[En Vert et contre tous] Parution de « L’Enfer Vert – Un projet pavé de bonnes intentions »

“L’Enfer Vert – Un projet pavé de bonnes intentions” est une étude claire, concise, précise, de la société que nous préparent les écolo-technocrates à partir du cas de Lille Métropole.

L’auteur, Tomjo, rédacteur au journal lillois La Brique, n’était pas né quand Ivan Illich, André Gorz, Bernard Charbonneau, parmi d’autres penseurs de l’écologie politique, mettaient en garde leurs lecteurs contre l’émergence d’un techno-fascisme vert afin de rationaliser et “d’optimiser” la gestion du monde résiduel, en proie à l’effondrement écologique et social.

Ils nous l’avaient pourtant bien dit dans “La convivialité” (1973), “Ecologie et liberté” (1977), ou “Le feu vert” (1980), dont Tomjo cite les plus lucides et cruelles prophéties.

“… Les limites nécessaires à la préservation de la vie seront calculées et planifiées centralement par des ingénieurs écologistes, et la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes. C’est l’option techno-fasciste sur la voie de laquelle nous sommes déjà plus qu’à moitié engagés.” (Ecologie et liberté, 1977)

 

On sait que les écotechs Verts se présentent – à juste titre – comme les meilleurs gestionnaires du système, les plus compétents, les plus experts candidats à la direction de ce Green New Deal qu’ils revendiquent. Bref, la meilleure et peut-être l’ultime chance d’un capitalisme reverdi. Et c’est d’ailleurs une opinion répandue en Allemagne, en Suisse, en Autriche, où leurs représentants, bac +7 et CSP+, fringants ingénieurs, voraces et ivres de bonne conscience, nouent des alliances “décomplexées” et accèdent au pouvoir local ou national. En France, depuis les dernières élections régionales et grâce à la mise en place d’une machine électorale enfin rôdée aux manigances politico-financières, leur bureaucratie ne ne tient plus en vue des postes ministériels, administratifs, de sénateurs ou de députés, si longtemps convoités. Il n’est pas jusqu’à la catastrophe de Fukushima qui ne serve leurs appétits, lorsque dans leurs négociations avec la sociale-technocratie du PS, ils bradent la fermeture des centrales nucléaires contre un supplément de députés.

 

Ce que l’on découvre dans “L’Enfer Vert”, c’est :

1) le détail historique de cette intégration des Verts au pouvoir local des années 1970 à nos jours – et ce qui vaut pour Lille Métropole vaut bien sûr pour Grenoble, le Sillon Alpin, Rennes ou Paris ;

2) l’extrémisme de leur idéologie technocratique. Les Verts ne se contentent pas de verdir de communication niaise l’édification de la méga-technopole lilloise. Sous couvert de bonne gestion, ils sont à l’avant-garde de la technocratie, toutes tendances confondues, pour imposer de nouvelles infrastructures adaptées au trafic de masse et de marchandises – train, canal, gares et quartiers d’affaires -, pour détruire les derniers lambeaux de nature, pour fortifier la liaison recherche-pouvoir-indutrie (textile) nécessaire à la croissance.

Mais ils font pire. A Lille, aujourd’hui, les Verts implantent la police totale des RFID, les puces électroniques communiquantes, dans les transports, les bibliothèques, les piscines, les cinémas, les cantines, etc, via une “Carte de vie” qui servira à la traçabilité et au profilage de ses porteurs. Sous prétexte de “sauver la planète et les générations futures”, les Verts enrobent de tout leur discours “écologiste” l’édification de la “technopole intelligente”, “smart city”, “ville ubiquitaire”, “augmentée”, dont IBM leur a vendu le projet (voir “L’Industrie de la contrainte”, Pièces et main d’oeuvre, éditions l’Echappée, 2011).

S’il ne servait qu’à cela, ce livre aurait au moins le mérite d’alerter les Lillois sur leur futur d’hommes-machines sous pilotage du macro-système électronique de leur ville-machine. Et une fois de plus, ce qui vaut pour Lille vaut pour toutes les technopoles et métropoles.

 

- Pour lire “L’Enfer Vert”, télécharger le document ci-dessous ;
- Pour commander le livre (5 €), écrire à badaboum_editions[AT]yahoo.fr ;
- Pour la liste des points de vente : http://hors-sol.herbesfolles.org/20…


L’Enfer Vert
Version prête à circuler
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[Areva chier] Transport de matières radioactives : les cheminots du nucléaire s’inquiètent

Deux à trois trains chargés de déchets radioactifs ou de combustibles nucléaires parcourent la France chaque jour. Ces transports sont considérés comme « sans danger » pour les cheminots qui les convoient, promettent la SNCF et Areva. Mais, en absence de mesures de prévention spécifiques, certains cheminots s’inquiètent. Et rien ne garantit qu’à l’avenir, sur fond de privatisation du rail, ces transports à hauts risques ne soient pas acheminés par des sociétés privées moins regardantes sur la sécurité.

138 000 kilomètres : c’est la distance parcourue chaque année, en France, par des convois nucléaires ferroviaires. « On parle beaucoup des trains chargés de déchets qui arrivent des pays étrangers, puis y retournent ensuite, une fois retraités à l’usine de La Hague, en Normandie. Mais ce ne sont pas les plus nombreux », détaille Michel  [1], entré à la SNCF dans les années 1980. « La majorité des déchets qui voyagent sont français. »

2 à 3 trains nucléaires par jour

Ils partent des 18 centrales nucléaires vers l’usine de retraitement de La Hague, dans la presqu’île du Cotentin. Certains y restent, stockés en surface. D’autres repartent. L’uranium issu du retraitement s’en va vers Pierrelatte, où il sera à nouveau transformé pour être stockable. Et les déchets de faible et moyenne activités sont expédiés vers le site de stockage de Soulaine, dans l’Aube. « Au total, 500 trains nucléaires, dont seulement 1 sur 10 est étranger, circulent en France chaque année. Soit 2 ou 3 par jour ! »

Chargés par le personnel d’EDF ou d’Areva, les trains sont ensuite préparés par des agents SNCF. Les cheminots doivent accrocher les wagons entre eux, vérifier l’état des freins, s’assurer que tout (bâche, porte, trappe…) est bien en place et inspecter les attelages. « Pour un agent qui bosse vite et bien, cela prend trente minutes, dont la moitié tout près du train », résume un habitué. S’il y a un souci au niveau des freins, il peut y passer beaucoup plus de temps. « Parfois, il doit se mettre sous le wagon », raconte Philippe Guiter, agent de conduite et secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail. « S’il ne peut pas trouver la solution tout seul, il est secondé par un agent du matériel. » Et si le wagon n’est pas réparable rapidement, il faut le décrocher et l’isoler. Il part ensuite à la réparation, avec son stock de radioactivité.

Aucun suivi médical particulier pour les cheminots du nucléaire

Les wagons déclarés aptes à circuler sont tractés jusqu’à bon port, pendant plusieurs heures, par un agent de conduite. En cas d’incident, le cheminot doit descendre de sa cabine et longer le train, pour localiser le souci technique. « Il arrive alors qu’il soit au contact des wagons pendant un quart d’heure, une demi-heure, voire plus », dit Michel. Ces cheminots ne sont pas considérés comme travailleurs du nucléaire. La dose maximale de radiations qu’ils ne doivent pas dépasser est la même que pour le grand public : 1 millisievert (mSv) par an, hors rayonnements naturels et médicaux. Ils ne sont pas astreints à un suivi médical particulier.

Ils sont pourtant soumis, dans le cadre de leur travail, à des risques d’irradiation et de contamination. « En cas d’irradiation, décrit Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad), certaines radiations traversent la paroi de l’emballage à l’intérieur duquel se trouve la matière radioactive. » La contamination, c’est le dépôt de matières radioactives hors de l’emballage : « On amène des becquerels sur des terrains où il n’y en a normalement pas, sur les rails par lesquelles passent les convois les jours de pluie, par exemple. »

« Parfois, les gars d’Areva nous disent : ce wagon-là, ne t’en approche pas trop »

En 1998, après la révélation d’une importante contamination de wagons castors (nom des conteneurs utilisés pour transporter des déchets radioactifs) assurant le trajet entre la France et l’Allemagne, la Criirad finit par obtenir l’autorisation de réaliser ses propres mesures indépendantes.

Images thermographiques réalisées par Greenpeace sur un convoi transportant des déchets radioactifs vitrifiés de La Hague vers l’Allemagne.

 

Selon les rayonnements gamma et neutroniques enregistrés, un agent SNCF qui prépare six convois par an, en demeurant un quart d’heure à chaque fois à moins d’un mètre des wagons, peut recevoir plus de la moitié de la dose minimale annuelle autorisée, soit 675 microsieverts (μSv) [2]. « Nous sommes très au-dessus des niveaux de dose qualifiés de négligeables par la réglementation européenne, soit 10 μSv par an », note alors la Criirad. Les valeurs mesurées montrent surtout que « les doses reçues annuellement par certains employés de la SNCF peuvent dépasser la limite du risque maximum tolérable de 1 000 μSv par an ». Car, en même temps que ces niveaux de radioactivité jusqu’alors méconnus, la Criirad découvre l’ampleur de l’ignorance des cheminots en matière de radioprotection. Dans la gare normande de Valognes, l’hiver, certains d’entre eux se serrent près des wagons pendant la pause casse-croûte pour profiter de la chaleur qui en émane !

Ceux-là ont sans doute dépassé les quinze minutes avec lesquelles on arrive aux 675 μSv par an. « C’est clair qu’on ne faisait pas du tout attention, commente un agent de manœuvre. Je me souviens que dans certains triages on se prenait en photos près des wagons. Parfois, les gars d’Areva nous disaient : « Ce wagon-là, ne t’en approche pas trop, ou alors vite fait. » On essayait alors de faire un peu plus gaffe. Mais, en même temps, la direction nous a toujours dit qu’il n’y avait pas de problème, que c’était fait pour… »

Polémique autour des risques d’irradiation

À la SNCF, c’est le document RH0838 qui régit le « risque de rayonnement ionisant ». Les plans de prévention des risques qu’il définit s’appliquent sur « les sites ferroviaires concernés par le transport des matières radioactives » : ceux qui se trouvent à proximité du Tricastin ou de La Hague. Pour identifier les risques auxquels les agents sont exposés, la SNCF a demandé à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) de réaliser des mesures, en fonction des types de convois et des postes de travail. Ces mesures effectuées entre 1998 et 2004 attestent d’un respect des limites réglementaires : « On vérifie que la dose maximale reçue sur 12 mois ne dépasse pas le seuil de 1 mSv par an, ce qui a toujours été le cas jusqu’à présent », détaille un document de la direction communication Fret.

Les mesures réalisées le 18 novembre 2011 par un laboratoire indépendant et agréé – l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) – sur un convoi en partance pour l’Allemagne confirment des débits de doses en deçà du seuil de 1 mSv par an. Mais alors que l’IRSN conclut qu’il n’y a pas de problème, l’Acro estime que si. « Cette limite de 1 mSv, c’est une limite censée couvrir toutes les sources d’exposition auxquelles une personne est soumise, précise Pierre Barbey, vice-président du laboratoire. Lorsqu’il s’agit d’une exposition à une seule source, comme c’est le cas avec un convoi nucléaire, la Commission internationale de protection radiologique (ICPR) recommande de retenir la valeur de 0,3 mSv/an comme valeur de référence. Un cheminot qui passe une dizaine d’heures par an à deux mètres de tels wagons dépasse cette valeur. »

Interrogée sur le sujet, l’IRSN répond qu’« en dehors de ces convois les cheminots n’ont que très peu de risques d’exposition à des rayons ionisants ». Mais « la radioprotection, ce n’est pas seulement la valeur limite réglementaire, commente Pierre Barbey. C’est aussi, voire surtout, le principe d’optimisation, qui commande de se situer le plus loin possible de la valeur limite. La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) est très claire sur ce point ».

Port intermittent de dosimètres

Dans le cadre des plans de prévention de la SNCF, certains membres ont été dotés de dosimètres. Combien sont-ils ? Nul ne semble le savoir. Ni à la SNCF (injoignable sur le sujet), ni au sein des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), censés vérifier que les dispositions qui protègent la santé des travailleurs sont bien appliquées. Les suivis dosimétriques individuels « sont transmis trimestriellement aux médecins chargés de leur suivi médical » assure la direction communication Fret. Mais, selon Philippe Guiter, la réalité est un peu différente : « Il n’y a pas assez de médecins du travail pour examiner les dosimètres. Et comme ils sont à lecture différée, les gars ne peuvent pas le lire eux-mêmes. Il faut être formé pour ça. Résultat ? Certains ne le mettent même pas. Ils n’en voient pas l’utilité. »

Les quelques cheminots tracassés par cette proximité répétée avec la radioactivité préfèreraient porter des dosimètres opérationnels, qui informent en temps réel de l’exposition à laquelle ils sont soumis, et alertent en cas de dépassements de dose. « Nous réclamons que tous les agents en portent, y compris les conducteurs », renchérit Philippe Guiter. Selon la SNCF, ces derniers ne sont pas exposés, « du fait de leur éloignement de la source des matières dangereuses et de leur positionnement dans la cabine de conduite ». Mais « la cabine n’est pas un espace de confinement, s’inquiètent certains barons du rail. Et, surtout, l’agent de conduite peut être appelé à descendre du train. À l’automne 2010, celui qui emmenait en Allemagne un train de déchets recyclés à La Hague avait dû longer le train, à plusieurs reprises. Il a vu que les policiers qui accompagnaient le wagon avaient tous des dosimètres. » Le temps d’exposition des cheminots peut en plus grimper en flèche en cas de problème. En février 1997, quand un train de combustibles irradiés a déraillé en gare d’Apach, à la frontière franco-allemande, il a fallu plusieurs heures pour relever les colis renversés.

Areva promet qu’il n’y a pas de danger

À la CFDT et à la CGT, on fait plutôt confiance aux mesures et aux discours de la SNCF. « On aimerait que la direction soit aussi pointilleuse sur les autres dossiers de santé au travail que sur le nucléaire », souligne même Éric Chollet, secrétaire national de la CFDT cheminots. Sur le terrain, les avis sont partagés. « La direction assure qu’il n’y a aucun souci. J’aimerais les croire, vraiment », dit Laurent, conducteur. « Mais, avec le nucléaire, c’est compliqué. On nous dit toujours qu’il n’y a aucun problème jusqu’à ce qu’il y en ait un », poursuit un collègue. Et dans les gares où l’on ne fait que des trains nucléaires, on craint de voir le boulot filer ailleurs, si la contestation se fait trop vive.

Chacun se dit « très attentif », et personne ne serait opposé à ce que des mesures complémentaires soient réalisées. « Si les tests de la SNCF pouvaient être confirmés par des résultats extérieurs, ce serait un plus », concède Grégory Laloyer, de la section CGT cheminots de Rouen. SUD-Rail, très mobilisé autour de la question, a réclamé ces tests additionnels à plusieurs reprises. « On nous les refuse systématiquement », regrette un syndicaliste. « L’évaluation du risque de contamination est du ressort de l’expéditeur », argumente la SNCF dans un courrier justifiant ces refus. « C’est Areva ou EDF qui assurent qu’il n’y a pas de problème au départ et à l’arrivée : c’est pas magnifique ? », ironise Philippe Guiter.

