les nouveaux compteurs électriques piratés

Autre point de friction entre la capitale et l’État, « les impératifs de préservation de la vie privée et de la liberté des citoyens ». Cette crainte est-elle justifiée vis-à-vis de compteurs jugés intrusifs ? Début janvier, en Allemagne, deux hackers ont démontré qu’il était possible d’intercepter les données transitant entre un compteur de nouvelle génération et la compagnie d’électricité [2]. Selon The Hacker News, les deux hackers étaient en mesure, après avoir analysé les données, de connaître le nombre d’ordinateurs ou de téléviseurs dans la maison, le programme de télévision regardé, et si le film DVD en cours de lecture était protégé ou non par un copyright !

Certes, ce piratage ne porte pas sur un compteur Linky, mais sur un compteur électrique intelligent d’origine allemande, rappelle le service de presse ERDF, qui gère le réseau électrique. Le protocole de communication utilisé par le Linky serait différent du modèle hacké par les pirates allemands. La Mairie de Paris souhaite néanmoins que le gouvernement réexamine le cahier des charges adopté. Et elle n’est pas la seule.

EDF vs collectivités locales

Autres oubliées de la concertation, les collectivités locales. Propriétaires des réseaux de distribution d’électricité (hors lignes à haute tension) et des compteurs électriques, elles en ont délégué l’exploitation à ERDF sur 95 % du territoire sous forme de concessions [3]. Dès novembre 2010, le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication (Sipperec), qui réunit 100 collectivités franciliennes, engage un recours gracieux [4] auprès du Premier ministre. Le Sipperec n’accepte pas la généralisation du compteur « sans que le diagnostic ne soit partagé par tous les acteurs ». Le recours est aujourd’hui dans l’attente d’un jugement du Conseil d’État.

Les propos d’Henri Proglio, le 8 novembre dernier dans un entretien au Parisien, ont ravivé la polémique sur la propriété des compteurs. La réglementation doit être « revue afin de garantir pour mon entreprise un retour sur investissement , affirme le PDG d’EDF. Pour cela, il me semble normal de considérer que le nouveau compteur Linky m’appartient. » Une déclaration qui n’est pas du goût de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). « ERDF est concessionnaire, exploitant d’un réseau appartenant aux collectivités locales, qui le lui « prêtent » dans le cadre de contrats de concession », rappelle la fédération. Quant au retour sur investissement, Henri Proglio n’a pas à s’inquiéter : le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité lui garantit une rémunération annuelle de 7,25 % !

Linky = 4 000 emplois supprimés ?

À la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME CGT), on s’inquiète de l’impact de ce déploiement pour les salariés d’ERDF. « Le gouvernement confie le déploiement et le financement de Linky à ERDF, et affirme que le nouveau compteur sera gratuit pour l’usager, renvoyant son financement à des gains de productivité réalisés par le distributeur public, indique la FNME CGT. Cela ne doit pas se traduire par des suppressions d’emplois et la dégradation des conditions de travail pour les salariés de l’entreprise. » Or, plus de 4 000 emplois de techniciens clientèle pourraient être supprimés, rappelle le syndicat. « Le recours à la sous-traitance doit être exceptionnel, car il est reconnu par la direction d’ERDF elle-même que sous-traiter revient plus cher que de faire réaliser les travaux par ses propres équipes », avertit la CGT. Ici comme à SUD Énergie, on s’oppose d’ores et déjà aux utilisations anti-sociales qui pourraient être associées à la mise en œuvre du compteur. Ce dernier, désormais doté d’un moyen de coupure télécommandé, pourrait fortement simplifier la tâche pour les impayés… [5]

Le PDG d’EDF évalue le coût unitaire du compteur « entre 200 et 300 euros par foyer », largement au-delà de l’estimation qui avait été faite lors de l’annonce de la généralisation du dispositif (120 euros). « Le consommateur risque de payer deux fois s’il veut agir sur sa consommation », regrette Catherine Dumas, directrice générale adjointe du Sipperec. Le consommateur va d’abord payer le changement de compteur. « S’il veut pouvoir agir sur sa consommation et faire des économies, il faudra qu’il paye une deuxième fois, côté fournisseur, des services pour maîtriser sa consommation », relève le Sipperec. « Ce compteur va être certainement très utile à ERDF pour mieux gérer le réseau, mais nous relevons de nombreuses insuffisances dans [ses] fonctionnalités […] pour le consommateur », résume Catherine Dumas, qui aurait souhaité un peu moins de précipitation de la part du ministère de l’Énergie.

Une pollution électromagnétique supplémentaire ?

Il n’y a pas qu’en France que l’arrivée de compteurs « intelligents » est contestée. « C’est comme les gaz de schiste, ça va trop vite ! » Cette phrase lâchée par une manifestante le 5 février dans la ville de Québec résume bien la situation. Alors que la société d’État Hydro-Québec prévoit d’installer 3,8 millions de compteurs intelligents d’ici à 2017, les manifestations pour exiger un moratoire se multiplient. Des rassemblements se sont tenus le 5 février au Québec. L’enjeu : alerter sur les radiations électromagnétiques émises par ces compteurs nouvelle génération. « Elles constituent un risque qu’on ne sait pas encore mesurer, indique José Levesque, l’un des membres fondateurs de la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique (CQLPE). Nous imposer ça est une grave atteinte à notre liberté de choix. »

Dans le doute, la ville de Saint-Colomban (Québec) a adopté en novembre 2011 une résolution [6] exigeant un moratoire sur l’installation des compteurs intelligents. Elle s’est inspirée de la pétition déposée à l’Assemblée nationale qui a recueilli près de 10 000 signatures. Ses auteurs dénoncent la non-consultation des abonnés, le « coût exorbitant » du remplacement des compteurs électromécaniques actuels ainsi que l’absence d’évaluation des risques sanitaires.

En complément du moratoire, la coalition réclame une commission d’enquête publique et transparente qui évalue le projet dans son ensemble et fasse le point sur les risques liés à l’électropollution. Et la possibilité pour un abonné de faire retirer le nouveau compteur (20 000 appareils ont déjà été installés). De son côté, Hydro-Québec assure que les taux d’ondes émises répondent aux normes recommandées par Santé Canada.

