Révélations: l’enquête judiciaire sur un accident tenu secret sur la base aérienne 125 d’Istres révèle des défaillances et des dérives graves dans le transport routier de munitions stratégiques.
Un semi-remorque de munitions stratégiques qui se renverse dans une base aérienne. L’accident donne froid dans le dos. Sa révélation un an et demi plus tard stupéfie. Autant que les conclusions accablantes de l’enquête judiciaire qui dévoile une succession de négligences et de dérives graves, facilitées par une carence de contrôle du commandement militaire.
Tout démontre qu’une routine, un effarant relâchement des personnels insuffisamment formés et fortement sollicités ont pris le pas sur le respect absolu des protocoles de sécurité encadrant la logistique des munitions nucléaires convoyées par la route à un rythme soutenu en 2010.
Trois militaires blessés
A l’origine de ces constats inquiétants, un accident tenu secret, survenu le 9 juin 2010 sur la base aérienne 125 d’Istres, avec un vrai bilan humain : trois militaires blessés dont un très grièvement. Leur ensemble routier qui était parti en fin de nuit de la base aérienne 702 d’Avord (Cher) ne transportait à ce moment-là pas d’ogive nucléaire.
L’événement nous est révélé furtivement avec la comparution prochaine du chauffeur devant le tribunal correctionnel de Marseille. Ce caporal-chef de 28 ans sera jugé le 16 janvier prochain en chambre militaire pour « blessures involontaires », « mise hors service d’un matériel à l’usage des forces armées » et « violation de consignes ».
Le préjudice dont l’armée veut le rendre responsable est colossal. A la mesure du caractère exceptionnel de ce VSRE (véhicule spécial renforcé) mis hors d’usage. Les Forces aériennes stratégiques ont chiffré sa perte à 50 millions d’euros.
« Les missions passent en premier, la sécurité des personnels ensuite », accuse un mécanicien de l’air.
Un jogger surgit près du « bâtiment K »
Ce mercredi-là, après un long périple autoroutier de près de 600km qui l’a conduit par Bourges, Lyon, Macon, Orange, l’engin dont les enquêteurs ignoraient jusqu’à l’existence de son unité secrète de rattachement – l’escadron de soutien technique spécialisé – se présente à l’entrée de la base aérienne 125 d’Istres. A son bord, trois hommes de l’ombre à l’anonymat désormais protégé (lire ci-contre) : deux chauffeurs et un chef de bord et de sécurité.
Le monstre bleu de 33 tonnes et 585 CV roulait à vide, nous assure-t-on car il venait en remplacement d’un blindé tombé en panne. Tout au long de l’année 2010, des convois soutenus se sont dirigés vers le très secret « bâtiment K » de la base, un des 4 dépôts stratégiques de munitions nucléaires de l’Hexagone. Il est même regardé comme le plus important. C’est là, dans des galeries souterraines, que sont stockés en particulier les derniers missiles ASMP-A dédiés aux Mirages 2000-N et bientôt aux Rafales F3.
Les catastrophes sont toujours un enchaînement diabolique de défaillances. Ici, le VSRE roule bien trop vite quand à 14h45 un coureur surgit sur le côté dans un virage. Oui, un coureur en short et gros Marcel qui fait même rire l’équipage. « J’ai remarqué la présence d’un jogger courant sur ma voie de circulation mais à contresens. J’ai dû me déporter sur la gauche. J’ai vu dans le rétroviseur la remorque se soulever », explique le chauffeur affecté depuis peu à la conduite de ce blindé. Il tente bien de freiner sur 67 mètres mais ripe sur 21 mètres et se renverse sur le bas-côté.
« Un manque total de contrôle »
Bien que blessés, lui et son supérieur parviennent à s’extraire par une trappe de secours. Le second chauffeur reste bloqué dans la cabine. Il sera héliporté sur l’hôpital Nord avec deux vertèbres cervicales fracturées et restera alité durant six mois. Le plan de crise est activé sur la base. Des officiers de sécurité nucléaire et du renseignement militaire bouclent aussitôt la scène et encadrent les gendarmes de la base pour que leurs investigations ne laissent rien filtrer de top-secret.
Le bavard dans l’histoire, c’est le disque tachygraphe. Le mouchard révèle que le camion roulait à 72km/h au lieu des 30 imposés ; qu’entre Avord et Istres, le chauffeur a fait une pointe à 105km et 10 jours avant à 120km/h ! Alors même qu’un dispositif bride le moteur à 80km/h que seul le chef de convoi peut désactiver en situation de crise. Les enquêteurs vont de surprise en surprise : « Les personnels ont connaissance d’une technique de neutralisation du limitateur de vitesse sans briser le plomb de protection », sidère le rapport qui laisse pantois sur la « conduite sportive » de ce jeune militaire parfois « indiscipliné » mais dont le « comportement irresponsable » a été facilité par « un manque total de contrôle de la part de la hiérarchie ».
Ce n’est pas fini. Leur formation est insuffisante. Pour prendre le volant du Scania blindé, un simple permis semi-lourd (!) suffit en plus d’un solide parrainage, d’une qualification TMD7 (transport de matières dangereuses radioactives) et de l’habilitation au « secret défense ».
Après l’accident, la promotion du chauffeur !
Un laxisme qui a fait bondir l’Autorité de sûreté nucléaire de défense (ASND). Car les chauffeurs n’ont pas reçu de « véritable formation adaptée à la conduite de cet ensemble routier en situation normale et dégradée », une absence qui « a induit des dérives dans le comportement de conduite des chauffeurs de l’Escadron ». En garde à vue, les chauffeurs vont parler de leurs « temps de pause ou de repos non respectés dans les manœuvres de chargement et de déchargement des colis sensibles ».