Le certificat attestant de l’absence de contamination des wagons, délivré par Areva, se base sur des mesures de l’IRSN, qui utilisent comme référence les 1 mSv/an. Mais, sur le site d’Areva, il est précisé que les emballages « respectent les seuils de radioprotection définis dans la réglementation internationale : 2 milliSievert par heure (mSv/h) au contact de l’emballage et du véhicule, 0,1 mSv/h à deux mètres du véhicule ». Ni l’Acro ni la Criirad n’ont jamais enregistré de tels niveaux de radiations, avec lesquels on atteindrait la dose maximale acceptable annuellement au bout d’une demi-heure seulement, à proximité immédiate des wagons. « Mais cette réglementation internationale sur les transports est en incohérence avec le code de santé publique français », proteste Bruno Chareyron, de la Criirad. « Nous avons demandé en 1998 que cela soit revu. Nous n’avons jamais obtenu satisfaction. » (Contactées à plusieurs reprises par Basta !, Areva et la SNCF ne nous ont jamais répondu.)

Questions autour de la résistance des wagons

La SNCF a été sommée à plusieurs reprises par divers inspecteurs du travail de revoir son système d’évaluation des risques pour les cheminots côtoyant les convois nucléaires. En mars 2011, une inspectrice du travail de la Région Île-de-France a ainsi demandé à la société de « procéder à une nouvelle évaluation du risque et d’anticiper les modes opératoires dans le cadre d’intervention en urgence sur ce type de chargement ». Formulées en mars 2011, ces demandes n’ont, pour le moment, pas été suivies d’effets.

SUD-Rail réclame enfin que les tests de résistance des castors en cas d’accident soient revus. « On nous dit qu’ils peuvent résister à un incendie de 800 °C pendant une demi-heure. Mais, lors de l’accident du tunnel du Mont-Blanc en 1999, la chaleur a atteint 1 000 °C, pendant plusieurs heures. Et un convoi nucléaire traverse en moyenne une dizaine de tunnels !, rappelle Philippe Guiter. Quant au crash test, qui prétend que les castors résistent à une chute de neuf mètres, je demande à voir. »

Une étude de Wise, cabinet d’étude et de conseil sur le nucléaire et les politiques énergétiques, publiée en 2003 met en doute la capacité de résistance aux chocs des castors : « Dans le cas d’un accident mettant en jeu un transport de matières nucléaires et un transport de matières dangereuses, les vitesses moyennes empruntées par les transports de matières dangereuses montrent que, statistiquement, un choc entre les deux transports, y compris si le transport de matières nucléaires se trouvait momentanément immobilisé, dépasserait en intensité le test de chute de neuf mètres opéré sur les conteneurs de matières nucléaires. »

Vers une privatisation des transports nucléaires ?

« Nous ne souhaitons pas être débarrassés de ces convois, précise un agent de conduite SNCF. Mais nous voulons le faire dans de bonnes conditions de travail. Et sans mettre notre santé en danger. » Tous les syndicats de cheminots tiennent à ce que les matières dangereuses, dont les déchets nucléaires font partie, continuent d’être transportées par rail, « qui reste la voie la moins risquée ». Ils soulignent aussi que cette mission doit être remplie par une entreprise de service public, où l’on peut se permettre de prendre le temps de vérifier que la sécurité est assurée. « Et où on a une capacité à agir pour que les salariés soient protégés », ajoute Grégory Laloyer, de la CGT.

La présence de compagnies privées sur les rails français les inquiètent beaucoup. « L’autre jour, témoigne un cheminot, un gars employé par une boîte privée est arrivé en gare de triage. Il n’avait pas pu prendre le temps de vérifier ses freins, et il ne savait même pas ce qu’il transportait. Que se passerait-il, demain, si ces gars-là conduisaient des convois nucléaires, pour le moment transportés exclusivement par la SNCF ? »

« La transparence que nous demandons, pour nous et nos collègues, vaut aussi pour les voyageurs », reprend Laurent, agent de conduite. « Nous estimons qu’il n’est pas normal que des convois chargés de déchets nucléaires transitent par des voies empruntées par le public à des heures de pointe, notamment en région parisienne », ajoute Philippe Guiter. « Nous tenons à ce que la SNCF reste une entreprise de transport de qualité », terminent-ils. Où ni les salariés ni les voyageurs ne risquent d’être irradiés à leur insu.

(bastamag.net)

[1] Certains prénoms ont été modifiés à la demande de nos interlocuteurs.

[2] À un mètre des wagons testés, le flux de rayonnement gamma est de 31 μSv/heure. Le rayonnement neutronique est de 14 μSv/heure. Un cheminot préparant 6 convois en dix mois, avec un quart d’heure par convoi à moins d’un mètre des wagons, reçoit une dose de radioactivité de 675 μSv, soit 0,675 mSv.

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[Camera obscura] L’exploitation des images en vidéosurveillance

La vidéosurveillance, enrichie de fonctionnalités d’analyse intelligente, permet aujourd’hui des performances allant bien au-delà de la simple détection d’objets en mouvement. Tracking sur les possibilités actuelles en matière d’analyse d’image.

IVA-Bosch
L’IVA (Bosch Security Systems) en action, lors de la détection et du pistage d’une intrusion. Le tracé jaune traduit la détection d’un mouvement dans l’image. Le tracé vert indique l’origine du mouvement et le cheminement de l’objet. Le tracé rouge signale un mouvement, avec attribution de critères de déclenchement d’alarme.
 

En surveillance en temps réel, mais aussi en recherche d’événements a posteriori, la prise en compte de critères de plus en plus fins, via le développement d’algorithmes puissants, fournit des moyens étendus d’exploitation de l’image. Avec à la clé, des gains de temps, d’efficacité et de productivité substantiels. En conséquence, les applications de la vidéosurveillance intelligente sont de plus en plus nombreuses : détection d’intrusion, lecture de plaques, analyse de comportements, mais aussi analyse de flux à des fins logistiques, par exemple. Néanmoins, il reste des domaines où les technologies d’analyse d’image révèlent leurs limites. Car si elle tend à remplacer l’œil humain, voire à le surpasser en acuité comme en réactivité, la vidéosurveillance intelligente n’est pas toujours en mesure de se substituer à l’intuition et au jugement d’un opérateur. Mais pour combien de temps encore ?

Enrichir une installation de vidéosurveillance

Le développement permanent des technologies ne cesse d’enrichir le potentiel des solutions de vidéosurveillance. Le domaine de l’analyse d’image profite naturellement de ces enrichissements, à commencer par les performances fournies par l’image numérique. Pour Laurent Wagneur, dirigeant de la société Telios, « le numérique permet de contrôler de manière intelligente la qualité d’une image. Par ailleurs, il devient beaucoup plus facile de d’obtenir un flux d’image pertinent, dans la mesure où une caméra numérique est capable de fournir les images d’une zone d’intérêt de manière automatique. Ensuite, les processeurs ont beaucoup évolué, de manière à prendre en charge la majorité des fonctionnalités d’analyse intelligente, et ce très en amont. Si bien que la chaîne de la vidéosurveillance s’est radicalement simplifiée, au profit d’une utilisation plus intelligente, d’une qualité d’image satisfaisante et de possibilités d’exploitation en multiflux. Aujourd’hui, les nouveaux processeurs permettent de bénéficier de tous ces avantages sur un même plan, là où avant, il fallait choisir entre débit d’images, définition et fonctionnalités d’analyse. » Comme à l’heure actuelle, la grande majorité des installations de vidéosurveillance sont équipées de caméras standard, il reste donc nécessaire de recourir à des solutions intermédiaires, sans avoir à renouveler intégralement un équipement déjà coûteux. 

Pour qui souhaite développer les capacités d’analyse d’un parc de caméras, deux types solutions coexistent sur le marché.

– Il est ainsi possible de recourir à une solution d’intelligence centralisée ou distribuée. Dans le premier cas, l’offre est concentrée autour de solutions logicielles d’analyse d’image, intégrées à un serveur de vidéosurveillance. C’est une solution souple, permettant à n’importe quel dôme du marché de bénéficier de fonctionnalités d’analyse de l’image.

– Dans le second cas, les défenseurs du principe d’intelligence à la source proposent des extensions matérielles intégrées aux caméras, ou via un encodeur, et permettant de concentrer les performances d’analyse vidéo très en amont de la chaîne d’équipements.

« L’efficacité d’un système est conditionnée par les capacités de détection des capteurs eux-mêmes »

La vidéosurveillance intelligente… à quelles conditions ?

Avideo
Un dôme motorisé, piloté automatiquement par Avideon Tracker, enregistre l’événement et piste chaque mouvement de la cible.

Le traitement de l’image en vidéosurveillance résulte d’un principe de base : la détection d’un mouvement, traduit par l’analyse des différences constatées dans une suite d’images.

> La détection de mouvements couvre ainsi un ensemble d’applications assez vaste :

– détection d’intrusion,

– analyse de position et de déplacement à l’image,

– détection de stationnarité, etc.

Cependant, avant d’obtenir une analyse d’image performante, il est d’abord nécessaire d’en définir les conditions d’utilisation. Une précaution qui peut paraître évidente, mais, comme le rappelle Laurent Wagneur, « il est important de bien s’assurer des possibilités d’exploitation de la vidéosurveillance intelligente dans un environnement donné et avant tout, de contrôler la qualité de l’image. Si une caméra n’est pas capable d’effectuer des réglages instantanés (luminosité, contraste et autre paramètres, adaptés sur chaque trame), le résultat sera discutable. Même chose au niveau de la compression. Si l’algorithme de compression a abîmé chaque pixel au moment de la compression, comment traiter de manière satisfaisante le mouvement réel d’un objet détecté sur l’image ? » Pour Olivier Viné (Open Wide) : « L’efficacité d’un système est conditionnée par les capacités de détection des capteurs eux-mêmes. En environnement dégradé, une caméra standard va beaucoup moins bien réagir. Les algorithmes développés auront beau être performants, utilisés avec une caméra rendue aveugle, ils ne pourront pas faire grand chose ».

Détecter, pister, analyser

Sisell
Si la reconnaissance faciale n’est pas encore à l’ordre du jour, Sisell fournit, grâce à une fonctionnalité d’extraction automatique de visages, un outil de recherche efficace.
 

Dans le champ de vision, quelque chose bouge, la caméra l’a détecté… oui, mais en fonction de quoi ? La détection d’un mouvement est conditionnée par la présence de plusieurs critères (cf. encadré « La détection de mouvement est conditionnée par plusieurs critères » ). Le tracking vidéo est une fonctionnalité aujourd’hui communément répandue dans les solutions de vidéosurveillance intelligente. D’abord bidimensionnelle, cette technologie s’est enrichie d’une analyse d’image tridimensionnelle. Philippe Giraud : « Le tracking 3D est le résultat d’une application intégrant un algorithme tridimensionnel. Concrètement, en 2D, un dôme évolue sur un plan horizontal et un plan vertical. En 3D, un dôme peut être manipulé sur un champ en profondeur, en perspective. En conséquence, en 2D, un dôme reste sur une profondeur de champ fixe alors qu’en 3D, il est capable de zoomer sur les éléments en mouvement de manière beaucoup plus précise et d’arriver à une prise d’information beaucoup plus pertinente, l’objet filmé augmentant en proportion sur l’image. » La détection d’un individu ou d’un objet en mouvement conduit ensuite à l’analyse des informations enregistrées par la caméra. En effet, un système doté de fonctionnalités de détection et de pistage en temps réel doit également se révéler capable de qualifier un événement pour fournir une information la plus pertinente possible. Laurent Assouly (Evitech) précise qu’« après avoir détecté un objet, il s’agit ensuite de le qualifier, de l’identifier plus précisément pour exploiter l’information de manière adéquate. Les fonctionnalités sont variées : déclenchement d’alarmes anti-intrusion, mais aussi comptage, mesure automatique de trafic, détection d’immobilité, de contre-sens ou d’unicité de passage dans un sas, d’objets déposés ou enlevés… toutes ces fonctions existent et fournissent des réponses relativement fiables, même si pour certaines, il reste encore des améliorations substantielles à fournir. »

La détection de mouvement est conditionnée par plusieurs critères

1. La modification proportionnelle au sein de l’image.

2. La modification colorimétrique par rapport à l’image de référence.

3. L’analyse de la rapidité de déplacement de l’ensemble volume/couleur. En d’autres termes, dès que la caméra a détecté un objet d’une certaine proportion et constaté une variation colorimétrique dans l’image, elle analyse que cet ensemble se déplace à une certaine vitesse. Ces trois conditions doivent être simultanément réunies pour confirmer une détection. Après l’avoir détecté et identifié, la caméra peut donc suivre l’objet dans son déplacement et, le cas échéant, déclencher une alarme si l’objet en question est entré dans une zone d’intérêt.

« Au-delà de la détection de mouvement, de plus en plus d’utilisateurs souhaitent accéder à une information pertinente et spécifique »  

Fiabiliser la détection en environnement complexe ou dégradé

En parallèle, un système capable de détecter des mouvements génère aussi des contraintes liées à la présence d’éléments perturbateurs dans le champ de vision d’une caméra. Ces facteurs peuvent être : de type environnemental (vibrations de la caméra, mouvements de la végétation, luminosité insuffisante, contre-jour, passage de phares de voiture, etc.) ou intrinsèquement liés à l’image (création de bruit en situation de faible luminosité, mais aussi compression excessive de l’image entraînant du « mouvement » d’une image à l’autre). Comme le rappelle Olivier Viné, « la capacité à détecter en environnement dégradé pose encore des limites à l’utilisation des technologies de vidéosurveillance intelligente dans les applications de sécurité. C’est un domaine où il est encore difficile d’admettre au moins 5 fausses alarmes par jour. »

En effet, la vidéosurveillance est soumise aux mêmes problématiques d’alarmes intempestives que les détecteurs d’intrusion classiques. En conséquence, la maîtrise des interactions avec l’environnement est essentielle, tout particulièrement en extérieur non abrité, insuffisamment éclairé. Pour réduire les risques de déclenchements intempestifs, de nombreuses solutions ont été développées.

>  Le placement et le calibrage corrects des caméras sont des prérequis indispensables, mais pas suffisants. « Il s’agit également de maîtriser le bruit généré dès lors que la lumière baisse, précise Laurent Assouly. Des algorithmes ont été conçus pour filtrer automatiquement le bruit, si bien qu’en situation de très faible luminosité, une caméra est capable de distinguer le bruit généré de véritables objets en mouvement ».

> Deuxièmement, il est nécessaire de maîtriser les perturbations liées à l’environnement. En fonction de ces contraintes, des algorithmes filtrent automatiquement l’image pour fournir une information fiable.