« Plus de rayonnements que les téléphones mobiles »

Les compteurs pointés du doigt au Québec sont les mêmes que les deux millions installés par le distributeur d’électricité PG&E en Californie. Depuis l’installation des compteurs intelligents, de nombreux résidents se disent aux prises avec des problèmes de santé, dont des maux de tête, des bourdonnements d’oreille, des nausées, des acouphènes et des troubles cardiaques. Deux mille plaintes ont été déposées. Des collectifs Stop Smart Meters (Stop aux compteurs intelligents) se sont créés ces derniers mois en Californie et dans une vingtaine d’autres États, multipliant les manifestations et actions de blocage des véhicules de PG&E. « Les nouveaux compteurs dits intelligents émettent plus de rayonnements que les téléphones mobiles », témoigne une militante dans le New York Times. « Avec les téléphones mobiles, vous pouvez choisir de ne pas en avoir, ou de l’éteindre lorsque vous ne l’utilisez pas. Mais avec ce nouveau compteur, vous n’avez pas le choix, c’est de façon constante, on vous l’impose, vous ne pouvez pas l’éteindre. »

Bombardement électromagnétique

Le comté de Santa Cruz, en Californie, a fini par décréter fin janvier un moratoire sur l’implantation de ces compteurs. Cette décision s’appuie sur un rapport [7] commandé en décembre 2011 au médecin Poki Stewart Namkung, l’officier de la santé publique du comté. L’exposition aux radiofréquences serait cumulative, notamment en raison du bombardement croissant auquel toute personne en milieu urbain est désormais la victime involontaire.

Le rapport relève, entre autres effets biologiques reconnus des radiofréquences, « une perméabilité accrue de la barrière hémato-encéphalique du cerveau (Eberhardt, 2008), des effets négatifs sur la qualité du sperme, des lésions de la double échelle de l’ADN qui peuvent déclencher un cancer (Phillips, 2011), l’activation du gène de stress comme s’il réagissait à une toxine (Blank, 2011), ainsi qu’une altération du métabolisme du glucose dans le cerveau (Volkow, 2011) ». Autant d’effets potentiels sérieux qui ont conduit le Dr Namkung à recommander l’application du principe de précaution.

Interdictions d’installation et sanctions financières

Le moratoire adopté par le comté de Santa Cruz s’inscrit dans un mouvement de contestation beaucoup plus large. On compte à ce jour 9 autres comtés et 38 villes en Californie ayant adopté des résolutions qui considèrent illégale l’installation des compteurs intelligents au sein de leur juridiction [8]. Début février, la Commission des services publics de Californie a ainsi autorisé les clients de la société PG&E à refuser l’installation dans leur résidence des compteurs intelligents. Ces clients pourront soit conserver leur ancien compteur analogique, soit accepter l’installation d’un compteur électronique multifonctions dont on aura désactivé l’émetteur qui permet de transférer les données.

Cette décision est néanmoins assortie d’une sanction financière. Alors que le relevé de consommation ne coûtait rien jusque-là, la Commission autorise désormais le distributeur à imposer des frais initiaux de 75 $ et des frais mensuels de 10 $ – respectivement 10 $ et 5 $ pour les personnes à faibles revenus. Le combat est loin d’être terminé puisque de nombreux abonnés sont catégoriquement opposés à payer ces frais qui, disent-ils, reviennent à de l’extorsion de fonds. Environ 90 000 abonnés ont déjà indiqué à la société PG&E qu’ils refusaient l’installation des compteurs intelligents chez eux.

« Aux Pays-Bas, on est davantage en avance dans le dossier car les citoyens peuvent, sur une base volontaire et sans pénalité, conserver les compteurs mécaniques », rapporte la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique. Selon The Telegraph, la Grande-Bretagne songerait, elle aussi, à permettre aux usagers de se retirer de son programme de modernisation des compteurs. Bien que le gouvernement britannique projette l’installation de 53 millions de compteurs intelligents entre 2014 et 2019, le mouvement ralentit du fait des craintes des usagers relatives aux radiofréquences. Le ministre de l’Énergie, Charles Hendry, a ainsi récemment déclaré que le gouvernement « ne rendrait pas les compteurs intelligents obligatoires ».

Une technologie en France non exempte de risques sanitaires

En France, des associations comme Robin des toits et Next-Up s’inquiètent des effets potentiellement nocifs sur la santé en raison des ondes émises par les nouveaux compteurs électriques. Certes, les technologies utilisées aux États-Unis et au Canada pour permettre la communication du compteur sont différentes de celles utilisées en France. « Aux États-Unis, précise Étienne Cendrier, porte-parole de Robin des toits, les nouveaux compteurs ne fonctionnent qu’avec des radiofréquences. En France, on va essentiellement passer par du CPL, c’est-à-dire du courant porteur en ligne. » Les données émises par le compteur seront donc transportées via les lignes électriques existantes.

Mais la technologie CPL, qui superpose au courant électrique alternatif de 50 Hz (hertz) un signal à plus haute fréquence, n’est pas exempte de risques sanitaires car les câbles électriques actuels ne seraient pas aux normes CPL. « Les câbles du réseau électrique n’ont pas été conçus à l’origine pour transporter des signaux hautes fréquences, précise l’association Next-Up. Si ERDF veut déployer le Linky, elle doit installer des câbles blindés qui n’irradient pas de hautes fréquences. » Autre solution alternative préconisée par Robin des toits : le raccordement du parc de compteurs actuels en filaire ou en fibre optique.

Totale absence d’études…

Une fois rassemblées dans un concentrateur, les données sont ensuite envoyées à un centre de traitement par la norme GPRS, la même que celle utilisée dans la téléphonie mobile. Or, les ondes électromagnétiques viennent d’être classées par l’Organisation mondiale de la santé dans la catégorie 2B, c’est-à-dire « des agents peut-être cancérigènes pour l’homme ». « À l’occasion de l’expérimentation menée par ERDF en Indre-et-Loire, plusieurs personnes sur place se sont plaintes de nuisances, relève Étienne Cendrier. C’est de l’ordre du déclaratif, mais aucune étude d’impact sanitaire n’a été menée pour approfondir cette question. »

Craignant la mise en danger des personnes électrosensibles, Robin des toits n’envisage pourtant pas de se tourner vers l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, en vue de mener des tests sur les compteurs et concentrateurs installés. Car, depuis la publication du rapport sur les radiofréquences, en octobre 2009, rien n’a été fait dans ce domaine par cette agence. Contactée par Basta !, l’Anses n’a pas été en mesure d’apporter des précisions sur ce thème. « C’est une véritable course de lenteur », dénonce Étienne Cendrier. Ce manquement total au principe de précaution a conduit Robin des toits à déposer fin 2011 un recours au Conseil d’État, qui dispose d’un an pour l’examiner. Avec le compteur Linky, Éric Besson s’apprête à refiler un cadeau empoisonné au prochain gouvernement.