> Ensuite, afin de réduire les risques de fausses alertes, il est utile d’élaborer des scénarios spécifiques en définissant des zones de détection successives : si un intrus pénètre dans ces différentes zones, l’alerte sera donnée avec pertinence. Si un mouvement est limité à une seule de ces zones, le périmètre du site par exemple, il ne sera pas analysé comme une intrusion et l’alerte ne sera pas jugée pertinente. À l’appui de ces dispositifs, nous sommes capables de fournir une réponse plus performante et de ne garantir que 1 ou 2 fausses alarmes par jour et par caméra.  Néanmoins, à l’heure actuelle, et dans la majorité des cas, la sécurité d’un site ne peut pas reposer exclusivement sur la vidéosurveillance, aussi performante soit-elle. « Aujourd’hui, résume Arnaud Lannes, il n’est pas recommandé d’envisager une détection périmétrique à l’aide d’une caméra au-delà de 20 m. Passée cette distance, les contraintes liées à l’environnement et à ses fluctuations se révèlent beaucoup plus difficiles à maîtriser. » Philippe Giraud enchaîne : « Aussi poussées soient les capacités d’analyse intelligente, il existe des interactions avec l’environnement qu’il est indispensable de maîtriser en recoupant les informations fournies par la caméra, mais aussi par une barrière infrarouge, une détection périmétrique, etc. Il est essentiel d’élaborer des scénarios, au cas où les capacités d’une caméra seraient perturbées par tout élément susceptible d’altérer la détection d’une intrusion caractérisée.  Une fois ces données contextuelles maîtrisées, on peut compter sur les performances d’un tracking efficace et optimisé. »

Les atouts de la recherche contextuelle

Evitech
Le système Jaguar 2.2, Evitech
Dédié à l’analyse d’images pour les infrastructures sensibles, le système Jaguar conçu par Evitech présente, à travers sa version 2.2, un ensemble de nouvelles fonctionnalités pour la vidéosurveillance intelligente, parmi lesquelles un nouveau mécanisme de combinaison de détection sur plusieurs caméras. En d’autres termes, il s’agit d’associer les moyens de détection fournis par plusieurs capteurs pour qualifier plus précisément un événement. Jaguar 2.2 propose également la possibilité d’asservir un dôme motorisé à une caméra fixe pour aller zoomer plus précisément sur un événement et avec une plus grande résolution.

Appliquées à la surveillance live, les fonctionnalités d’analyse d’image offrent des performances remarquables en temps réel. Elles sont également sollicitées dans la recherche d’événements a posteriori. À ce titre, le domaine de la recherche contextuelle bénéficie de nombreux outils logiciels, destinés à faciliter considérablement le travail de l’opérateur. Olivier Viné le confirme, « la recherche contextuelle est une dimension très importante de l’analyse intelligente de l’image. Dans le cadre d’une recherche d’événements a posteriori, on ne sait pas toujours avec exactitude quel élément on recherche. En effet, si vous surveillez un parking, vous ne savez pas a priori quelle voiture va être fracturée. Le jour où un tel événement arrive, l’enjeu est bien sûr de retrouver l’enregistrement de cet événement le plus rapidement possible en fonction de différents critères établis comme des filtres de recherche : horodatage, régions d’intérêt, taille de l’objet, mais aussi sa forme (dans un rapport hauteur/largeur), trajectoire (entrante, sortante), direction. Ces filtres sont liés au traitement du mouvement seul. Il est par ailleurs possible d’associer à une recherche un deuxième niveau de traitement au sein du mouvement détecté : la présence de plaque d’immatriculation et la présence d’un visage reconnaissable. »

Détection et plus : vers d’autres applications

Outre la détection d’intrusion, l’analyse vidéo intelligente trouve de multiples applications, et ce dans des domaines croissants. De manière générale, on constate, l’émergence de demandes plus spécifiques : au-delà de la détection de mouvement, de plus en plus d’utilisateurs souhaitent accéder à une information pertinente et spécifique. Par exemple, dans un contexte industriel, il s’agit non seulement de compter les chariots qui passent, mais également de différencier les chariots à vide, ou contenant un nombre précis de palettes. C’est un exemple parmi d’autres, car il existe de nombreux autres modes d’exploitations, liés à la détection d’informations de plus en plus fines.La société Evitech, spécialisée dans la protection de sites sensibles, étend son champ d’activités à la détection de fuites dans l’industrie pétrolière, par exemple, et à la détection de départ de feux, également appliquée à la pétrochimie ou à la surveillance de forêts.

Dans le domaine logistique, les fonctionnalités de recherche d’objets trouvent également des débouchés intéressants. « Il existe une vaste problématique dite de démarque inconnue ou trou d’inventaire, explique Philippe Giraud. Dans un entrepôt, les camions viennent se présenter à quai pour charger les stocks. À ce niveau, il est très facile de faire des erreurs de chargement… Grâce à un algorithme de recherche d’objets avec analyse comparative temporelle (ACT), il est possible de constater la modification d’état d’une palette dans une zone de stockage donnée, alors que, par exemple, cette palette n’aurait pas dû être déchargée. En effet, un objet surveillé par une caméra peut être masqué pour des raisons diverses, sans pour autant avoir disparu. L’algorithme que nous avons développé permet de relativiser ces masquages (par exemple, le passage d’un véhicule devant l’objet pendant quelques secondes) et permet en quelque sorte à la caméra de temporiser le masquage momentané d’un objet ou bien de conclure à sa disparition réelle.»

Bosch et le secteur automobile

De son côté, Bosch Security Systems profite d’un contexte très favorable au développement des fonctionnalités d’analyse d’image : « nous travaillons en étroite collaboration avec la branche automobile. Ainsi, nous disposons d’équipes mutualisées dont le travail profite à la fois au domaine de la vidéosurveillance, mais aussi au domaine de la vidéo embarquée dans les voitures. Une même technologie débouche donc sur des applications très diverses, sachant que dans le secteur automobile, les recherches s’orientent vers la capacité des véhicules à prendre des décisions de sécurité via la vidéo embarquée. En effet, une caméra peut avoir une capacité de réaction bien plus élevée que le système œil-cerveau humain. On imagine les possibilités d’applications sur la route, où les dangers nécessitent des réflexes appropriés… » (Arnaud Lannes).

« L’enjeu de la recherche contextuelle : retrouver un événement le plus rapidement possible en fonction de différents critères établis comme des filtres de recherche »
 

De l’expérimental au fonctionnel

Si un nombre grandissant d’applications tire profit de la vidéosurveillance intelligente, tout n’est pas encore possible, ou en tout cas, envisageable sur le marché actuel.« Il est vrai que certaines fonctionnalités restent expérimentales à l’heure actuelle, reconnaît Philippe Giraud. Sur le plan fonctionnel, encore trop de critères ne sont pas parfaitement maîtrisés. Même si on se rapproche maintenant d’éléments de référence qui permettent de fiabiliser la détection. » À titre d’exemple, la reconnaissance faciale reste une technologie qui augure davantage du futur qu’elle témoigne des performances actuelles. Affaire de conditions d’exploitation, comme le rappelle Laurent Assouly : « Les caméras déployées aujourd’hui en vidéosurveillance urbaine sont de résolution moyenne et ne permettent pas de fournir un résultat d’analyse fiable. En reconnaissance faciale, les solutions existantes exigent au moins entre 60 et 90 pixels entre les deux yeux et surtout, dans des conditions d’éclairage très au-delà des conditions exigées en vidéosurveillance… Sur le terrain, il faudrait qu’un individu soit à moins d’1,5 m de la caméra. Comment une caméra surplombant un carrefour peut-elle convenablement réunir ces conditions ? ». Olivier Viné : « Pour ce type d’applications, il faut par ailleurs opérer une distinction entre environnement coopératif et non-coopératif. Un environnement coopératif conduit l’individu à se présenter obligatoirement dans le champ de vision d’une caméra, voire face à elle. Un sas d’entrée d’une banque, par exemple. Un environnement non-coopératif définit tout environnement où des individus circulent, sans contrainte particulière liée à la capture d’images. Un couloir de métro, par exemple. Dans ce contexte, l’exercice est bien plus difficile, étant donné qu’il nécessite d’effectuer un traitement en temps réel, image par image, pour sélectionner un visage à peu près reconnaissable. Bien sûr, viendra un jour où les algorithmes de détection en environnement non-coopératif deviendront suffisamment performants pour se connecter avec des algorithmes de reconnaissance. Mais pour l’heure, on n’y est pas encore. » Affaire également de limites technologiques, confirme Arnaud Lannes : « les algorithmes de reconnaissance faciale restent très complexes à développer. Ensuite, cette technologie demande un serveur aux capacités surdimensionnées pour pouvoir exploiter une base de données de x milliers de visages. Nous sommes actuellement limités par l’incapacité à rechercher immédiatement le visage détecté. » Néanmoins, les résultats progressent et permettent, si ce n’est de le reconnaître, en tout cas de détecter un visage comme tel. En témoignent la dernière version de l’IVA développée par Bosch, capable de faire de la détection de tête et donc, de différencier un être humain d’un animal. Ou encore, la solution Open Wide conçue par Sisell, facilitant, via une fonctionnalité d’extraction automatique de visages, l’identification sur des points de passage d’individus. Olivier Viné : « Il est possible de procéder à une recherche sur le critère de la présence d’un visage. Cette technologie est vouée à fournir une aide à un opérateur humain, susceptible de reconnaître un visage parmi toutes les occurrences qui ont été identifiées suite à une recherche. Notre solution est donc capable d’extraire des enregistrements un panel de portraits qui est ensuite soumis à l’examen de l’opérateur. »

Quelques solutions disponibles sur le marché 

> Les solutions Sisell, Open Wide

Les solutions logicielles d’Open Wide offrent une palette étendue de fonctionnalités, notamment pour la surveillance des transports publics ferroviaires : détection, pistage multi-cibles en temps réel, analyse d’activités, détection de stationnarité, recherche multi-critères. Sisell s’enrichit également d’un système d’inspection vidéo, permettant de garantir la qualité des images enregistrées. En effet, une caméra peut, pour des raisons diverses, fournir une image floue, décadrée ou bruitée. Très souvent, ce dysfonctionnement n’est constaté qu’après enregistrement et n’autorise pas une exploitation correcte des images. Une solution de supervision automatisée de réseau de caméra permet de tester chaque jour les caméras d’une installation avec remontées des informations sur l’état de chaque équipement.  

> Le système breveté Avideon Tracker, Avideon

Capable d’assurer la poursuite automatique d’objets ou de personnes en 3D, le système Avideon Tracker conjugue de nombreuses fonctionnalités au service de la surveillance de sites. Assurant une véritable autonomie de fonctionnement, de détection et d’analyse et de poursuite automatique à une installation de vidéosurveillance, la solution logicielle conçue par Avideon permet également une exploitation assistée en recherche d’événements a posteriori. Solution complète et autonome, 100% française, Avideon Tracker permet de multiples applications de sécurité, mais aussi dédiées à l’industrie pour la surveillance de process logistiques. 

> L’IVA (Intelligent Video Analysis), Bosch Security Systems

Solution complète de vidéosurveillance intelligente, l’IVA (Intelligent Video Analysis), dans sa version 4.0, l’IVA propose deux principaux modes de fonctionnement : une fonction d’analyse de flux permettant de repérer un individu avançant à contresens d’une foule et fournissant des applications très intéressantes pour les aéroports, les transports en commun, les escalators. L’IVA dispose également de nombreuses fonctionnalités de détection multizones, de franchissement de ligne, d’événements entrants et sortants, de détection d’immobilisation ou de disparition d’un objet. Toutes ces fonctionnalités sont disponibles à la fois au niveau de la caméra et en recherche contextuelle. De telle manière qu’une caméra bénéficiant de l’IVA peut, outre la transmission d’alarmes, envoyer des métadonnées exploitées à posteriori via un moteur de recherche contextuelle multi-critères. Enfin, l’IVA 4.0 propose une aide au paramétrage réduisant les opérations de calibrage d’une caméra à quelques minutes.

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[Smog in the water] Pollution record à Pékin

Une pollution atmosphérique tellement forte qu’elle est devenue non mesurable a recouvert mardi matin Pékin, retardant ou entraînant l’annulation de plus de 150 vols, les autorités estimant de leur côté que la qualité de l’air était « bonne ».

Selon le site internet de l’aéroport international de Pékin, deuxième le plus fréquenté au monde, un total de 155 vols au départ ou à l’arrivée ont été retardés ou annulés.

L’ambassade des Etats-Unis dans la capitale, qui calcule de façon indépendante le degré de qualité de l’air, a indiqué que la pollution dans la capitale chinoise dépassait lundi matin le niveau « dangereux », qui est le pire niveau de son indice.

Le Bureau de l’environnement de Pékin a quant à lui qualifié de « bonne » la qualité de l’air de la capitale, tandis que les autorités sont régulièrement accusées de sous-estimer la dangerosité de la pollution.

Le centre météorologique national a de son côté indiqué que la capitale chinoise était touchée par un « brouillard » réduisant la visibilité à 200 mètres dans certains quartiers.

Le nuage de pollution s’était en grande partie dissipé lundi en début d’après-midi.

Pour l’heure les relevés du ministère de l’Environnement chinois se concentrent sur les particules fines PM10 – d’un diamètre inférieur à 10 microns – tandis que l’ambassade américaine mesure les particules fines PM2,5 (moins de 2,5 microns), qui peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires.

Mais la municipalité de Pékin a annoncé vendredi dernier qu’elle allait commencer ce mois-ci à publier les données sur les particules fines, répondant ainsi à une demande d’un nombre croissant de Pékinois excédés par les menaces sur leur santé que fait peser l’air ambiant.

En plus des nombreuses centrales thermiques à charbon, la pollution à Pékin est alimentée par les industries dans la conurbation et la circulation automobile. Un total de 240.000 voitures supplémentaires sont arrivées en 2011 dans les rues de la mégalopole, où il en circulait déjà cinq millions.

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[French fichage] Le biométrique, juteux marché pour les entreprises françaises

Les sociétés françaises dominent le marché de l’identité… sauf en France. Plus pour longtemps : leur lobbying politique est en train de payer.


Une sculpture d’œil par Tony Tasset dans un parc de Chicago (John Picken/Flickr/CC)

Le business de la biométrie est en plein boom : selon l’agence Markets & Markets, le marché mondial de la biométrie représentera 8,5 milliards d’euros d’ici 2015. Cette expansion se fait particulièrement sentir dans les pays émergents où les états civils, quand ils existent, sont souvent parcellaires.

Une entreprise française pour la base de données des Indiens

L’Inde a ainsi lancé un vaste projet visant à constituer une base de données biométriques de ses habitants, remporté en 2010 par l’entreprise française Morpho, filiale du groupe d’armement et de défense Safran.

Dans son édition du 2 janvier, Le Figaro détaille. Ce « marché de l’identité » de 1,5 milliard de dollars – que Morpho partage avec une autre filiale de Safran – entend collecter les empreintes digitales et les scans de l’iris de 200 millions d’Indiens d’ici à juin prochain. A terme, elle recensera l’intégralité de la population du deuxième pays le plus peuplé du monde.

Pour l’Inde, l’enjeu est central, puisqu’il vise ni plus ni moins à court-circuiter la corruption, dans un pays où plus des trois-quarts de l’aide sociale sont détournés.

Problème : au début du mois de décembre, les autorités indiennes ont mis un coup d’arrêt au projet. Mis en difficulté en Inde, Morpho (« numéro un mondial des documents d’identité sécurisés par la biométrie ») se consolera peut-être en France.

Lobbying à puces

Une loi, adoptée le 13 décembre en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, va en ce sens : elle permettrait la création d’une base de données commune à la carte d’identité, qui deviendrait électronique, et des passeports, d’ores et déjà biométriques. 45 millions de Français figureraient dans ce fichier.

D’abord adoptée pour lutter contre l’usurpation d’identité, ses promoteurs au Sénat et à l’Assemblée avaient également à l’esprit la prospérité des entreprises du secteur.