Sophie Chapelle

Notes

[1] Lire à ce sujet Le Nouveau Compteur électrique Linky : plus cher, plus intrusif, mais pas écologique.

[2] Dario Carluccio et Stephan Brinkhaus ont présenté les résultats de leurs recherches à l’occasion de la 28e édition du Chaos Computing Congress, le rendez-vous annuel de la scène hacker internationale.

[3] Selon l’article L 322-4 du code de l’énergie.

[4] Ce recours est aussi engagé par le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (Sieil), où s’est déroulée une partie de l’expérimentation du compteur Linky menée par ERDF.

[5] Lire à ce sujet Le compteur électrique « intelligent » : outil écolo ou mouchard social ?.

[6] Lire la résolution adoptée par la Ville de Saint-Colomban au Québec

[7] Lire le rapport (en anglais).

[8] Voir la liste mise à jour sur le site Stop Smart Meters.

(bastamag.net)

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[Fraudons tant qu’il le faut] La carte Vitale biométrique, une arme anti-fraude non consensuelle

La carte Vitale peut-elle devenir biométrique, pour lutter contre la fraude, à l’image des nouveaux passeports ? L’idée a été lancée jeudi par Nicolas Sarkozy, à la satisfaction des industriels des données sécurisées, mais elle pourrait se heurter à une forte opposition.

« Nous allons transformer la carte Vitale comme nous avons transformé le passeport et la carte d’identité avec le système biométrique », a déclaré le président sortant sur RMC et BFM-TV.

Le but est de pouvoir identifier avec certitude l’assuré social –par exemple par ses empreintes digitales — et de limiter l’utilisation abusive de cartes volées ou prêtées pour obtenir soins ou médicaments.

Le projet avait été débattu l’an dernier, au cours de consultations sur la fraude sociale menées pendant des mois par la Mission d’évaluation des comptes de la sécurité sociale (Mecss) de l’Assemblée nationale.

Mais les propositions du rapport de la Mecss, qui devaient être unanimes, n’ont fait état que d’une carte « sécurisée » et non biométrique car cette idée de l’UMP n’avait pas été acceptée par les députés de l’opposition au sein de la commission.

Actuellement il existe deux types de cartes Vitale: celles de première génération, sans photo, sont progressivement remplacées –en cas de perte notamment — par celles de deuxième génération, avec photo.

Dans le rapport de la Mecss, le rapporteur Dominique Tian, député UMP des Bouches-du-Rhône, note que « le déploiement de la nouvelle version de cette carte est insuffisant et le processus est lui-même peu sécurisé puisque l’envoi de la photographie se fait simplement par courrier ».

« Le seul mode de protection d’un système santé est l’infrastructure technologique: il faut que réseaux, cartes, systèmes soient conçus pour empêcher la fraude sans qu’il y ait besoin d’une intervention humaine », avait témoigné devant la Mecss Georges Liberman, pdg de Xiring, une société désormais filiale d’Ingenico.

La mise en place d’une carte biométrique n’aurait-elle pas un coût prohibitif vu l’importance du déficit de l’assurance maladie ? Selon M. Tian « le coût d’éléments biométriques dans une carte Vitale est marginal et ne représente que quelques dizaines de centimes », pour un coût total par carte de 3 euros, a-t-il dit à l’AFP.

En revanche, chaque terminal de lecture des cartes devant équiper les cabinets médicaux, pharmacies, hôpitaux et cliniques coûterait « plusieurs centaines d’euros », a ajouté M. Tian, en se référant aux renseignements obtenus pour la rédaction de son rapport.

L’installation peut toutefois être progressive et concerner d’abord par exemple les établissements de santé, qui délivrent les soins les plus coûteux pour l’assurance maladie, suggère M. Liberman, qui indique également que des capteurs d’empreintes peuvent toujours, dans un premier temps, être installés sur des terminaux existants de lecture des cartes.

En clair, un tel projet serait accueilli à bras ouverts par la filière française des données sécurisées, très bien placée sur le marché mondial.

« Ce serait un projet de stratégie industrielle », a indiqué M. Liberman à l’AFP.

Reste à savoir si le contrôle d’identité des assurés sociaux serait aussi bien accueilli par le personnel médical qui n’aime généralement pas se voir assigner ce genre de tâches, perçues comme « policières ».

« Culturellement, je ne vois pas les professions de santé utiliser ce mode d’identification », a déclaré à l’AFP le président du syndicats de médecins généralistes MG France Claude Leicher.

L’assurance maladie estime que la fraude à son encontre représente 1% de ses dépenses, soit environ 1,5 milliard d’euros. Mais la fraude qu’elle réussit à détecter est bien inférieure.

(AFP)

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[Occupons les medias bourgeois] Le studio de France Inter envahi en direct par des anti-nucléaires

Le studio de France Inter a été brièvement envahi dimanche matin par des manifestants anti-nucléaires qui ont fait irruption pendant l’émission de Stéphane Paoli, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Les manifestants, au moins un jeune homme et une jeune fille à l’écoute de l’antenne, se sont distinctement prononcés « pour l’arrêt du nucléaire » en ce jour anniversaire de la catastrophe de Fukushima au Japon.

Le journaliste leur a vainement intimé de « sortir immédiatement du studio ».

L’algarade a commencé vers 12h10 et a duré plusieurs minutes en direct.

« Ce sont de jeunes manifestants… On ne prend pas l’antenne comme ça », a expliqué Stéphane Paoli en comprenant qu’il était resté à l’antenne tout le temps.

« Eh bien tout le monde est témoin de ce qui vient de se passer, c’est du direct. Fermons le ban », a-t-il conclu.

L’opération n’a pas été revendiquée.

(AFP)

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[High-voltage] Cotentin-Maine, une ligne électrique sous très haute tension

Manche, envoyée spéciale – A perte de vue, ce sont des champs délicatement vallonnés, des vaches et moutons qui pâturent paisiblement, et de coquettes maisons aux toitures en ardoises et façades de pierres. Mais en plein cœur du bocage normand, des pelleteuses et foreuses sont aussi à pied d’œuvre, depuis plus de deux mois, sur une centaine de chantiers. Car le massif armoricain va accueillir, à partir de début 2013, la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine, qui doit relier le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville au réseau électrique national.

Avec 414 pylônes et 163 km de ligne courant sur 64 communes de quatre départements (Calvados, Manche, Ille-et-Vilaine et Mayenne), le chantier pour acheminer ces deux circuits de 400 000 volts est colossal, mobilisant 40 entreprises, jusqu’à 900 salariés au plus fort de l’activité, pour un budget global de 350 millions d’euros.