Jean-René Lecerf, sénateur du Nord (UMP), auteur [PDF] de la proposition de loi :

« Le sujet engage aussi des enjeux économiques, industriels. […] Les entreprises françaises, en pointe sur ce domaine, veulent investir le marché français. […] Elles ne vendent rien en France, ce qui les pénalise à l’exportation par rapport aux concurrents américains. »

« Un signal fort en faveur de notre industrie »

Même son de cloche du côté de Philippe Goujon, rapporteur du projet de loi à l’Assemblée nationale :

« Les principales entreprises […] du secteur sont françaises, dont trois des cinq leaders mondiaux des technologies de la carte à puce, emploient plusieurs dizaines de milliers de salariés très qualifiés et réalisent 90% de leur chiffre d’affaires à l’exportation. […] Le choix de la France d’une carte nationale d’identité électronique serait un signal fort en faveur de notre industrie. »

Il faut dire que des pays comme la Suède, la Belgique, l’Espagne ou les Emirats arabes unis ont déjà fait appel à des entreprises françaises pour la mise en place de cartes d’identité électroniques. La France a « seulement » confié à la française Gemalto certains composants des passeports électroniques et la réalisation de la carte Vitale.

« Le champ libre à d’autres nations »

Regroupés au sein du Gixel (Groupement des industries de composants et de systèmes électroniques), les industriels du secteur font pression pour qu’un tel projet soit adopté. Dans un document publié en juin :

Voir le document

(Fichier PDF)

« Nous recommandons le déploiement effectif de la carte nationale d’identité électronique. […]

L’absence actuelle de projet en France laisse le champ libre à d’autres nations, pour imposer de nouvelles normes, des produits ou des services au détriment des intérêts nationaux français et de son industrie [et] mettent leurs industriels en position d’exporter leurs solutions basées sur leur carte d’identité électronique. »

Des inquiétudes pour la sécurité

Au-delà des inquiétudes éthiques, la constitution de grandes bases de données de plusieurs millions de personnes pose des problèmes techniques. Ainsi, la base de données biométriques indienne sera 2,5 fois plus grande que celle de Facebook.

Récemment, on apprenait qu’un fichier contenant la base de données de la population israélienne avait été piraté et rendu librement accessible pendant près de deux ans.

« Plus de fichiers = plus de fuites », prévenaient pour leur part les hackers qui avaient fait fuiter les données personnelles de centaines de cadres UMP, début novembre.

Pendant les débats sur cette proposition de loi, le député Jean-Paul Lecoq (PCF) avertissait :

« Le risque zéro n’existe pas, les pirates sont plus talentueux que les industriels. »

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[Nos copains les robots]

Des robots et des hommes, colocataires à Toulouse

Toulouse, envoyée spéciale – « Levez les yeux », demande Michel Diaz, directeur de recherche au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS) du CNRS de Toulouse. A mi-hauteur du hall flottent deux énormes structures métalliques carrées. « D’ordinaire, ces grils de scène servent à placer les décors au théâtre. Ici, on va les utiliser pour recréer dans cette pièce de 500 m2 l’environnement d’une maison. Là, une salle de bains, là-bas une cuisine ou une chambre… tout ce qu’il faut pour étudier en situation des robots d’assistance. » Pour l’heure, néanmoins, il n’y a rien à voir. Le bâtiment est vide.

Construit à deux pas du LAAS, le fleuron du projet Adream (Architectures dynamiques reconfigurables pour systèmes embarqués autonomes mobiles) vient d’être livré au CNRS. Courant janvier, 65 chercheurs du LAAS emménageront dans ces locaux qui sont tout sauf ordinaires. « Au début, en 2006, il était question de construire des plates-formes de recherche consacrées à la robotique, aux réseaux informatiques et aux systèmes embarqués, se rappelle Michel Diaz, chef du projet Adream. Après étude, le prix de ces installations revenait à celui d’un bâtiment. Nous avons donc fait évoluer le projet. » Voilà comment est né, pour 7,2 millions d’euros, le site expérimental d’Adream.

« Le principal intérêt du projet, admet Philippe Bidaud, directeur de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique à Paris – qui n’y est pas associé -, c’est qu’il va permettre aux chercheurs d’effectuer une recherche contextualisée. » Dans ce bâtiment unique au monde, truffé de câbles et de capteurs, les chercheurs seront les premiers cobayes des innovations énergétiques, informatiques ou robotiques imaginées par les équipes du LAAS. « 75 % des recherches menées par les 250 chercheurs du laboratoire sont concernées par le projet Adream », explique Jean Arlat, directeur du LAAS.

« Dans ce hall, reprend Michel Diaz, il sera possible d’étudier quatre à cinq robots d’assistance en même temps et de travailler sur l’interaction entre l’homme et la machine. » Un point crucial. Car, dans leur majorité, les robots de service sont appelés à collaborer avec des humains, devenant des aides à domicile, des hôtesses d’accueil ou des guides. Avec le vieillissement de la population occidentale, le marché potentiel, s’il n’est pas encore quantifié par la Fédération internationale de robotique, est annoncé comme énorme et pourrait s’ouvrir d’ici cinq à dix ans.

« Or, pour remplir ce type de tâche, un robot doit pouvoir se déplacer de façon autonome, reconnaître un humain, un visage, réagir à une commande gestuelle ou vocale, à une chute, et tout cela sans nuire à la sécurité des usagers, explique Michel Devy, spécialiste de l’interaction homme-machine au LAAS. Cela implique d’améliorer les robots, mais aussi l’environnement dans lequel ils évoluent. » Car, pour les roboticiens, l’autonomie des robots ne pourra être atteinte qu’au travers d’une intelligence ambiante et avec l’installation de détecteurs ou de caméras 3D. « Dans le nouveau bâtiment, nous pourrons tester différents types de capteurs et en disposer à loisir dans le hall… ou dans les couloirs. » Michel Devy sourit : « Un jour, nous aurons peut-être un robot pour distribuer notre courrier. »

D’abord, seuls les robots non humanoïdes, aux formes de tourelle ou de mante religieuse, sont appelés à emménager. Posés sur des roues, ils sont plus stables, moins fragiles et donc plus près de la commercialisation que leurs cousins anthropomorphes. Il n’y a qu’à voir avec quelles difficultés l’humanoïde japonais HRP-2, l’un des plus perfectionnés du monde, se déplace ou attrape une balle pour prendre la mesure de la distance qu’il reste à parcourir. HRP-2 et son concurrent français, Romeo, attendu courant 2012, resteront donc dans l’ancienne plate-forme de recherche. « Mais cela ne signifie pas que ces robots ne participeront pas aux avancées effectuées dans le bâtiment Adream », insiste Philippe Souères, spécialiste des humanoïdes au LAAS.

A terme, les robots humanoïdes pourraient en effet faire d’excellents robots de service, ne serait-ce que parce que leur morphologie est adaptée à un environnement façonné à notre image. « De façon générale, il est difficile de présumer de la forme future des robots d’assistance, insiste Rodolphe Gelin, chef du projet Romeo chez Aldebaran Robotics. Au début de ma carrière, j’ai voulu créer un robot aspirateur automatique. Mais à l’époque, on m’a répondu que, le temps que je développe un tel engin, de la moquette mangeuse de poussière aurait été inventée. » L’anticipation est un art délicat.

S’approchant d’un tableau farci de prises variées, Michel Diaz poursuit sa visite imaginaire : « Les capteurs que nous installerons dans les locaux ne seront pas destinés aux seuls robots. Une partie sera utilisée par le bâtiment. » Car, d’un certain point de vue, le bâtiment d’Adream est en lui-même un robot. Une entité capable d’observer ce qui se passe en son sein, d’analyser la situation, de planifier une action puis de l’exécuter en temps réel. « Ceci passe par la mise en place de réseaux informatiques très sophistiqués, aptes à traiter, à différentes échelles, une quantité colossale de données et de faire dialoguer des machines, des capteurs, qui produisent ou gèrent des informations de natures différentes », explique Ismael Bouassida Rodriguez, chercheur invité au LAAS.

La structure de l’ensemble est évolutive. Là encore, différentes stratégies ou idées pourront être étudiées successivement. « D’ordinaire, nous testons ces architectures informatiques sur de petites maquettes, continue Mahdi Ben Alaya, un jeune doctorant qui montre l’enchevêtrement de fils lui servant d’ordinaire de support de travail. Avec Adream, nous allons passer dans des conditions réelles, dans du concret. » Pour appuyer son propos, il cite la pose de capteurs de température, de luminosité, de CO2 ou de présence. Dans son élan, il évoque même l’installation possible de détecteurs de pression sous les sièges des chercheurs.

Une envolée qui ne correspond pas à la réalité immédiate mais qui trahit les nombreux problèmes éthiques posés par l’intelligence ambiante, notamment au regard du respect de la vie privée. « Toute innovation a ses avantages et ses inconvénients, reconnaît Michel Diaz. Le ressenti des chercheurs installés dans le bâtiment permettra d’évaluer certaines conséquences. Mais on ne peut pas gagner sur tous les plans. »

Il est d’ailleurs un point sur lequel les futurs locataires risquent de ne pas gagner au change : le confort thermique. « Ici, il n’y a pas de climatisation ni de chauffage électrique, explique Bruno Estibals, de l’université Paul-Sabatier et chercheur au LAAS, qui s’est occupé des aspects énergétiques du bâtiment. La régulation thermique se fera principalement par géothermie, grâce à des tuyaux gorgés d’eau qui s’enfoncent sur 150 mètres de profondeur dans un sol à 15 °C. » Cette technique passive permet de gagner ou de perdre jusqu’à 6 °C par rapport à la température extérieure. En cas de fortes chaleurs ou de grands froids, un puits canadien (système géothermique de surface) ainsi que les réserves d’eau chaude ou froide pourront être mis à contribution. « Ce sera supportable, mais il faudra sans doute s’habituer. »

Et ce n’est pas tout. Car pour l’électricité aussi les chercheurs sont tributaires des calculs du bâtiment et des installations imaginées par les énergéticiens du laboratoire. 80 % de la façade principale du bâtiment est recouverte de panneaux photovoltaïques fixes. A quoi il faut ajouter la terrasse expérimentale du toit où d’autres panneaux, mobiles cette fois, pourront être testés. L’excédent d’énergie sera stocké à l’extérieur du bâtiment par différents types de batteries. « D’après nos estimations, la production énergétique du bâtiment sera supérieure à la consommation », poursuit Bruno Estibals. Tout au moins, elle pourrait suffire à alimenter un édifice de taille équivalente utilisé dans le secteur tertiaire.

Reste à savoir si un bâtiment « intelligent » comme celui d’Adream ne consomme pas plus que ses ancêtres immobiliers.

(Le Monde) Viviane Thivent

 

« Nos cerveaux sont prédisposés à interagir socialement avec ce type de machine »

Scientifique et philosophe, diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Carson Reynolds est à ce jour maître de conférences au département d’informatique créative de l’université de Tokyo.

Les scientifiques semblent persuadés qu’un jour des robots d’assistance entreront dans nos maisons. Pourquoi ?

Une première raison est d’ordre technologique. La banalisation des appareils et la sophistication croissante des systèmes de détection et de contrôle suggèrent que, bientôt, il sera plus facile de construire des robots d’assistance. Une autre raison est économique : les robots d’assistance semblent fournir une réponse simple à la question délicate du manque d’infirmières, de concierges ou d’aides à domicile.

Est-on sûr que les gens accepteront des robots chez eux ?

Difficile à dire, car ils n’existent pas encore vraiment. Des tests effectués en 2002 puis en 2007 ont montré que, techniquement, des robots pouvaient guider des personnes âgées, mais que ces dernières n’aimaient guère avoir affaire à des avatars d’êtres humains.

Les robots imaginés pour garder des enfants, gérer la sécurité ou effectuer des transactions financières sont très controversés… à l’inverse des aspirateurs, des climatiseurs ou des lave-vaisselle. S’ils entrent dans nos maisons, qu’allons-nous leur permettre de faire ? Le propriétaire d’un robot de maison peut-il être tenu responsable si la machine commet une infraction criminelle ? Tous ces thèmes seront abordés lors d’une conférence qui aura lieu en avril à Miami.

Les robots humanoïdes sont-ils mieux acceptés que les autres ?

D’après la théorie, les robots non humanoïdes, ceux qui ont l’allure de jouets, sont censés recevoir un meilleur accueil. Mais, à mesure qu’ils se mettent à ressembler aux hommes, ils s’approchent de ce que le roboticien japonais Masahiro Mori a appelé « la vallée dérangeante » : ils provoquent alors des sentiments de malaise et de dégoût chez l’homme.

C’est pour voir s’il est possible de dépasser cette « vallée » que le Japonais Hiroshi Ishiguro réalise par exemple des clones humains artificiels, des robots que nul ne pourrait distinguer des êtres humains. La question reste ouverte, mais soulève déjà des problèmes juridiques ou sociaux.

En parallèle, des chercheurs essaient de savoir si un tel rejet se produit aussi face à des actions ou des comportements trop humains. En attendant, les robots biomimétiques restent un modèle intéressant, d’autant que, pour certains d’entre nous, nos cerveaux sont prédisposés à interagir socialement avec ce type de machine, entre autres parce qu’ils nous donnent des repères sociaux et affectifs.

Pourquoi les robots semblent-ils plus facilement acceptés au Japon qu’en Europe ?

En proportion de la population active, il y a trois fois plus de robots industriels au Japon qu’aux Etats-Unis ou en Europe. La tendance semble identique quand on s’intéresse aux robots de service. Ceci s’expliquerait par le vieillissement de la population japonaise et les politiques restrictives d’immigration, qui créent des besoins importants dans les entreprises et les maisons. Mais il ne s’agit peut-être pas de la seule explication.

Les Japonais ont depuis des siècles des gadgets automatisés. On peut citer l’automate Karakuri qui sert le thé, qui a été très populaire au Japon entre le XVIIe et le XIXe siècles. Il y aurait aussi une différence d’ordre linguistique.

En japonais, deux verbes distincts peuvent être utilisés pour décrire l’existence : arimasu, qui est utilisé pour des objets morts ou inanimés, et imasu, qui est plutôt employé pour les êtres vivants. Or, curieusement, les Japonais utilisent imasu pour décrire des robots, ce qui met ces machines dans la même catégorie que les êtres humains.

(Le Monde) Propos recueillis par Viviane Thivent

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[Des machines dans la tête] Un pacemaker cérébral contre les tics

Elle était si désespérée qu’elle songeait à aller en Suisse pour demander un suicide assisté. Jayne Bargent, 55 ans, atteinte d’une forme sévère de syndrome de Gilles de la Tourette, raconte aujourd’hui qu’elle ne se sent plus la même personne, que le traitement est en train de lui « rendre sa vie ».
Moins d’une heure après l’activation d’électrodes implantées dans son cerveau, les tics et les mouvements anormaux qui l’empêchaient de réaliser les actes les plus élémentaires de la vie quotidienne – comme cuisiner, lire, conduire et même marcher – ont presque disparu.

Les médecins de l’Institut de neurologie de l’University College London (UCL) et de l’hôpital national de neurochirurgie de Londres, qui prennent en charge Jayne Bargent, dans le cadre d’un essai thérapeutique, se disent surtout impressionnés par la rapidité avec laquelle est survenue l’amélioration des symptômes.

Les effets se sont fait sentir en moins d’une heure, alors que la stimulation cérébrale profonde – utilisée aussi dans d’autres maladies des mouvements, comme le Parkinson – met habituellement plusieurs semaines à agir. Pour autant, ce traitement est encore loin d’être validé dans le cadre du syndrome de Gilles de la Tourette.