ACTIONS DE DÉBOULONNAGE

« On a déjà réalisé des ouvrages de cette ampleur et on travaille avec des entreprises dont c’est la spécialité, comme Eiffage ou Vinci, relativise Jean-Michel Ehlinger, responsable du chantier pour RTE (Réseau de transport d’électricité), la filiale d’EDF qui gère les lignes à haute et très haute tension. On a commencé à couler les fondations d’une partie des pylônes. Il faudra ensuite les assembler, les dresser et, d’ici à la fin de l’année, dérouler les câbles électriques par hélicoptère. »

 

Les ouvriers ont commencé à réaliser les fondations des pylônes de la THT Cotentin-Maine.

Les ouvriers ont commencé à réaliser les fondations des pylônes de la THT Cotentin-Maine.Audrey Garric/Le Monde.fr

Si, sur le papier, la technique semble rodée, dans la pratique, le début des travaux de cette autoroute de l’électricité ne s’avère pas de tout repos. A plusieurs reprises, des chantiers ont été bloqués par quelques dizaines de militants opposés au projet, quand ce ne sont pas des riverains qui menaient plus discrètement, de nuit, des actions de déboulonnage de pylônes. « Ces actions sont illégales et dangereuses, tant pour les militants que pour les ouvriers, regrette Jean-Michel Ehlinger. On a porté plainte, car elles nous font perdre du temps et de l’argent. »

« BALAFRE » SUPPLÉMENTAIRE

Les adversaires au projet, RTE les connaît bien. Le combat qui oppose certains riverains au distributeur d’électricité ne remonte pas à hier : dès son lancement, en 2006, la ligne THT a été mal reçue. Pourtant, ce n’est pas faute pour RTE d’avoir redoublé d’arguments : au-delà d’acheminer l’électricité du futur EPR, dont la mise en service est prévue en 2016 – avec quatre ans de retard –, « la ligne THT raccordera aussi au réseau les éoliennes offshore en construction en Bretagne, sécurisera l’alimentation du grand Ouest, connu pour sa fragilité en cas de grand froid, et enfin anticipera l’augmentation régulière de la consommation », égrenne le directeur du projet, Philippe Rémy, tout en assurant que le groupe a mené 4 000 réunions de concertation en six ans.

Mais rien n’y fait, le scepticisme reste de mise dans la région. Elle semble bien loin, l’époque où l’arrivée d’un pylône, symbole du rattachement au réseau électrique, était fêté dans les campagnes, et où l’annonce de nouvelles infrastructures nucléaires dans la région (deux réacteurs, le futur EPR, un centre de retraitement des déchets) était perçue comme une garantie de développement économique. Aujourd’hui, les habitants voient dans le projet une « balafre » de plus dans un paysage déjà meurtri par deux autres lignes de 400 000 volts, une de 225 000 V et huit de 90 000 V.

 

Le tracé de la ligne à très haute tension Cotentin-Maine.

Le tracé de la ligne à très haute tension Cotentin-Maine.

CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SANITAIRES

« On craint les conséquences économiques, en raison de la dévaluation immobilière et de la perte d’attractivité touristique, livre Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne, qui refuse de voir son village de 310 âmes, au centre de la Manche, hérissé de six imposants pylônes – entre 45 et 65 mètres de hauteur. Mais ce qui nous inquiète le plus, ce sont les conséquences sur la santé pour les hommes et les animaux, d’autant que la Normandie est une région au sol humide, qui favorise la circulation de l’électricité. »

Depuis trente ans qu’il est traversé de nord en sud par une ligne de 400 000 volts, le Cotentin foisonne en effet de témoignages autour de la nocivité supposée des lignes électriques. En cause : les champs magnétiques de fréquence extrêmement basse (50 Hz), générés par le passage du courant dans les câbles, qui ont ont été classés « cancérogènes possibles pour l’homme » en 2002 par l’Organisation mondiale de la santé. Si aucun lien de causalité n’a pu être prouvé entre l’exposition à une ligne THT et l’augmentation des cas de leucémie infantile observée, les riverains se plaignent régulièrement de stress, nervosité, irritabilité et insomnies.

>> Lire : « Les effets sanitaires des lignes THT en question » et « J’ai vécu six ans sous une ligne à très haute tension »

ARRÊTÉS « ANTI-THT »

Par crainte de voir ces problèmes aggravés, la population organise dès 2006 la résistance à la nouvelle ligne THT. « Touche pas à Chevreville », « Pas de THT sous les pommiers », « Percy-sous-tension » : les associations fleurissent tout au long du tracé, regroupées dans le collectif interrégional Stop-THT.

Du côté des communes, un collectif d’élus voit le jour, coordonné par Jean-Claude Bossard. Lorsque l’enquête d’utilité publique est menée, entre 2007 et 2008, 70 % des maires se déclarent défavorables au passage de la ligne sur leur territoire. Sur les 64 communes concernées, 35 prennent même des arrêtés municipaux « anti-THT », en 2008, afin d’empêcher la présence de pylônes à moins de 500 mètres des habitations et 300 mètres des élevages.

ABSENCE D’ÉTUDE ÉPIDÉMIOLOGIQUE

Mais dans ce « combat du pot de terre contre le pot de fer », comme ils aiment à le surnommer, les élus locaux sont vite terrassés par la force de frappe de RTE. Les arrêtés sont rapidement annulés par les tribunaux administratifs de Caen, Rennes et Laval. « Selon la justice, le sujet relève de la compétence de l’Etat qui, rappelons-le, est l’actionnaire majoritaire d’EDF, et non des maires, alors que ces derniers ont obligation de prévenir les risques naturels et technologiques sur leur commune », regrette Jean-Claude Bossard. Seul l’arrêté du Chefresne ne sera pas annulé. « Un oubli », suppose le maire.

 

Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne et l'un des plus farouches opposants à la ligne THT.

Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne et l’un des plus farouches opposants à la ligne THT.

En juin 2010, les opposants au projet perdent une seconde manche, décisive : la déclaration d’utilité publique de la ligne Cotentin-Maine est publiée au Journal officiel, sans tenir compte de l’avis de la commission d’enquête publique. Les onze commissaires demandaient la réalisation d’une étude épidémiologique, sur le plan sanitaire, ainsi qu’une étude sur la faisabilité de l’enfouissement partiel de la ligne, sur le plan environnemental. Or, aucune de ces deux demandes n’a été satisfaite.