UN TRAITEMENT D’EXCEPTION

Au total, dans le monde, seulement une soixantaine de malades souffrant d’une forme très sévère de cette pathologie neuropsychiatrique complexe caractérisée par des tics en ont bénéficié, la plupart dans le cadre de protocoles de recherche. Celui mené par l’équipe du neurologue Tom Foltynie (University College London) inclura au total 12 adultes.

Ils seront suivis pendant six mois, avec une période de trois mois où les électrodes seront activées et une période de trois mois où elles ne le seront pas, sans que ni les principaux intéressés ni l’examinateur en soient informés (double aveugle). Le recrutement prendra environ deux ans, évalue le docteur Foltynie. D’autres essais sont en cours, notamment en France.

A terme, si ses bons résultats se confirment, la stimulation cérébrale profonde pourrait être proposée aux malades les plus atteints, dont les symptômes résistent aux traitements médicamenteux classiques tels que les neuroleptiques. Mais elle restera un traitement d’exception. Il s’agit en effet d’une stratégie lourde, nécessitant une intervention spécialisée de neurochirurgie. Utilisée pour la première fois, en 1987, dans la maladie de Parkinson, la stimulation cérébrale profonde consiste à implanter dans les noyaux cérébraux profonds (au niveau d’une cible précise, de localisation variable selon la pathologie visée) une ou deux électrodes de deux millimètres de diamètre.

Commandées par un petit boîtier situé sous la peau, elles délivrent des impulsions électriques de haute fréquence qui modulent l’activité des voies nerveuses impliquées dans les symptômes, permettant ainsi de les soulager. Au total, en vingt-cinq ans, des dizaines de milliers de patients ont bénéficié de ce traitement, qui est pratiqué dans 26 centres en France. Les complications potentiellement sévères, rares, sont principalement hémorragiques et infectieuses.

« Trois indications de la stimulation cérébrale profonde sont aujourd’hui validées, la maladie de Parkinson, les dystonies et les tremblements essentiels, précise le docteur Marc Lévêque, neurochirurgien au CHU de Marseille. Et cette méthode est en cours d’évaluation dans bien d’autres pathologies neuropsychiatriques, notamment la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs, des addictions comme l’alcoolisme… » Une étude menée par l’Américaine Helen Mayberg, publiée le 2 janvier sur le site de la revue Archives of General Psychiatry, montre ainsi qu’une stimulation cérébrale profonde au niveau du gyrus cingulaire subcallosal obtient des résultats intéressants dans les dépressions – y compris bipolaires – résistantes aux antidépresseurs. Evalué chez 17 patients, ce traitement a été bien toléré, avec un effet persistant pendant les six mois de l’étude, et même avec un recul de deux ans chez certains malades.

AMÉLIORATION DES SYMPTÔMES

Dans le syndrome de Gilles de la Tourette, la stimulation cérébrale profonde a été pratiquée pour la première fois en 1999, dans le prolongement des tentatives de chirurgie ablative. Les tics seraient attribués à une hyperactivité dopaminergique, due à un défaut d’inhibition sur un circuit mettant en jeu le cortex et des noyaux profonds, thalamus et striatum. « Depuis le début des années 1960, de nombreuses structures anatomiques ont été prises pour cible dans des interventions classiques de psychochirurgie, raconte le docteur Lévêque. Aujourd’hui, ces opérations ont quasiment disparu au profit de la stimulation cérébrale profonde, qui présente l’avantage d’être réversible et adaptable ».

Reste à déterminer la meilleure zone pour implanter les électrodes, et les modalités idéales de stimulation. Actuellement, deux principales cibles ont été identifiées au sein du globus pallidus et du thalamus, relève le docteur Marie-Laure Welter, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), qui coordonne un essai thérapeutique sur le syndrome de Gilles de la Tourette. Dans une étude préliminaire portant sur trois patients, publiée en 2008, l’équipe parisienne a obtenu une amélioration des symptômes de l’ordre de 70 % avec une stimulation au niveau de la zone interne du globus pallidus.

Le protocole actuellement en cours inclut 14 volontaires qui sont stimulés avec cette même cible – proche de celle choisie par l’équipe britannique. Les critères de sélection, très stricts, excluent les moins de 18 ans, mais l’âge auquel ce traitement pourrait être proposé fait débat. Certes, cette maladie régresse spontanément dans la majorité des cas au début de l’âge adulte, mais une stimulation profonde peut se discuter plus tôt, estime le docteur Welter, dans des cas extrêmes d’adolescents complètement désocialisés et déscolarisés.

« Bientôt, poursuit la neurologue, nous disposerons de systèmes d’imagerie de type IRM ou scanner utilisables en per-opératoire, permettant un recalage de la cible pendant l’intervention. Quant aux électrodes, elles vont devenir plus fines. Les stimulations seront donc encore plus précises avec, dans l’avenir, des impulsions qui pourront être délivrées de façon adaptée aux dysfonctionnements neuronaux propres à chaque patient. » Un pas de plus vers des interfaces cerveau-machine.

(Le Monde) Sandrine Cabut

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[Jouer avec le futur] IBM Five in Five : 5 innovations qui changeront nos vies d’ici 5 ans

Chaque année, depuis six ans, IBM dévoile son « Five in Five », une liste de cinq innovations majeures censées se produire dans les 5 ans qui viennent. Cette année, ses prédictions se concentrent sur les notions de télépathie pour contrôler nos appareils du quotidien, de biométrie pour s’identifier mais aussi sur la fin du spam.

D’ici 5 ans, les premières applications pilotées par la pensée feront leur apparition dans le secteur des jeux et des loisirs, prédit IBM. © IBM

IBM vient de présenter son « Five in Five », autrement dit sa liste des cinq innovations sélectionnées parmi les travaux en laboratoires de recherche de la firme, qui amélioreront les domaines du travail et des loisirs. Les détails de ces cinq propositions de travail.

1. L’Homme comme producteur d’énergie

Cela commence avec la production d’énergie renouvelable dont la source sera les humains eux-mêmes. « Nous pourrons alimenter nos maisons avec de l’énergie que nous produirons nous-mêmes via la marche, le jogging, le cyclisme, via la chaleur dégagée par nos ordinateurs et même grâce au mouvement de l’eau dans nos canalisations… », explique IBM. Un exemple parmi d’autres : fixer la batterie d’un appareil près de la roue de son vélo pour la recharger en roulant. Par ailleurs, les scientifiques d’IBM basés en Irlande travaillent actuellement sur des techniques pour réduire l’impact environnemental des systèmes de conversion de l’énergie des vagues océaniques en électricité. Des outils analytiques évaluent en temps réel le bruit dégagé sous l’eau par ce type de machine dans le but d’améliorer leur fonctionnement.

2. La biométrie au pouvoir

Imaginez-vous un jour avancer devant un distributeur automatique de billets et, au lieu de dégainer votre carte bancaire, énoncer votre nom ou présenter votre œil devant un capteur biométrique qui vous identifiera et autorisera le retrait. Pour IBM, la biométrie sonnera la fin des mots de passe et autres codes PIN qui se multiplient et posent moult problèmes de mémorisation et de sécurité. « Chaque personne possède une identité biologique unique et derrière tout cela se trouvent les données. Les données biométriques (traits du visage, scans de la rétine, échantillons vocaux) seront intégrées à des logiciels pour bâtir votre mot de passe génétique unique. »

3. La télépathie pour contrôler les terminaux

« Nous pourrons contrôler nos terminaux par la pensée grâce aux progrès de la « bio-informatique » », prédit IBM qui explique que ses chercheurs travaillent déjà sur le moyen de lier le cerveau à un terminal comme un smartphone ou un ordinateur. Il suffirait juste de penser pour appeler quelqu’un ! Il existe déjà des casques dotés de capteurs capables de lire les impulsions électriques du cerveau pour reconnaître les expressions du visage et les niveaux de concentration et d’excitation. « D’ici 5 ans, nous commencerons à voir les premières applications de cette technologie dans l’industrie des jeux et des loisirs. Mais au-delà, les médecins pourraient y recourir pour évaluer des modèles cérébraux et peut-être aider à la réadaptation des accidents vasculaires cérébraux et à la compréhension des troubles du cerveau, comme l’autisme. »

4. « 80 % de la population mondiale possédera un terminal mobile »

D’ici 2016, IBM prévoit que 5,6 milliards de terminaux mobiles seront en circulation, ce qui représentera un taux d’équipement de 80 % de la population mondiale. Les appareils mobiles, et en particulier les téléphones, seront les principaux facteurs de réduction de la fracture numérique. « Il est moins onéreux d’acheter un mobile qu’un PC portable ou d’ouvrir un compte en banque », explique IBM qui donne l’exemple de villageois habitant un lieu reculé en Inde qui pourront se servir d’un mobile pour connaître les prévisions météo et préparer leur récolte ou savoir quand un docteur passera dans le village.

5. Les spam deviendront des courriers prioritaires

La fin du spam… un rêve irréaliste à l’heure où les échanges numériques ne font qu’augmenter ? Pas du tout, assure IBM, pour qui « dans 5 ans, les publicités non sollicités seront si pertinentes que la notion même de spam pourrait disparaître ». Comment donc des courriers indésirables que nous nous évertuons à bannir de nos messageries à coup de filtres pourraient-ils devenir « pertinents » ? IBM explique qu’il travaille sur des « solutions analytiques permettant d’intégrer en temps réel l’ensemble des données disponibles sur une personne afin de lui proposer et de lui recommander les informations qui lui seront les plus utiles ». Exemple : imaginez recevoir un e-mail vous informant que des billets pour un concert de votre groupe préféré ont été mis de côté pour vous à la date qui correspond à une soirée de libre dans votre agenda. Ou bien, être informé qu’une tempête de neige risque de perturber votre prochain voyage en avion afin de vous permettre de modifier votre vol. « La technologie saura ce que vous voulez pour que vous puissiez décider quoi en faire. »

De toutes les prédictions d’IBM, celle-ci est finalement celle qui s’avère la moins rassurante. Si les sollicitations indésirables augmentent à mesure que notre vie numérique s’intensifie (e-mails, réseaux sociaux, e-commerce…), acceptera-t-on pour autant de devenir aussi « prévisibles » pour s’en débarrasser ? Pas si sûr…

(futura-sciences.com)

 

A (re)lire ces temps-ci :

IBM et la société de contrainte

Un matin, dans Le Monde, une pleine page d’IBM « pour une planète plus intelligente ». Puis de multiples placards au fil des mois, des journaux et magazines, développent ce slogan en longs textes programmatiques par thèmes – la ville, les transports, l’entreprise, la santé, etc.- et vous vous rendez à l’évidence : IBM fait campagne pour un projet techno-étatique global.

Si vous avez quelques réflexes, un peu de curiosité, de sensibilité à la question, vous tâchez de comprendre ; vous remontez la trace d’International Business Machines. Éventuellement vous redécouvrez une vérité énoncée en 1943, lorsque IBM collaborait de toute son ardeur et de toute son expertise à la « solution finale » : « L’ensemble des citoyens du monde est sous la coupe d’un monstre international. » Mais encore ?

IBM, à l’origine de l’essor des nanotechnologies grâce à l’invention, en 1981, du microscope à effet tunnel dans ses laboratoires de Zürich, travaille maintenant à la numérisation du monde grâce aux puces, capteurs et connexions rendus possibles par ces mêmes nanotechnologies. Un projet de pilotage du monde-machine (cybernétique), qui complète celui de l’homme-machine sous implants électroniques. Bref IBM travaille à la société de contrainte.

Si la police est l’organisation rationnelle de l’ordre public, et la guerre un acte de violence pour imposer notre volonté à autrui, cette rationalisation et cette violence fusionnent et culminent dans la technologie, par d’autres moyens. Le nanomonde, ou techno-totalitarisme, est l’une de ces vérités qui ne peuvent se regarder en face. Peut-être parce que ceux qui s’estiment au fait, militants, journalistes, scientifiques, croient aussi n’y rien pouvoir ; et donc ils parlent d’autre chose pour s’étourdir, faire diversion et sauver la face.

Habitant Grenoble, nous n’avons pas ce loisir. C’est ici, en ce moment, que le Musée Dauphinois présente une exposition luxueuse et retorse, à la gloire de Vaucanson et de l’homme-machine, « augmenté ». C’est ici qu’IBM s’est implanté en 1967, dans les locaux de l’Institut de Mathématiques Appliquées (IMAG) et s’acoquine aujourd’hui avec le Commissariat à l’Énergie Atomique, dans le plan Nano 2012. C’est Michel Destot, maire de Grenoble, ancien ingénieur au CEA, qui contribue au projet d’IBM de « planète intelligente » et fait l’apologie de la cité-machine de Singapour. Ce papier était en cours de rédaction quand nous avons appris l’arrestation en Suisse de trois anarchistes accusés d’avoir voulu faire sauter un laboratoire d’IBM, à Zürich. Nous ignorons leurs motifs et le détail des accusations, mais une chose reste sûre à nos yeux : quels qu’ils soient, ces révoltés ne se sont pas trompé de cible.

(Pour le texte mis en page, cliquer sur l’icône ci-dessous)


IBM et la société de contrainte
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IBM et la société de contrainte (format brochure)
Version prête à circuler
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[Nono le petit maton] En Corée du sud, des robots vont jouer les gardiens de prison

La Corée du sud va déployer trois robots gardiens de prison au printemps 2012. Ils ne vont pas encore remplacer les gardiens, mais plutôt les aider…
La Corée du sud va déployer trois robots gardiens de prison au printemps 2012.

Il y avait déjà le robot qui marche, qui court, qui joue au foot, au ping pong, qui chante ou plie une serviette… Voilà le robot gardien de prison. La Corée du sud va expérimenter en déployant trois «automatons» dans un établissement de l’Est du pays à partir de mars, rapporte l’agence Yonhap.

On est encore loin de Robocop. Les robots mesurent 1m50 et sont équipés de divers caméras et capteurs pour repérer un comportement suspect. Ils seront chargés de signaler des actes violents ou des tentatives potentielles de suicide. En cas de problèmes, ils n’interviendront pas directement mais préviendront un gardien humain.

Détails à peaufiner

«Nous en avons presque fini avec le système d’exploitation, nous ajustons les derniers détails, notamment pour les rendre plus affables pour les détenus», explique le professeur Lee Baik-Chu, de l’université Kyonggi, qui pilote le projet.

En Corée et au Japon, le marché des robots assistants, notamment pour personnes âgées devrait exploser dans les années à venir, selon les experts.

(20 minutes)

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[Refus ADN] Le fichier des empreintes génétiques bien mal fichu

Recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, questions prioritaires de constitutionnalité, le FNAEG est contesté de toute part.

Le FNAEG porterait-il en lui le germe de sa propre décomposition? C’est ce qu’espèrent des centaines de prévenus, partout en France, qui ont refusé de se plier, au stade de la garde à vue —c’est-à-dire avant d’être condamné au moindre délit— au traditionnel don de salive sur coton-tige afin d’y déposer leur profil ADN.

Le fichier national des empreintes génétiques a en effet la particularité d’être alimenté de force —le prélèvement est «juridiquement contraint». Car en garde à vue, l’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer le prévenu qu’il peut refuser ce «prélèvement biologique», en ajoutant aussitôt que «ce refus constitue un délit». Et pas des moindres, puisque le code pénal prévoit jusqu’à un an ferme et 15.000 euros d’amende.

«C’est parfois une situation complètement kafkaïenne», résume Benjamin Deuceninck, un ancien agriculteur du Gard qui fut l’un des premiers «faucheurs volontaires» de plants d’OGM à être poursuivi pour refuser le coton-tige inquisiteur.