« Les autorités sanitaires ont estimé que les études épidémiologiques n’étaient pas suffisamment représentatives, se défend Philippe Rémy, de RTE. Quant à l’enfouissement, nous n’avons pas retenu cette option pour des raisons techniques : aujourd’hui, nous ne savons pas enterrer des lignes double circuits de 400 000 V en courant alternatif. » Surtout, l’enfouissement multiplierait le budget de la ligne – 200 millions d’euros pour sa seule construction – par six ou huit. Or, sur ce projet, RTE a déjà largement mis la main à la poche, avec une enveloppe de 100 millions d’euros de « mesures d’accompagnement » destinées aux communes, riverains et agriculteurs.

« ARROSAGE » DES COMMUNES

A l’issue d’un marathon administratif de cinq ans, c’est l’argent de RTE qui a achevé de convaincre les plus récalcitrants. L’entreprise a d’abord déboursé 20 millions d’euros au titre du plan d’accompagnement du projet (PAP), de l’argent versé aux communes pour qu’elles puissent mener des projets en contrepartie du passage de la ligne sur leur territoire. L’effet persuasif est immédiat : sur les 35 communes qui étaient fermement opposées à la ligne, seules cinq ont refusé le PAP et continuent aujourd’hui à résister – le Chefresne, Chèvreville, Buais, Boisyvon et Heussé.

« Même si le PAP est légal, il revient à arroser les maires pour les acheter. Quand RTE propose entre 100 000 et 500 000 euros à des villages comme le mien, au budget annuel de 150 000 euros, il est très difficile de dire non », se désole Jean-Claude Bossard. Pour compenser son refus de l’enveloppe de RTE, ce maire écologiste a entrepris de monter un projet de revente de l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques installés sur les toits de l’église. Mais il reconnaît que le sujet a été « houleux » lors des séances du conseil municipal.

Autre « aide » du distributeur d’électricité : RTE, qui suit une recommandation officielle, va racheter certaines des maisons situées dans la bande de 100 mètres de part et d’autre de la ligne, une première en France. Une soixante de propriétaires ont accepté, sur les 135 habitations concernées, pour des montants allant de 25 000 à 700 000 euros. Les logements devraient être revendus en-dessous des prix du marché, mais en contrepartie d’un engagement à ne pas attaquer RTE en cas de problèmes. Une indemnité sera aussi versée pour les maisons situées à moins de 200 mètres de la ligne et souffrant d’un préjudice visuel.

AIDES AUX AGRICULTEURS

Mais ceux que RTE choie le plus, ce sont les agriculteurs. Alors que les lignes passent le plus souvent au-dessus de leurs champs, il est fréquent qu’il y ait des problèmes. C’est le cas de Thierry Charuel et Dominique Vauprès, deux éleveurs situés dans la commune d’Isigny-le-Buat, tout près de l’un des pylônes de la ligne de 400 000 volts existante. « Depuis que je me suis installé ici, mes 60 vaches laitières sont stressées et ont développé 150 à 200 cas de mammites par an, alors que la norme est de 30. Le lait, de mauvaise qualité, nous est payé moins cher, témoigne Thierry Charuel, sous le regard approbateur de son voisin, affecté par les mêmes problèmes. Entre les frais vétérinaires et d’antibiotiques et le manque à gagner sur le lait, mes pertes s’élèvent à 20 000 euros par an. »

 

Les éleveurs Thierry Charuel et Dominique Vauprès rencontrent des problèmes dans leur exploitation du fait de la proximité avec une ligne THT.

Les éleveurs Thierry Charuel et Dominique Vauprès rencontrent des problèmes dans leur exploitation du fait de la proximité avec une ligne THT.

Seulement, jusqu’à il y a quelques années, ces frais n’ont pas été à la charge des agriculteurs mais… de RTE. L’entreprise a en effet créé, en 1999, le Groupe permanent de sécurité électrique (GPSE), destiné à résoudre « un certain nombre de problèmes pathologiques vétérinaires pouvant être liés aux manifestations électriques », comme l’indique son site Internet. « On a appelé RTE, qui nous a proposé de souscrire le protocole et de signer une clause de confidentialité. Des agents ont alors réalisé des travaux dans nos installations, et ont pris en charge différents frais, comme les dépenses vétérinaires ou le contrôle de la performance du troupeau. Nos résultats se sont un peu améliorés, mais restent néanmoins inférieurs à la moyenne », raconte Dominique Vauprès.

Au total, ce sont des « centaines de milliers d’euros » indirectement versés par RTE pour chaque agriculteur pendant plusieurs années. « Pourquoi nous ont-ils donné autant d’argent s’ils ne se sentent pas responsables ? », s’interrogent les deux éleveurs qui, après avoir résilié le protocole, comptent porter plainte contre l’entreprise, qui selon eux, « maintient sous perfusion beaucoup d’agriculteurs en échange de leur silence ».

« Quand il y a une difficulté, on cherche à en comprendre la cause. On finance donc des actions pour trouver des solutions, justifie Philippe Rémy. Beaucoup de fermes à proximité des lignes n’étaient pas aux normes, notamment la mise à la terre n’était pas faite ni l’équipotentialité. » RTE reconnaît que des courants électriques vagabonds, transmis par les structures métalliques des fermes, peuvent déstabiliser et stresser les animaux, mais refuse tout lien entre champs magnétiques et maladies.

RECOURS DEVANT LE CONSEIL D’ÉTAT

Aujourd’hui, avec le début des travaux de la ligne Cotentin-Maine, le mouvement d’opposition s’est certes durci, mais aussi essouflé, reconnaissent les associations de riverains. « Beaucoup d’habitants pensent qu’il ne sert plus à rien de se battre, puisque RTE nous a prouvé qu’elle avait de l’argent pour acheter tout le monde », regrette Géraldine Tallec, vice-présidente de l’association Percy-sous-tension.

Néanmoins, la poignée d’irréductibles espère toujours voir le chantier interrompu, ou même la ligne démontée après sa mise en service, si l’un des six recours qui ont été déposés devant le Conseil d’Etat en 2010 – dont l’un par Pierre Méhaignerie, ancien garde des Sceaux et député-maire UMP de Vitré (Ille-et-Vilaine) – devait aboutir. « Si nous échouons encore, notre dernière chance pour obliger l’Etat à mener une étude épidémiologique indépendante et éviter un scandale sanitaire de l’ampleur de celui de l’amiante sera de nous tourner vers l’Europe », conclut Jean-Claude Bossard.