«Des personnes qui ont été relaxées du délit pour lequel on leur demandait leur ADN se trouvent toujours poursuivies pour le délit de refus de prélèvement…»

Il fait partie d’un groupe d’une trentaine de militants qui, ayant perdu procès sur procès pour ce «délit continu» —tant que le refus persiste, ils peuvent être convoqués à tout moment— ont porté leur cas devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg. Ces militants, soutenus par plusieurs organisations, ont récemment rendu publique la drôle de «proposition» que leur a faite un émissaire du gouvernement français, via le Quai d’Orsay: un «règlement amiable de cette affaire», en échange d’un chèque du Trésor public.

De l’argent pour calmer l’affaire

Cette procédure d’arrangement discret —très prisée en droit anglo-saxon, plus rare dans le nôtre— est, selon un avocat concerné, «monnaie courante» devant la CEDH. Cela permet à l’Etat attaqué, face à un dossier «fragile», de régler ça entre avocats et, ainsi, de ne pas risquer une humiliante condamnation. Car en pareil cas, il ne restera aucune trace de l’affaire, qui ne fera donc pas jurisprudence.

Il est très délicat pour un justiciable d’évoquer publiquement avoir fait l’objet de telles «propositions». L’un des «faucheurs» a tout de même accepté de nous fournir une copie de cette fameuse missive diplomatique, signée de la «sous-directrice des droits de l’homme» du ministère des Affaires étrangères, Anne-Françoise Tissier, proposant «d’accorder au requérant une somme de 1.500 euros en réparation des préjudices subis par lui».

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«Réparation», certes, mais «cette proposition n’implique, de la part du gouvernement, aucune reconnaissance de violation» par la France de la convention européenne des droits de l’homme, conclut la courte lettre du Quai d’Orsay.

Selon nos informations, le plus étrange c’est que certains prévenus ont reçu des propositions plus généreuses. Plusieurs milliers d’euros pour certains, voire près de 15.000 euros pour Benjamin Deceuninck (un chiffre révélé par Libération). A la tête du client… «Je ne comprends toujours pas le sens de cette démarche, nous dit-il. Comment imaginer qu’en ayant refusé pour des raisons de principe, nous serions prêts à arrêter la procédure contre une somme d’argent? J’avoue que ça m’échappe…»

Deceuninck, qui a lâché l’agriculture pour l’informatique et est devenu l’un des responsables de la section d’Alès de la Ligue des droits de l’homme (LDH), est sans doute le plus déterminé de tous —d’où, peut-être, la valeur du chèque tendu par le Quai d’Orsay.

C’est le premier qui a porté son cas, il y a plus de deux ans, devant la Cour de Strasbourg. Condamné en 2005 pour destruction d’OGM, Benjamin Deceuninck fut convoqué une première fois l’année suivante. Son refus sera sanctionné, en première instance et en appel, de 500 euros d’amende.

En 2006, il participe au premier «front» ouvert contre le FNAEG, le collectif Refus ADN, qui garde la trace de dizaines de procès impliquant, pour la plupart, des militants pacifiques. Deux ans plus tard, le collectif initie une «campagne de désinscription», qui pousse ceux ayant succombé au chantage à exiger le retrait de leurs identifiants biologique du FNAEG pour, notamment, «procédé discriminatoire».

Un fichier d’antécédents et d’ordre préventif

Créé au début des années 2000 pour répertorier les délinquants sexuels, il a depuis été largement modifié, d’abord par la gauche puis plus largement à partir de 2002 par la droite, pour y inclure des prévenus arrêtés pour plus d’une centaine de délits, dont certains mineurs (outrages, vols de téléphone portable…), en y excluant les délits financiers. Ce fichier a également la particularité d’être à double tranchant, puisqu’il recense aussi bien de simple suspects, jamais condamnés (durée de conservation: 25 ans), que des personnes jugées (40 ans de conservation).

Sur environ 1,8 million de fiches répertoriées à l’heure actuelle, les suspects —«mis en cause dans des affaires judiciaires»— sont majoritaires (55%). C’est donc à la fois un «casier» d’antécédents et un fichier d’ordre «préventif», qui, par définition, entre en conflit avec le principe de présomption d’innocence. A l’image du Stic (celui de la PJ des «infractions constatées», là aussi avant jugement), les mineurs peuvent aussi y figurer, à partir de 13 ans.

«Il faut absolument qu’il y ait un débat public sur la raison d’être de ce fichier liberticide, poursuit Benjamin Deceuninck. J’ai calculé par exemple qu’une personne sur 38 en France est concernée, ça veut dire que chacun, au sein de sa famille élargie, a au moins une personne fichée. Ça devrait faire réfléchir du monde…» La démarche du Quai d’Orsay, admet-il, leur offre une «tribune inespérée»… Mais leur action diverge pourtant sur le fond. Si lui est déterminé à se battre contre le principe même du fichage génétique, d’autres militants sont prêts à l’accepter pour «pédophilie ou terrorisme»

Les faucheurs volontaires ont toutefois un avantage par rapport à d’autres prévenus. Car une loi de 2008 exclut désormais la destruction d’OGM des délits pour lesquels un prélèvement est exigé. Même si la loi n’est pas rétroactive, le gouvernement sait bien que devant la CEDH, les faucheurs militants ont toutes les chances de remporter la partie —grâce à l’article 8 de la convention (respect de la vie privée).

D’autres militants, syndicalistes pour la plupart, bataillent eux aussi pour que leur droit au refus soit reconnu. Mais les délits pour lesquels ils ont été condamnés figurent toujours parmi les cas autorisant le fichage de leur ADN. Plusieurs syndicats dits «indépendantistes» —en Corse (STC), au pays basque (LAB), en Guadeloupe (UGTG), et même en Kanakye (USTKE)— ont monté une «plateforme», voilà un an, pour défendre ensemble leurs intérêts.

Des délégués venus des quatre coins de l’«empire français» étaient présents, en mai 2011 à Paris, pour soutenir Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental, poursuivi lui aussi pour refus de prélèvement après une condamnation pour «dégradation et violence». Si l’ex des Conti a gagné une première manche (relaxé en appel en juillet 2011, le parquet a fait appel: le procès s’ouvre à Amiens le 4 janvier), les indépendantistes dénoncent un «traitement politique» de leurs cas. Deux membres du Syndicat des travailleurs corses sont les seuls à avoir été condamnés à des peines de prison ferme (ils ont fait appel et iront «jusqu’à Strasbourg») et non à de simples amendes.

Enfin, si le gouvernement est conscient que «son» fichier ADN est juridiquement instable, c’est aussi à cause des travaux d’une généticienne de l’Inserm, Catherine Bourgain. Elle soutient depuis un an que les «segments» d’ADN récoltés sont de plus en plus «signifiants», c’est-à-dire que l’on pourrait dresser de véritables profils génétiques des personnes fichées. Or il est interdit de répertorier de l’«ADN codant» dans un fichier judiciaire…

Plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) sont instruites en ce moment sur ce point précis. La généticienne sera appelée à la barre pour témoigner en faveur de Xavier Renou, un autre militant qui sera jugé le 22 février à Senlis. Jusqu’ici un seul Etat a été condamné par la CEDH, pour le caractère «disproportionné» de son fichage ADN, c’est la Grande-Bretagne en décembre 2008. Sommé de détruire les segments des simples suspects, le gouvernement Cameron parle maintenant de les «anonymiser». Une option que pourrait choisir la France si elle subit le même sort à Strasbourg.

(slate.fr) Jérôme Thorel

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[Sea Shepherd sponso par une boite de sécurité]

Sea Shepherd utilise des drones pour traquer les harponneurs

L’association écologique américaine Sea Shepherd a indiqué dimanche utiliser des drones pour traquer et harceler les navires japonais qui pêchent la baleine dans l’océan Austral.

Offerts par une entreprise de sécurité, les deux engins lancés depuis le bateau Steve Irwin ont repéré la flotte nippone à une latitude de 37 degrés sud, à environ 1.600 kilomètres au nord de l’océan Austral.Le bateau "Steve Irwin" de l'association écologique américaine Sea Shepherd, le 7 décembre 2011 près de Perth, en Australie

Le bateau « Steve Irwin » de l’association écologique américaine Sea Shepherd, le 7 décembre 2011 près de Perth, en Australie

« Ca promet d’être une traque longue et difficile d’ici aux côtes antarctiques, mais grâce à ces drones, nous avons un avantage que nous n’avions pas jusque-là: des yeux dans le ciel », a expliqué le porte-parole de l’association, Paul Watson.

Aucune baleine n’a été harponnée par le bateau-usine Nisshin Maru pour l’instant, a-t-il ajouté.

Le Steve Irwin est suivi par trois navires japonais qui l’empêchent de prendre le Nisshin Maru en chasse, mais les deux autres bateaux de l’association, le Bob Barker et le Brigitte Bardot, plus rapides, ont les coudées franches pour perturber la campagne des baleiniers.

Le Japon organise des campagnes de chasse à la baleine au nom de la « recherche scientifique » sur les cétacés, exploitant une tolérance de la Commission baleinière internationale (CBI) pour ce type de pêche.

Les pays protecteurs des baleines et les défenseurs de l’environnement dénoncent cette pratique comme une chasse commerciale déguisée.

La CBI interdit en revanche toute pêche à visée commerciale depuis 1986.

Depuis quelques années, les baleiniers japonais qui pêchent dans les eaux glacées de l’Arctique ont notamment été perturbés par des commandos de l’association écologique américaine Sea Shepherd.

En février, Tokyo avait pour la première fois écourté d’un mois sa campagne baleinière dans l’Antarctique, après avoir totalisé un cinquième seulement des prises espérées. Les autorités japonaises ont évoqué des perturbations provoquées par l’association Sea Shepherd pour expliquer cette déconvenue.

(AFP)

Sea Shepherd intercepte la flotte de baleiniers japonais avec des drones

Le second Peter Brown lance le drone depuis le pont du Steve Irwin.

Le second Peter Brown lance le drone depuis le pont du Steve Irwin.

L’équipage de Sea Shepherd a intercepté la flotte japonaise de baleiniers le jour de Noël, à un millier de milles au nord du sanctuaire des baleines de l’océan Antarctique.

Le 24 décembre, le Steve Irwin,, l’un des navires de Sea Shepherd, a déployé un drone afin de localiser et photographier le Nisshin Maru, navire-usine japonais. Opération réussie! Une fois la chasse lancée, les trois navires harpons japonais ont mis le cap sur le Steve Irwin pour protéger le Nisshin Maru et lui permettre de s’échapper.

Mais la stratégie japonaise, qui consiste à suivre le sillage des navires de Sea Shepherd ne marchera pas cette fois. Grâce aux deux drones répartis sur le Steve Irwin et le Bob Barker, il est possible de connaître la position du Nisshin Maru et de surveiller sa route; les informations sont ensuite transmises aux navires de Sea Shepherd.

« Nous pouvons couvrir des centaines de milles avec ces drones qui s’avèrent être de véritables atouts pour cette campagne », a déclaré le Capitaine Paul Watson depuis le Steve Irwin.

Le drone baptisé Nicole Montecalvo, qui équipe le Steve Irwin , a été offert par l’entreprise Bayshore Recycling et la société de sécurité privée Moran Office of Maritime and Port Security, toutes deux implantées dans le New Jersey, aux États-Unis.

Après avoir été averti par des pêcheurs que le navire japonais franchissait le détroit de Lombok, le Capitaine Watson a attendu au sud du détroit, à 500 milles au large des côtes du Sud-Est de l’Australie. Sea Shepherd a repéré les chasseurs de baleines à une latitude de 37 degrés sud, largement au nord du sanctuaire des baleines de l’océan Antarctique.

Eleanor Lister, quartier-maître sur le Steve Irwin, originaire de Jersey, en Grande Bretagne

Eleanor Lister, quartier-maître sur le Steve Irwin, originaire de Jersey, en Grande Bretagne“La poursuite est engagée pour les 1 000 prochains milles, » a déclaré Eleanor Lister, quartier-maître à bord du Steve Irwin.

Grâce au Steve Irwin pour lequel trois des navires japonais sont mobilisés, le Bob Barker peut naviguer sans problème et le Brigitte Bardot, plus rapide que les navires harpons, peut se lancer à la poursuite du Nisshin Maru.

L’équipage de Sea Shepherd a repéré la flotte de baleiniers japonais avant qu’ils n’aient tué une seule baleine.

« Notre chemin sera long et difficile pour gagner les côtes de l’Antarctique », a déclaré le Capitaine Watson. « Mais grâce à ces drones, nous pouvons désormais nous appuyer sur un atout inédit: des yeux dans le ciel. »

Histoire du drone du Steve Irwin:
Bayshore Recycling s’engage fortement dans la protection et la préservation de la nature

Le drone baptisé Nicole Montecalvo permet à Sea Shepherd de mieux lutter pour la préservation de la faune marine dans le monde.

Woodbridge, New Jersey, États-Unis – Bayshore Recycling Corp (BRC) ne se contente pas de s’engager pour la protection des ressources naturelles via ses activités de recyclage, l’entreprise américaine incite également chacun d’entre nous à soutenir les espèces menacées. Afin de promouvoir et encourager ces initiatives, les propriétaires de BRC ont récemment fait don à la Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) d’un drone longue distance équipé d’appareils photos et de systèmes de détection. Association internationale à but non lucratif qui œuvre en faveur de la protection et de la préservation de la faune marine, la SSCS avait besoin d’un nouvel appareil aérien pour enrichir sa flotte et accroître ses ressources. Son objectif est de survoler des centaines de milles supplémentaires lors de chaque vol afin de contribuer à la recherche, la localisation et la compilation de données sur les baleiniers et les pratiques illégales de braconnage. Le drone jouera également un rôle dans la protection de la flotte et de son équipage, et permettra de prévenir les membres engagés de tout danger potentiel lorsque l’hélicoptère ne sera pas disponible. Le drone a été conçu et développé par une équipe de Moran Office of Maritime and Port Security (MOMPS) qui a également créé et fourni plusieurs autres appareils utilisés lors de la dernière campagne baptisée « Opération No Compromise », l’une des campagnes les plus réussies de Sea Shepherd contre le massacre des baleines.

Un drone longue distance est un appareil aérien automatisé dont le fonctionnement ne nécessite aucune intervention humaine. Il peut voler de manière autonome ou être téléguidé. Le drone baptisé Nicole Montecalvo a permis de localiser la flotte de baleiniers japonais dans l’océan Antarctique. Il avait auparavant servi lors d’opérations contre la pêche illégale de thon rouge au large des côtes libyennes. Ce drone a été délivré au Steve Irwin par l’agent de sûreté du navire pendant sa progression vers l’Antarctique à la recherche du navire amiral de la flotte japonaise, le Nisshin Maru. BRC souligne combien il est important de préserver les écosystèmes naturels de notre planète. Et l’entreprise montre l’exemple! que ce soit via l’utilisation raisonnée des ressources naturelles, l’économie de l’énergie, la protection des espèces menacées ou encore le recyclage des déchets ménagers. Bayshore et la SSCS lutteront désormais côte à côte pour la protection des océans et de ses vulnérables habitants.

Bayshore Recycling Corp (BRC) s’engage dans la préservation des terrains destinés à l’enfouissement des déchets pour les générations futures et développe la récupération de matériaux via des opérations de recyclage et des initiatives en faveur du développement durable. Lorsque leur construction sera achevée, Bayshore exploitera des installations totalement respectueuses de l’environnement, intégralement alimentée par de l’énergie issue de ressources renouvelables. BRC gère actuellement cinq sites de recyclage implantés à Woodbridge Township, dans le New Jersey (États-Unis), et se positionne ainsi comme l’une des entreprises les plus innovantes et les mieux intégrées verticalement dans le Nord-Est du pays. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.bayshorerecycling.com.

Le Capitaine Paul Watson, le pilote Chris Aultman et l’officier de sûreté Jeffrey Milstein, tous membres de Sea Shepherd, avec le drone dans le hangar du Steve Irwin. Photo: Barbara VeigaLe Capitaine Paul Watson, le pilote Chris Aultman et l’officier de sûreté Jeffrey Milstein, tous membres de Sea Shepherd, avec le drone dans le hangar du Steve Irwin. Photo: Barbara Veiga Image du Nisshin Maru prise par le drone le 24 décembre 2011Image du Nisshin Maru prise par le drone le 24 décembre 2011

Moran Office of Maritime and Port Security (MOMPS) est une société de sécurité privée dont la mission est d’assurer la sécurité des 361 ports maritimes américains. Elle est également chargée de veiller au respect de la réglementation maritime internationale et à l’application des quotas de pêche et de prévenir tout acte de terrorisme et de piraterie dans le monde. Sa méthode propose des solutions en temps réel inégalées, dont des experts maritimes disponibles 7j/7, toujours sur le terrain, prêts à l’action et bottes aux pieds. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.momps.com

Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) est une organisation internationale à but non lucratif de conservation de la faune et de la flore marines. Sa mission est de mettre un terme à la destruction des écosystèmes marins et au massacre des espèces dans le but de conserver et de protéger la biodiversité des océans du monde entier. Sea Shepherd met en place des stratégies novatrices d’action directe pour enquêter, documenter et intervenir si nécessaire, afin d’exposer et de combattre les activités illégales de haute mer.

(seashepherd.fr)

Des drones pour lutter contre la chasse à la baleine

Nom de code : Nicole Montecalvo. Attributs : portée de 300 km, autonomie de plusieurs centaines d’heures, résistance à des vents de 50 nœuds. Dans la bataille sans merci qu’ils livrent aux chasseurs de baleines japonais, les militants écologistes peuvent maintenant compter sur une nouvelle arme bien plus sophistiquée que leur arsenal traditionnel : des drones.

Chaque matin au cours des deux dernières semaines, deux avions téléguidés ont ainsi décollé des bateaux des « eco-warriors » de l’ONG Sea Shepherd afin d’espionner et poursuivre la flottille japonaise lors de la chasse annuelle à la baleine dans les eaux antarctiques. Les engins, équipés de GPS et de caméras, ont pu fournir coordonnées, vidéos et images fixes des baleiniers qui tentaient d’échapper aux poursuites dans l’immensité des océans, et ce malgré des conditions météorologiques extrêmes.

Grâce à ces précieuses informations, le Steve Irwin, l’un des trois bateaux de la Sea Shepherd, a réussi à repérer le navire usine Nisshin Maru à 800 km au large de la côte occidentale de l’Australie. « Cela va être maintenant être une longue poursuite jusqu’à l’Antarctique [afin d’empêcher la flotte nippone de pénétrer dans la zone de pêche], déclarait, à la veille de Noël, Paul Watson, le fondateur de l’organisation de protection des mammifères marins, basée aux Etats-Unis. Mais grâce à ces drones, nous avons maintenant un avantage que nous n’avons jamais eu auparavant : des yeux dans le ciel. »

D’où viennent ces drones ? Déjà utilisés pour lutter contre le braconnage du thon rouge au large de la Libye, ils ont été offerts à la Sea Shepherd par Bayshore recycling, une entreprise américaine de recyclage des déchets, et le Moran office of maritime and port security, une société privée chargée d’assurer la sécurité des ports aux Etats-Unis. En plus de débourser 12 000 euros pour chaque drone, les deux entreprises, basées dans le New Jersey, ont également mis la main à la poche pour former les pilotes à manœuvrer les engins à distance.

« L’avènement de nouvelles technologies telles que les drones pourra enfin mettre un terme à la chasse à la baleine japonaise en la coulant économiquement », assure Paul Watson, qui se félicite qu’aucune bête n’ait encore été harponnée depuis l’ouverture de la chasse au début du mois de décembre. « L’an dernier déjà, les bateaux japonais, qui avaient un quota de plus de 1 000 baleines, en ont seulement pris 16 %. Nous avons sauvé au moins 800 baleines », ajoute le capitaine, connu pour lancer ses bateaux à l’assaut des embarcations nippones par tous les moyens — et parfois au risque d’entraîner des victimes.

Déjà, en janvier 2010, le Ady Gil, un navire de l’ONG spécialiste des attaques à base de fumigènes ou canons à eau, lançait des boules puantes à bord du baleinier Shonan Maru 2 et tentait de bloquer ses hélices avec une corde. Le navire nippon avait répliqué en éperonnant et coulant le bateau de la Sea Shepherd. En février 2011, l’ONG avait pris sa revanche : des navires japonais, pris à l’abordage, avaient dû écourter leur campagne.

Si l’ONG, que le gouvernement japonais a voulu classer hors-la-loi, se démène tant pour combattre les embarcations nippones, c’est que la pêche à la baleine fait l’objet d’un moratoire international depuis 1986. Mais Tokyo se livre à des « prélèvements », sous couvert de recherches scientifiques. Au cours des quinze dernières années, environ 15 000 baleines ont ainsi été pêchées sans que la Commission baleinière internationale ne bronche.

(éco(lo))

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[La vidéosurveillance est un sport de combat] Vidéosurveillance à acceptation variable

Une large majorité de Français serait favorable à la présence de caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics. La réalité est plus subtile nous explique Murielle Ory, qui prépare une thèse sur l’acceptation sociale de la vidéosurveillance. Interview.

La chose serait entendue, à grands coups de sondage : les Français dans leur grande majorité, sont favorables à la vidéosurveillance sur la voie publique. Pour Murielle Ory, doctorante en sociologie sur l’acceptabilité sociale de la vidéosurveillance à l’université de Strasbourg, la réalité est beaucoup plus complexe. Ses recherches, basées sur une enquête qualitative, montrent que l’acceptation varie selon le contexte. Et in fine, “c’est la valeur que les vidéosurveillés attribuent à l’image de leur corps dans les différents espaces filmés qui apparaît en filigrane dans la construction d’un jugement sur la légitimité de la caméra.”

Aujourd’hui, on a le sentiment que la vidéosurveillance est un outil largement accepté, y compris sur la voie publique. Ce sentiment reflète-t-il la réalité ?

Dans l’historique de la controverse publique sur la vidéosurveillance, la légalisation de la caméra dans l’espace public a toujours été la plus problématique aux yeux de la population vidéosurveillée. J’oppose lieu public et lieu privé : mes enquêtés estiment que les propriétaires d’un lieu privé, un supermarché, par exemple, sont libres de décider d’une implantation. Le statut privé du lieu intervient dans le sens où le vidéosurveillé peut considérer qu’il n’est pas chez lui, il est l’invité du supermarché et n’a donc pas à interférer avec une décision d’implantation.

À l’inverse, lorsqu’il s’agit de vidéosurveiller la rue, lieu public par excellence, les choses sont moins évidentes parce qu’une partie de la population éprouve un fort attachement à la rue, au mythe de la rue, elle a une grande force symbolique. Le rejet ou l’acceptation varie en fonction de l’usage qui en est fait.

Généralement, la vidéosurveillance est acceptée quand la rue est conçue comme un simple couloir de circulation. Elle est refusée quand on la considère comme un espace de rencontre, un espace de discussion ou un lieu d’expression politique parce que la rue joue un rôle vital dans l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression. Dans les entretiens, les références à l’occupation allemande apparaissent le plus souvent : l’activité des résistants français aurait été impossible ou du moins beaucoup plus compliquée si les vidéos de voie publique avaient été présentes.

La vidéo de voie publique est rejetée par ceux qui disent vouloir vivre leur ville et y séjourner. La vidéo devient un marqueur central de possession, c’est-à-dire un objet placé au centre du territoire que le surveillant veut s’approprier. Cette interprétation est renforcée par le discours des porte-parole des polices qui présentent souvent la caméra comme un outil utile pour reconquérir des territoires qui seraient abandonnés à une population délinquante.

Une commande du ministère de l’Intérieur

La thèse de l’acceptation générale est donc discutable. Elle est véhiculée par le champ médiatique et confortée par des sondages d’opinion. L’enquête faite par Ipsos en 2007 pour le ministère de l’Intérieur est très révélatrice des méthodes que ce type de sondage utilise. Elle indique que 78% des personnes interrogées sont favorables ou très favorables au développement de la vidéo dans les lieux publics pour lutter contre l’insécurité et le terrorisme.

On peut s’étonner de l’imprécision des termes : qu’est-ce que le sondeur entend par lieu public ? Parle-t-il d’un parking public ? D’un parc ? D’une rue dans un quartier résidentiel ? Il suffit de nous projeter dans ces trois espaces pour comprendre que l’impact de la caméra sur la personne filmée n’est pas le même. L’usage de ces trois endroits est différent. L’ensemble des réponses obtenues pour la même question varie selon ce que le sondé entend par lieu public.

De plus, la question attribue d’emblée une fonction à la vidéo, la lutte contre l’insécurité. Le débat entre “pro et anti” porte précisément sur le type de motivation qui guide les décideurs de l’implantation et les opérateurs ensuite. Pour les pro il s’agit de protéger la population, pour les anti, de la surveiller. Je suis d’accord avec l’association Souriez vous êtes filmés que cette question revient à dire si l’on est pour ou contre l’insécurité et le terrorisme. Bien sûr que non donc obligatoirement je devrais être pour la vidéosurveillance ! La réponse est pré-mâchée et exclue toute possibilité de réflexion.

Après, c’est un fait qu’il n’a jamais existé aucun mouvement social d’opposition de masse. On peut essayer de l’expliquer : la présence d’une caméra peut être gênante, agaçante voire vide de sens mais au sens strict, elle n’interdit aucune action. Une ville sous vidéo-surveillance n’est jamais un espace de détention où la caméra prescrirait un type déterminé de comportement. Un dispositif de vidéosurveillance ne fonctionne pas comme un mur qui interdirait matériellement l’accès ou le retrait d’une zone filmée. C’est pour cela que l’opposition reste individuelle. Elle a pu être collective avec des associations comme Souriez vous êtes filmés ou le Collectif de réappropriation de l’espace public (Crep) à Strasbourg mais cela n’a jamais été un mouvement d’ampleur.

Comment définir un opposant à la vidéosurveillance ? Un partisan ?

Les deux partagent un trait commun : ils s’opposent au vidéosurveillé indifférent, dans le sens où tous les deux estiment que rien ou presque n’échappe à l’opérateur. Comme celui qui se croit en insécurité pense que les écrans reliés aux caméras sont constamment observés, il considère pouvoir compter sur l’intervention du surveillant en cas de problème.

La même conviction est responsable de l’émergence de le sensation d’oppression qui justifie le rejet de la vidéo. L’objectif de la caméra, c’est l’œil ubiquiste1 de Big Brother dans la mesure où il symbolise la puissance visuelle illimitée.

Ces deux catégories forment l’ensemble des surveillés, qui s’opposent aux incrédules qui sont généralement indifférents à la vidéosurveillance. Ils ne croient pas être observés par un opérateur car ils ne croient pas en l’efficacité de la vidéosurveillance. Ils évoquent l’utilisation d’un matériel qui serait peu performant qui fournirait des images en noir et blanc de faible définition.

Croyances sur l’insécurité

Une série de croyances sur l’insécurité oppose aussi le pro et l’anti. La pression du sentiment d’insécurité occupe une place centrale dans le processus d’acceptation. Croire que l’insécurité urbaine est quelque chose de diffus va généralement de paire avec une adhésion.

Plus précisément, le désaccord repose sur la question de la réalité de l’insécurité. Pour le pro, la délinquance et les incivilités augmentent ces dernières décennies alors que pour les anti, cette ambiance sécuritaire est non justifiée parce que construite de toute pièce par ceux qui trouvent un intérêt financier politique ou professionnel dans un sentiment d’insécurité élevé.

Toutefois, la peur n’est pas suffisante pour justifier l’implantation de la caméra. C’est là que les choses deviennent encore plus intéressantes. On peut être convaincu qu’il existe un fort taux d’insécurité et refuser tout de même la vidéo. Ce qui divise alors, ce sont les causes de la violence et à partir de là le type de réponse à apporter pour réagir efficacement. Ceux qui ont peur et sont partisans de la caméra tiennent le délinquant ou le criminel pour seul responsable de ses actes et du climat d’insécurité. Ils considèrent la prévention et le travail social comme des réponses inefficaces à la violence et accusent de laxisme les politiques qui y ont recours. Le recours à la vidéosurveillance dans sa visée dissuasive et répressive est justifié.

À l’inverse, pour ceux qui ont peur mais sont anti, la violence est le résultat de l’insécurité sociale : le chômage et les inégalités. Il n’y a qu’un État social capable d’assurer l’autonomie de chacun qui pourra agir efficacement sur la délinquance. La vidéosurveillance ne sert à rien, au contraire, elle rajoute du sel sur la plaie causée par l’exclusion parce que la caméra est un signe de menace et de défiance vis-à-vis de la population, c’est un perpétuel rappel à l’ordre pour les citoyens.

Existe-t-il des opposants ou des partisans à 100% ?

Je n’ai jamais rencontré un détracteur ou un partisan total. Un militant anti peut être indifférent à la vidéosurveillance dans un supermarché car elle peut être contournée mais si cela implique une réorganisation plus ou moins contraignante des activités quotidiennes. Ce qui est souligné, c’est que la multiplication des caméras dans des lieux différents rend les tactiques d’évitement de plus en plus difficiles.

Un détracteur peut estimer que le sentiment d’insécurité que lui ou d’autres éprouve dans un lieu est légitime. On peut se positionner globalement contre la vidéosurveillance mais comprendre que dans un parking souterrain les usagers et en particulier les femmes peuvent avoir peur car il présente un fort degré de dangerosité.

A contrario, un partisan peut ne pas être d’accord lorsqu’il n’arrive pas à lui attribuer un sens, par exemple si elle est installée dans un café ou dirigée vers la terrasse d’un café. D’une part, on se sent soi-même en sécurité. D’autre part, on voit mal l’intérêt du propriétaire de l’établissement d’installer une caméra. Il est “stupide” – c’est le terme de mes enquêtés – de s’équiper pour lutter contre le vol des verres ou des cendriers. Se projeter sur la terrasse d’un café entraine de la part des partisans deux réactions différentes. Soit de l’indifférence, à la rigueur, on juge que c’est une perte d’argent. Soit une réaction de rejet car si elle ne sert pas à protéger, elle doit servir à surveiller, à épier diront certains, récolter de l’information sur les individus.

On voit de plus en plus se développer des tiers-lieux, entre vie privée et vie publique, comme par exemple les espaces pour manger dans les supermarchés. Sont-ils perçus comme des lieux où la transparence est acceptée ?

J’ai demandé à mes enquêtés de se projeter à la terrasse d’un café, c’est un rejet quasi généralisé. Seuls deux enquêtés, pro caméras, me disent être indifférents en invoquant la possibilité de fréquenter un autre établissement si la caméra les gêne.