(lemonde.fr)

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Manifestation dimanche 11 mars à Paris pour l’arrêt immédiat du nucléaire

Paris (75), 14h30 à la Gare du nord

Un an après le début de la catastrophe

Nous étions jeunes quand la catastrophe de Tchernobyl a eu lieu. Nous avons grandi avec tous les cancers, toutes les malformations qu’ont encore à subir les populations de là-bas. Nous avons grandi avec cette idée que des pans entiers de territoires seraient sacrifiés, presque à jamais, pour les besoins de l’industrie atomique.

Nous aurions pu oublier cette catastrophe, oublier qu’un des 58 réacteurs français pouvait à son tour exploser, à Lyon, Toulouse, Paris ou Bordeaux.

Ce qui arrive aux japonais, nous arrive également. C’est notre bouffe qui est empoisonnée, ce sont nos frères et nos sœurs qui tentent d’atténuer les conséquences de la catastrophe en cours. Près de 400 000 personnes sont déjà intervenues sur les réacteurs de Fukushima-Daïchi — ce sont nos amis, nos proches, qui sont voués à mourir à petit feu. Les frontières, les milliers de kilomètres ne sont pas des obstacles à notre empathie. Il n’y a pas d’exotisme de la situation japonaise : car c’est une société nucléarisée, comme la nôtre.

Le fonctionnement ordinaire de l’industrie nucléaire exige déjà, ici, des sacrifices humains. Nous ne pouvons nous empêcher de penser aux travailleurs précaires du nucléaire, aux cheminots qui convoient les trains de matière radioactive, à leur exposition constante aux rayonnements ionisants. En France nous parlons au bas mot de 30 000 personnes. La catastrophe ne fait qu’élargir le nombre de personnes affectées.

Avec Fukushima, une brèche ne s’est pas seulement ouverte dans les réacteurs. Elle s’est ouverte aussi au fond de nous, résonnant avec l’horreur, nous poussant à agir, tenter de lutter. Nous ne parlons pas en experts, en spécialistes de la chose, ce que nous ressentons est des plus commun : peur et colère. L’urgence devient vitale. Souvent, l’impression qu’aucun changement n’est possible nous tétanise. L’industrie nucléaire a pourtant une infrastructure publique et privée. Elle porte le nom d’Areva, Vinci, Bouygues, GDF-Suez, EDF, du CEA, de l’école des Mines. Des noms familiers, des noms que l’on retrouve facilement ailleurs. Oui, le nucléaire est une affaire d’experts qui font sereinement des plans du haut de leurs tours. La tranquillité du débat français —qui porte essentiellement sur la manière dont l’économie française pourra supporter le passage à d’autres techniques de production d’électricité— a quelque chose de surréaliste. Les apprentis-sorciers de l’économie discutent gentiment avec les savants fous du nucléaire. Avec eux, tout est hors contrôle.

Nous, pas plus que nos parents, n’avons choisi ce délire. La lutte contre le nucléaire, son histoire, s’inscrit, en revanche, dans cette volonté de faire valoir notre capacité commune à discuter explicitement de nos besoins et à inventer nos manières d’habiter, de partager, de travailler, de vivre.

Aujourd’hui, l’avenir que projette toutes les élites est celui d’un capitalisme vert, austère, sécuritaire, aux frontières fermées. Une pression jamais égalée sur les individus est la seule réponse qu’autorise l’économie délirante. Nous refusons de peser nos poubelles, de contrôler nos voisins, de devenir les managers stressés de notre capital humain et écologique. Nous voulons que s’organise la rupture avec un système qui se nourrit de la concurrence de tous, de surconsommation et de toujours plus de destruction. C’est ce système qui est parasite : pas la solidarité, l’entraide et la construction consciente.

Malheureusement, face à la crise économique et écologique, nous réagissons massivement comme des bêtes qui voudraient traverser un autoroute : fascinés par les phares, nous attendons d’être écrasés. En ce moment, comme d’autres, nous nous demandons comment détourner le regard et bâtir une passerelle.

Ce qui se passe en Grèce ces jours-ci, le cynisme avec lequel, au Japon, la continuité de l’économie a été privilégiée sur l’évacuation des populations devrait tous nous inciter à essayer de reprendre prise sur la situation qui nous est faite. Il est grand temps de rompre avec une économie qui ne survit que par l’endettement. Endettement vis-à-vis du futur ; endettement vis-à-vis de la nature. Car nous payons sans cesse la note.

Nous n’avons pas de solution miracle. En revanche nous savons que la première nécessité est celle de la solidarité. D’une solidarité qui permette de mieux articuler —au lieu de les opposer— les sabotages, les actions de masse et la réflexion sur d’autres modes de production. Se redonner du courage, à travers des actions et un soutien inconditionnel de tous, pourrait nous permettre de sortir de l’impasse présente. Ce qu’il s’ est passé à Valognes nous l’indique, ce qu’il se passe au Japon l’exige de nous.

Pour le 11 mars, nous appelons, à Paris, à une manifestation qui partira de la gare de Nord à 14h pour dénoncer les convois de trains de matières radioactives traversant fréquemment la région parisienne. Nous appelons ceux qui le veulent à s’habiller de tenues blanches et de masques blancs, à se parer de tenues qui évoquent celles des nettoyeurs anonymes employés dans les centrales nucléaires, de Fukushima à Paris.

Assemblée francilienne contre le nucléaire (apresvalognes arobase yahoo point fr)

Prochaine assemblée le mercredi 21 mars 2012 à 19h00

(au CICP 21ter, rue Voltaire, 75011 Paris. Métro Rue des Boulets) 

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[No TAV] Sabotages sur les lignes SNCF : la piste d’opposants au TGV Lyon-Turin étudiée

La piste d’opposants au projet de TGV Lyon-Turin est explorée pour retrouver les auteurs des actes de sabotage survenus samedi sur les lignes SNCF près de Chambéry qui ont perturbé la circulation des trains vers les stations de ski, a-t-on appris dimanche 4 mars auprès du parquet.

« Une inscription ‘No TAV’ [« treno alta velocità » : train à grande vitesse], semble-t-il récente, a été relevée à proximité de l’un des endroits sinistrés, mais rien ne nous permet de faire le lien avec l’incendie des câbles électriques », a précisé dimanche le procureur de la République de Chambéry, Jean-Pierre Valensi. Le tag relevé sur une armoire électrique, à Bourgneuf, pourrait faire référence à un mouvement populaire né dans la vallée de Suse en Italie et opposé au projet de construction de la nouvelle ligne à grande vitesse Lyon-Turin. « Il s’agit d’un acte de sabotage et non de vol de cuivre », avait affirmé samedi le colonel de gendarmerie Jean-Claude Gin.