Cette opposition généralisée est motivée par la sensation déplaisante liée au risque d’être fixé, épié par le surveillant. Pour le pro vidéosurveillance sur la voie publique, la caméra n’est pas gênante car il est déjà sous les yeux des autres passants : l’espace public est par définition ouvert à la vue de tous. Pourtant en terrasse, les choses sont différentes car cela revient à être immobile pendant un assez long moment et cette immobilité favorise l’émergence du sentiment d’être examiné. De même quand on attend devant un passage piéton ou lorsque l’on fait la queue à la caisse d’un supermarché.

L’art du voir sans voir

C’est logique : le vidéosurveillé ne voit pas le surveillant mais il sait que quand le temps d’exposition est long, l’opérateur a le temps de le dévisager, alors qu’entre les clients du café, le clin d’œil doit prévaloir. Il s’agit en fait d’un code d’interaction qui régit les contacts populaires. La fixité d’un regard dans la vie quotidienne est considérée comme déplacée voire grossière. Il y a donc rejet dans le contexte de la terrasse car quand les gens savent ou croient qu’ils sont fixés par la caméra, la détente et le plaisir sont exclus alors qu’ils caractérisent précisément les activités réservées à cet endroit. C’est comme sur une plage : l’ordre social repose sur l’art du voir sans voir, selon l’expression du sociologue Jean-Claude Kaufmann. Le bien-être et la distraction ainsi que la sauvegarde du caractère intime des conversations passent par l’inattention civile, c’est-à-dire l’adoption d’un comportement neutre, indifférent vis-à-vis de l’environnement. Dans ce cadre, l’opérateur transgresse ces conventions.

Quels critères pour l’acceptation et le rejet se dégagent dans les discours des enquêtés ?

La question de la confiance accordée au décideur de l’implantation arrive d’abord, suivie de la confiance aux opérateurs pour utiliser la vidéo dans son objectif officiel, avec bienveillance en faisant prévaloir le souci du bien public. Être pro pour des raisons de sécurité n’implique pas non plus forcément une renonciation à une certaine part d’opacité, d’accepter de tout montrer de soi à l’opérateur. Ce qui est rendu transparent, intelligible grâce à la caméra, ce n’est pas l’individu surveillé mais le sens de la situation qu’il est en train de vivre sous la caméra. Pour lui, ce que l’opérateur est à même de comprendre, c’est que celui qu’il voit sur son écran est en train d’être agressé par exemple.

Pour le détracteur, le système rend transparent la personne filmée puisque la caméra permet de filmer toutes les informations issues de la communication non verbale et cela sans rien révéler de lui en retour.

C’est ici qu’apparait l’argument phare du rien à cacher, avancé par les partisans : si vous n’avez rien à cacher, la caméra ne devrait pas vous déranger. Pour ceux qui font confiance aux professionnels de la vidéosurveillance, ceux qui n’acceptent pas d’être filmés ne peuvent être que ceux qui ont quelque chose à se reprocher sur le plan légal. Cet argument suppose que les caméras sont implantées dans l’unique but de repérer les délinquants et que les opérateurs font preuve d’intégrité dans leur travail. Dans ce sens, on peut dire que les défenseurs de la caméra ne conçoivent pas le regard surveillant comme étant susceptible d’indiscrétion.

Ce qui explique qu’on assiste au développement des chartes de déontologie

Oui, de même la formation proposée aux opérateurs, qui est très courte, cinq jours. C’est effectivement une question qui commence à prendre une place importante dans le débat.

Sur le contre-argumentaire des anti, ils reprochent à leurs adversaires de restreindre la question sur la dangerosité de la caméra au contexte politico-judiciaire dans lequel ces systèmes sont implantés à l’heure actuelle. Mais comment être certain que demain on ne commettra aucune infraction à la loi parce que la définition de la légalité aura été modifiée ? Ils pointent le caractère labile des limites de la légalité donc l’impuissance et la vulnérabilité de tous les vidéosurveillés dans un contexte de basculement de la démocratie vers la dictature.

“Le superflu précautionnaire”

L’éventail des informations que l’on peut considérer comme à cacher est bien plus large que la commission d’actes illégaux : tout ce qui concerne la vie privée, l’intimité ou les manières d’exercer les libertés individuelles et collectives. Les limites de l’argument du rien à cacher résident dans ce que le sociologue Michalis Lianos appelle “le superflu précautionnaire”3: toutes les informations récoltées par le dispositif sur des comportements qui ne concernent en aucun cas les finalités institutionnelles réservées au dispositif. Le superflu précautionnaire réside de la capacité technique de la caméra à filmer et enregistrer tout ce qui se déroule dans son champ.

Naguère phénomène urbain, la vidéosurveillance est maintenant aussi acceptée à la campagne. Pourquoi ce clivage s’est-il dilué ?

Aujourd’hui, la grande majorité de la population, urbaine ou rurale, des pays riches et développés, se voient régulièrement sur une image : photographie, image de caméscope, on utilise son téléphone portable, Facebook ou Photoshop pour se mettre en scène. C’est encore plus vrai pour les jeunes qui se construisent dans les images. Cette mise en scène de soi, avec une diffusion dans toute la société de ces dispositifs de captation d’image, explique en partie l’acceptation ou l’indifférence face à la vidéo. D’une part parce qu’elle participe à la banalisation de l’objet caméra, de l’expérience qui consiste à être filmé de façon répétée et se voir de plus en plus couramment sur une image fait reculer les tendances à ce que l’on pourrait appeler l’iconophobie.

D’autre part, il y a un phénomène d’autoéducation, un développement de l’intelligence des personnes par rapport à l’exactitude des images.

Enfin, toute la population accède à ce que Lianos appelle “le monde médiatique du crime” qui fournit au spectateur des représentations du monde physiquement violent. Il faut entendre par cette expression tout particulièrement la télévision puisqu’il a été montré que la présentation par la télévision des violences urbaines influence le plus les représentations de l’insécurité des Français. La peur de victimation c’est-à-dire la peur pour la sphère intime de la personne, le corps et les espaces destinés au corps, se construit beaucoup moins à partir de l’expérience directe de la violence physique que des images fournies sur cette violence. D’ailleurs, être victime d’une infraction violente est une expérience relativement rare. Les crimes violents enregistrés par la justice concernent surtout les personnes les plus défavorisées. Pourtant la peur de victimation augmente dans toutes les classes sociales.

cameras neuves

Est-ce l’acceptation politique qui précède l’acceptation par la société ? Ou l’inverse ? Ou est-ce un mouvement de va-et-vient d’une sphère à l’autre ?

Il est essentiel de reconsidérer cette idée d’une acceptation quasi-généralisée que les médias et les politiques tiennent pour acquis. Quand les politiques décident d’installer de la vidéosurveillance, cette idée d’acceptation est très importante puisqu’elle permet dans une société démocratique de légitimer leur décision. Et les enquêtes dites d’opinion publique, sensées recueillir l’avis de la majorité des Français, viennent régulièrement fournir des chiffres chocs et conforter cette croyance en l’acceptation généralisée de la vidéo.

Néanmoins, l’acceptation sociale détermine aussi l’acceptation politique. Il existe une demande réelle de la part d’une partie de la population. C’est une conséquence de la peur de victimisation. Faire l’éloge de la vidéo et en fournir à une population qui se sent menacée permet au politique de flatter l’électorat.

L’inverse est aussi vrai. C’est le cas par exemple lorsque les politiques soutiennent l’idée de l’efficacité de la vidéosurveillance dans la lutte contre la délinquance. La population est incapable de statuer une bonne fois pour toute sur cette question, les enquêtés sont bien conscients qu’il s’agit d’une question de spécialiste. Le problème en France est qu’aucune étude sérieuse sur l’efficacité de la vidéosurveillance dans une visée répressive ou dissuasive n’a été menée et rendue publique.

Récemment, la Cour des comptes a publié un rapport très critique sur la vidéosurveillance, les finances des collectivités territoriales sont en berne. Dans cette situation, peut-on imaginer qu’une municipalité débranche ses caméras ?

Non, je ne crois pas. Électoralement parlant, ce n’est pas envisageable. La peur de victimation est telle que la population ne comprendrait pas ce retour en arrière. D’un point de vue strictement financier, avoir investi tant d’argent pour revenir en arrière signerait l’échec de leur engagement et de leur décision.

(owni.fr)

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[Flics de l’epace] Premières images du satellite Pléiades 1A

Le satellite Pléiades 1A livre ses premières images, 4 jours après sa mise en orbite par une fusée Soyouz, le 17 décembre 2011. Plusieurs extraits sont mis à disposition du public.

Les premières images acquises par le satellite Pléiades 1A sont mises à disposition par le CNES sous la forme d’extraits téléchargeables. Elles révèlent la netteté et la précision des produits Pléiades à 50 centimètres de résolution sur les villes de Paris, Madrid et San Francisco.

Pléiades 1A imagery - Paris - dec2011- ext

Musée du Louvre, Paris, France

La première image d’un satellite d’observation de la Terre, c’est aussi le moment où, pour la première fois, les instruments embarqués et les systèmes au sol sont activés. La capacité de collecte qui comprend la programmation du satellite, l’acquisition de l’image, la réception des données et les prétraitements, est vérifiée de bout en bout.

« Les mois prochain, Pléiades 1A va dévoiler ses multiples innovations. Agilité et réactivité sont les nouveaux termes qui accompagnent, maintenant, l’imagerie Très Haute Résolution”

Patrick le Roch Directeur Exécutif, GEO-Information Services

En janvier lorsque le satellite aura atteint son orbite définitive, le premier produit Pléiades sera publié avec 50 cm de résolution et 20 km d’emprise au sol, la plus large de sa catégorie. Ces caractéristiques en font la solution idéale pour la cartographie détaillée et la photo-interprétation.

First Pléiades 1A imagery - Casablanca - dec2011

Mosquée Hassan II, Casablanca, Maroc

First Pléiades 1A imagery - San Francisco - Dec2011

Bay Bridge, San Francisco, Etats Unis


(astrium-geo.com)

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[Faut pas jouer avec les allumettes] Incendie dans un sous-marin nucléaire russe

Le niveau de radioactivité dans la localité de Rosliakovo, lieu de l’incendie d’un sous-marin nucléaire russe, est dans la norme et ne présente « pas de menace pour la population », a indiqué vendredi 30 décembre l’antenne régionale du ministère des situations d’urgence. « Ces paramètres sont dans la fourchette de fluctuation de la radiation naturelle. Il n’y a pas de menace pour la population », a indiqué le ministère dans un communiqué. Selon le ministre des situations d’urgence russe, Sergueï Choïgou, l’incendie est éteint.
Peu avant, les agences russes qui citaient les autorités indiquaient que le feu était « maîtrisé », alors qu’une partie de l’équipage se trouvait à bord du submersible. « Une partie de l’équipage est à bord du sous-marin et contrôle en permanence les paramètres de températures et de dioxyde de carbone », selon le ministère de la défense.

Neuf pompiers ont été légèrement intoxiqués par la fumée de cet incendie, qui s’est déclaré à 16 h 20, heure de Moscou (13 h 20, heure de Paris), et ne présente aucun danger pour l’intérieur du bâtiment selon les autorités, a indiqué une source du ministère russe des situations d’urgence, citée par l’agence. « L’incendie a été circonscrit à 1 h 40 heure de Moscou (22 h 40, heure de Paris)« , a déclaré le ministre Sergueï Choïgou, cité par Interfax. Il doit être « complètement éteint dans les heures qui viennent », a précisé à l’agence un porte-parole de l’antenne locale du ministère.

SYSTÈME DE PROPULSION NUCLÉAIRE COUPÉ

Une enquête criminelle pour « destruction ou endommagement de biens militaires par imprudence » a été ouverte, selon un porte-parole du parquet militaire russe, cité par Ria Novosti. Aucune information n’a été donnée jusqu’ici sur les causes de cet incendie, alors que, selon les autorités russes, aucun système d’armement n’est à bord du sous-marin dont le système de propulsion nucléaire est coupé.

Le ministère russe des situations d’urgence, cité par Interfax, a précisé qu’il s’agissait du sous-marin nucléaire Ekaterinbourg et qu’aucune fuite de radioactivité n’avait été constatée en provenance de ce submersible, mis en service dans l’armée russe en 1985. Ce sous-marin nucléaire de classe Delta IV a été commandé par l’ex-URSS en 1985 et peut transporter jusqu’à 16 missiles balistiques intercontinentaux, selon le descriptif du sous-marin donné par des médias russes.

Le drame, dont le monde entier se souvient, fut celui du fleuron de la marine russe, le Koursk, qui avait coulé en 2000 et dont les 118 membres d’équipage avaient péri, faute de secours. La gestion de l’accident par Vladimir Poutine avait alors été vivement critiquée.
En 2008, le déclenchement intempestif du système anti-incendie à bord du sous-marin russe Nerpa avait provoqué la mort de 20 personnes, dans l’océan Pacifique.

(AFP)

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[Fausse bonne idée] Les militants des mouvements «Occupy» auront bientôt leur propre réseau social

Il permettra aux activistes de s’organiser en restant hors d’atteinte des autorités…

«Nous ne voulons pas avoir à faire confiance à Facebook lorsque nous échangeons des messages privés entre activistes», a déclaré au site Wired le développeur Ed Knutson. Cet homme de 36 ans qui vit dans le Wisconsin aux Etats-Unis, s’échine pour que les activistes des différents mouvements «Occupy», qui militent pour plus de justice économique et sociale, ait leur propre plate-forme sociale.

L’objectif est de pouvoir continuer la protestation en ligne, alors que plusieurs campements à travers le monde, comme celui d’Occupy Wall Street à New York, ont été démantelés par les autorités. Mais il s’agit surtout de pouvoir échanger, s’organiser, collaborer sur des projets de groupe, sans avoir affaire à la police et risquer de se faire arrêter.

Des informations sur plusieurs comptes demandées à Twitter

Facebook et Twitter ont été de formidables vecteurs d’information et de mobilisation pendant le Printemps arabe ou lorsque les Indignés européens ont souhaité développer leur mouvement. Mais ces réseaux sociaux restent des entreprises américaines, qui ont obligation de collaborer avec les autorités. La preuve, Mashable rapporte que Twitter a reçu une injonction le 14 décembre d’un procureur du Massachusetts afin d’obtenir des informations, pour la police de Boston, sur plusieurs comptes dont @OccupyBoston . «Ce qui amène certains à se dire que la police contrôle l’activité en ligne des militants»,  écrit le site spécialisé.

Une inscription sur invitation uniquement

Voilà pourquoi «Global Square», le réseau social en cours de création pour les mouvements «Occupy» doit voir le jour, estime Ed Knutson. Le principal défi sera de s’assurer que tous les membres sont dignes de confiance, explique-t-il à Wired.  Rejoindre la plate-forme se fera alors uniquement sur invitation, à la différence de Twitter, Facebook et Google+, sur lesquels tout le monde peut avoir un compte en fournissant simplement une adresse e-mail. «Vous devez connaître quelqu’un dans la vraie vie qui va vous parrainer», indique Ed Knutson.

La plate-forme offrira aux militants une carte interactive des soulèvements à travers le monde, une fonction de recherche pour trouver les mouvements qui se sont créés près de chez eux, des forums de discussion, un espace pour les travaux de groupe ou encore une messagerie. Une première version de «Global Square» devrait voir le jour courant janvier.
(20 Minutes) A.G.

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