CENT TRAINS RALENTIS

Samedi, jour de chassé-croisé entre vacanciers, cent trains dont 60 TGV avaient été ralentis après l’incendie de câbles électriques, entre 5 heures et 6 heures du matin sur trois communes proches de Chambéry. Les retards des TGV, qui n’avaient pas dépassé une heure selon la SNCF, s’étaient résorbés en fin d’après-midi après des travaux de réparation.

Jeudi, à Lyon, des opposants au TGV Lyon-Turin avaient endommagé des caténaires entre les gares de Jean-Macé et de Perrache, dans le centre-ville, bloquant la circulation des trains durant une heure et demie. Dans le nord de l’Italie, à Chianoccho, treize membres des forces de l’ordre ont par ailleurs été blessés jeudi au cours d’affrontements avec des opposants au TGV Lyon-Turin qui avaient bloqué une fraction d’autoroute pendant plusieurs jours. Il y a un an, en pleines vacances de février, environ 30’000 voyageurs avaient été stoppés plusieurs heures après un acte de vandalisme commis par un cheminot retraité sur la ligne Chambéry – Bourg-Saint-Maurice.

(AFP)

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[D.I.Y.] Comment extraire son ADN à la maison

Avec des ustensiles que tout le monde a chez lui, il est possible d’extraire son ADN. Voici ce qu’il vous faut : de l’eau, du sel, du liquide vaisselle, de l’alcool, du colorant alimentaire et votre salive. Cette vidéo signée NOVA/PBS vous montre comment faire :

On entend beaucoup parler d’ADN, on a vu beaucoup de représentation graphique, mais on ne le voit jamais vraiment. Et le voilà, ce long fil blanc dans un verre en plastique.

Par contre, pour analyser votre ADN, il vous faudra un peu plus de matériel et au moins 75€. Moi, je vais me contenter de regarder ma génétique.

(gizmodo.fr)

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[Retour à Valogne] Un nouveau convoi de déchets arrive en France

Un train transportant des déchets radioactifs néerlandais doit partir ce mardi des Pays-Bas. Il a pour destination finale Valognes (Manche) qu’il devrait rejoindre jeudi selon le réseau Sortir du nucléaire, qui appelle à des manifestations tout au long du trajet du convoi.

Un nouveau convoi de déchets nucléaire devrait traverser la France

Un nouveau convoi de déchets nucléaire devrait traverser la France

Nouvelle polémique en perspective. Alors que le nucléaire ne cesse de faire jaser depuis la catastrophe de Fukushima (Japon), il y a tout juste un an, un train transportant des déchets radioactifs néerlandais devrait s’acheminer en France ce jeudi. Ce convoi doit en effet quitter ce mardi les Pays-Bas pour rejoindre jeudi Valognes (Manche). C’est ce qu’indique ce lundi le réseau Sortir du nucléaire. Le collectif entend faire part de son désaccord et appelle donc à des manifestations tout au long du trajet. Plus précisément, le train, qui transporte « du combustible usé néerlandais hautement radioactif », devrait quitter Borssele (Pays-Bas) ce mardi, avant de traverser une partie des Pays-Bas, de la Belgique et douze départements français. Il s’agit du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Aisne, de l’Oise, de la Seine-et-Marne, de la Seine-Saint-Denis, du Val d’Oise, des Yvelines, de l’Eure, de la Seine-Maritime, du Calvados et de la Manche, affirme Sortir du nucléaire dans un communiqué.

Le train chargé de déchets radioactifs devrait entrer sur le territoire français ce mardi aux alentours de 22 h 20, pour arriver à Valognes jeudi dans la matinée, est-il précisé dans le communiqué. Le collectif ajoute que ce convoi « pourrait transporter jusqu’à 1953 petabecquerel de radioactivité, ce qui est comparable à la radiation totale libérée lors de la catastrophe de Tchernobyl ». Afin de faire réagir les politiques et les populations le réseau Sortir du nucléaire, le syndicat Sud-Rail et le réseau belge « Nucléaire STOP » appellent à un rassemblement mardi à 21 h 15 en gare de Mouscron (Belgique). Le communiqué de Sortir du nucléaire précise en effet que « malgré les risques de ce transport, la population n’est pas informée du passage de ce train. Comme à leur habitude, les autorités et l’industrie nucléaire ont fait le choix du secret et de l’opacité, tenant les élus, les cheminots et les riverains dans l’ignorance la plus totale ».

Pas un cas isolé

D’autres manifestations sont prévues à Tourcoing et Wasquehal (Nord) dans la nuit de mardi à mercredi, puis dans la journée de mercredi à Sequedin (Nord), Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), est-il indiqué sur le site internet de Sortir du nucléaire. Dans son communiqué toujours, le réseau dénonce dans le passage de ce convoi, « à quelques jours seulement du triste anniversaire de la catastrophe de Fukushima », le 11 mars, mais aussi  « l’irresponsabilité des autorités, qui n’ont en rien tiré les conséquences de ce terrible accident nucléaire, en s’entêtant à enfermer la France dans l’impasse atomique ».

Le passage d’un train chargé en déchets radioactifs n’est pas une première en France. En novembre 2011 par exemple des militants antinucléaires avaient déjà tenté d’empêcher un convoi d’arriver à destination. De nombreux affrontements avaient eu lieu avec les forces de l’ordre. Des dizaines de personnes étaient allées jusqu’à s’enchaîner sur les rails pour ralentir le train. Le convoi qui part ce mardi est déjà le troisième d’une série de dix qui devrait traverser la France d’ici à la fin 2013.

(francesoir.fr)

 

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[De l’utilité de refuser la prise d’empreinte digitale] Violeur: confondu avec une technique inédite

Les enquêteurs ont réussi à prélever de l’ADN sur des fiches d’empreintes digitales.

La technique est inédite. Elle a permis aux enquêteurs de confondre un homme soupçonné de plusieurs viols après des mois de traque. La police se trouvait en effet face à une énigme difficile. D’un côté, l’ADN d’un suspect retrouvé sur trois victimes, de l’autre, les empreintes digitales d’un homme qui, à force d’enquête et d’appel à témoins, avait déjà été condamné et donc déjà fiché.

Les fiches d’empreintes digitales

Les enquêteurs ont alors eu l’idée de chercher de l’ADN sur les fiches cartonnées où les empreintes de cet homme avaient été prises, grâce aux cellules de sueur et de peau incrustées dans le papier.

Une première selon Christian Flaesch, directeur de la police judiciaire de Paris : « On a eu un certain nombre de témoignages qui nous ont amené sur une famille et ensuite sur un individu dont on ne disposait pas de l’ADN. On a pu avoir l’accord du juge pour récupérer sa fiche où il avait déposé l’empreinte de ses dix doigts. C’est inédit, », s’est-il réjoui au micro d’Europe1.

Dans l’affaire étudiée par les enquêteurs, la technique a donc été payante. Ils soupçonnaient un Sénégalais de 38 ans d’avoir commis une série de viol fin décembre à Paris et dans l’Essonne. L’homme, incarcéré pour vol en Belgique, pourrait donc être extradé vers la France. Grâce à cette technique inédite, la police judiciaire a en effet la certitude que ce suspect est bien le violeur puisque l’ADN retrouvé sur les victimes correspondait à celui des fiches d’empreintes digitales.

La possibilité de pouvoir confondre un suspect grâce à l’ADN retrouvé sur sa fiche d’empreinte digitale pourrait faire avancer bien d’autres enquêtes non résolues.

(europe1.fr)

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[Avignon] Comment ça nous touche, Fukushima ?

 

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Enjeu électoraliste oblige, la question de l’industrie nucléaire tient le pavé quasi quotidiennement dans les gazettes et autres media qui font la doxa tapis rouge de celle qu’on appelait il y a peu encore : la pensée unique.

Dans ce maelström d’écrits le tamis idéologique n’a pas tout filtré, laissant échapper quelques perles, comme le démantèlement réussi d’une centrale en Angleterre ; ce qui ne manque pas de jeter l’opprobre sur le génie français, laborieusement empêtré depuis 25 ans dans le démantèlement de Brennilis — première centrale ratée de l’Hexagone.

Heureux les hommes, car par delà les océans un ministre de l’industrie prend son courage pour fouler le sol de Fukushima, et proclamer, “gaulois”, que tout est sous contrôle. Malgré les efforts des photographes à faire poser son éminence au premier plan des images, son visage reste méconnaissable, affublé d’un masque à oxygène high-tech dont ne disposent même pas les ouvriers de Tepco. Émissaire du ridicule ce sinistre nous inspire la honte, en méprisant à ce point les mobilisations sur le sol japonais, et l’arrêt là bas de la quasi totalité de la production nucléaire.

Ne soyons pas dupe, il y a fort à croire qu’en homme responsable déguisé, c’est le servile commercial de la firme Areva qui est venu déjouer les périls — un Mox vaut mieux que deux tu l’auras.

Tandis qu’au Niger, la population manifeste à Arlit, réclamant à Areva des retards de salaire et l’assainissement des terrains autour de la mine d’uranium, les communicants occupent le terrain de la non-prolifération, en secouant le vilain spectre d’un Iran barbare.

Sans doute la barbarie ne saurait être tolérée ailleurs qu’en territoire démocrate.

L’industrie nucléaire, où qu’elle se trouve, impose un contrôle sociétal bien aiguisé. Cette extension morbide des mécanismes capitalistes nous la vivons en France, et sans concession. Les candidats aux Présidentielles — écolo compris —, on tous reconduit la filière ; bien conscients de l’impossibilité à briguer le poste s’ils la remettaient en question.

Pantomime discrète des forces en présence.

Il n’empêche, à Bure, en Cotentin, à Fessenheim, dans le sud-est… de nouvelles mobilisations exhalent la vie, démontrant s’il le fallait que nous n’avons plus peur de la sottise, du cynisme, de la violence d’État. Car en vérité, nous sommes déjà morts tous les jours au prix de 58 réacteurs.

Tu n’as encore rien vu sur ton territoire…

L’aveuglement à la française n’a d’égal que la croyance de son peuple dans la reconduction d’un président.

Démantelons dès aujourd’hui, les Japonais nous y encouragent ; car plus que tout ils font la preuve du premier démantèlement nécessaire, celui du mensonge et de la propagande, qui ânnonent que c’est impossible.

Rendez-vous le samedi 10 mars à l’Entrepôt (1 Bd Champfleury – Avignon)

[Avignon mon amour]

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[Stop THT] Trois chantiers perturbés lors de la randonnée au départ de Cerisy

Une douzaine de personnes se sont retrouvées ce 29 février à Cerisy, dans la Manche, pour une « randonnée sous les pylônes ».

Celle-ci s’est déroulée sur la commune voisine de Cametours où les randonneurs et randonneuses ont tout d’abord visité un dépôt où est entreposé du matériel destiné à la construction de la ligne et plus particulièrement des pylônes.

Le petit groupe accompagné d’une vingtaine de gendarmes (dont un véhicule tout terrain) a ensuite rejoint les chantiers des pylônes 136, 137 et 138. La surprise étant de voir, à leur arrivée, les ouvriers décamper dans la précipitation avec armes et bagages, en l’occurence des rouleaux de géotextile utilisé pour la mise en place des accès au chantier. Bref, des chantiers qui ont été arrêtés sans même avoir besoin de les bloquer.

Tout cela sous l’œil amusé de quelques journalistes auxquels fut distribué le texte suivant :

« Ici git un chantier illégal où les pylônes sont montés à vitesse forcée alors que l’EPR de Flamanville n’est pas opérant et ne le sera pas avant des années. Des vigiles sur les lieux, des rondes de gendarmerie pour protéger des intérêts privés : un bel exemple des politiques énergétiques actuelles.

Nous nous élevons contre ce projet car il est néfaste pour la santé des habitants : c’est indéniable ! Mais, surtout, nous nous insurgeons contre ce chantier qui est le symbole de l’incurie de l’État dans la gestion de la production énergétique du pays. Nos dirigeants entendent mieux la voix de certains intérêts privés que celle du peuple.

Nous clamons notre droit à être acteurs de nos vies, de nos projets de société et de la gestion de la production énergétique. Nous luttons localement contre un problème global.

Nous ne voulons pas de cette ligne, notre contestation ne pourra être étouffée. Nous crions juste de plus en plus fort, de plus en plus nombreux, jusqu’à être repris au sérieux. »

Prochains RDV sur le terrain le dimanche 11 mars 2012 :

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Mais aussi du 5 au 13 mars lors des enquêtes publiques destinées à octroyer à RTE l’autorisation de contourner le refus des riverains de signer les conventions de passage et de servitudes

Aussi, le 3 mars 2012, une projection suivie d’un repas à prix libre et d’un débat aura lieu au FJT de Coutances. Il s’agit du documentaire sur l’occupation de la forêt à l’emplacement d’un pylône lors d’une lutte similaire en Catalogne :

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Des randonneurs et randonneuses.

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