En vérité, le jeune chauffeur poursuivi est un mécanicien de l’air, simple « conducteur routier » qu’on situe au grade de caporal en juillet 2009. La Marseillaise est en mesure d’affirmer que par un singulier tour de passe-passe, quinze jours à peine après ce singulier crash à 50 millions d’euros, la direction des ressources humaines de l’Armée de l’air s’est empressée de lui décerner « par équivalence » le brevet élémentaire de technicien de « conducteur grand routier de transport de fret » avec… effet rétroactif au 1er mars 2010 ! Sa promotion signée rien que pour lui par délégation du ministre est vite glissée pour parution au 25 juin 2010 du Bulletin officiel des Armées. On découvre que le chauffeur est désormais caporal-chef. L’Armée de l’air ne manque vraiment pas d’air. Les juges apprécieront. A se demander si le semi-remorque était vraiment vide ?
« Le camion s’est bloqué à nouveau »
L’ensemble routier connaissait aux dires des mécaniciens des problèmes sur son système de frein : « La veille, j’avais fait actionner les freins à trois reprises et l’ensemble routier s’était mis en défaut d’air », affirme un chauffeur. « Nous avons failli avoir un accident à plusieurs reprises », ajoute un autre qui révèle un incident précédent lors d’un convoi à destination de Valduc, le site de construction des têtes nucléaires en Bourgogne. Il avait fallu pincer une durite qui fuyait pour accomplir les derniers mètres : « Nous avons réussi à arriver jusqu’au premier portail du centre spécial militaire de Valduc. Le camion s’est bloqué à nouveau. Nous n’arrivions plus à ouvrir les portes du tracteur. (…) Cela n’a pas empêché de faire partir une mission en ne sachant pas l’origine réelle de l’accident. » Et ce genre de convoi a traversé allègrement la France… La Dépêche du Midi a d’ailleurs publié récemment le cliché (ci-dessus) d’un convoi sur l’A61.
« Les missions passent en premier, la sécurité des personnels ensuite », accuse un mécanicien de l’air qui note que le commandant ne s’est même pas déplacé au chevet du chauffeur le plus blessé. Auditionné, le Pacha de l’escadron de transport de matériels spécialisés, un lieutenant de 37 ans, a reconnu que depuis le début de l’année 2010 « le plan de charge est devenu très difficile », « le nombre de missions a augmenté avec des déplacements à un rythme très soutenu parfois jusqu’à 3 à 4 semaines de missions à la suite (…) rythme fatiguant compte tenu des spécificités de ce transport ».
« La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires », a écrit Clémenceau. S’agissant de la justice militaire, elle est confiée depuis 1982 à des magistrats civils. Mais il se pourrait bien que d’ici le 16 janvier prochain, la « grande muette » ne fasse tomber le rideau du huis clos sur ce procès.
« Il s’est passé des choses inacceptables »
Joint par téléphone, le nouveau Délégué à la sûreté des installations nucléaires de Défense (DSND), Bernard Dupraz, reconnaît l’anormalité de la situation.
« Il s’est passé des choses inacceptables avec ce véhicule spécialisé qui circulait à vide. La DSND est intervenue au titre du retour d’expérience qui est permanent mais vous comprendrez que nous sommes dans le domaine des transports de colis spéciaux et que le contenu des enseignements est donc classifié. Ce que je peux dire, c’est que depuis, je n’ai eu connaissance d’aucun aléas qui ait mis en cause la sécurité des transports de munitions nucléaires », veut rassurer celui qui veille depuis mai dernier au respect de la réglementation sur la sécurité des professionnels civils et militaires travaillant sur les sites de dissuasion nucléaire.
Contacté par le biais de sa cellule « affaires nucléaires », le ministère de la Défense n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.
Faut-il y voir une conséquence de l’accident ou bien la perspective du procès ? Le Journal officiel a publié un arrêté ministériel du 7 avril 2011 qui ajoute un escadron jusque-là inconnu à la liste des unités militaires dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l’anonymat des personnels : l’Escadron de transport de matériels spécialisés 91.532. Celui de l’accident.
Ce corps, qui convoie pour le compte du Commissariat à l’énergie atomique les éléments de munitions nucléaires par la route, ne figurait jusqu’alors dans aucun organigramme. La base aérienne 702 d’Avord (Cher) qui l’abrite l’avait sorti des écrans radar. Il n’existait officiellement pas. L’arrêté ministériel signé par Gérard Longuet sort des limbes cette unité secrète pour aussitôt faire rentrer dans l’anonymat ses personnels, à l’exception de son commandant.
(La Marseillaise)DAVID COQUILLE
Quand les convois nucléaires roulent trop vite… (actualisé)
Le quotidien La Marseillaise révèle l’accident d’un camion de l’armée de l’air destiné au transport des têtes nucléaires. Excès de vitesse !
Cela ressemble à un banal accident de poids-lourds. Un camion roule trop vite et, pour éviter un joggeur, se décale brutalement vers la gauche, freine, dérape et se renverse sur le bas-côté. Le véhicule est hors d’usage. A bord, trois personnes : deux sont légèrement blessées mais le troisième, un chauffeur au repos, a deux vertèbres fracturées et restera allité pendant six mois. Problème : le véhicule en question est destiné au transport des ogives nucléaires ! Heureusement, il n’en tranportait pas à ce moment là…
L’accident s’est déroulé le mercredi 9 juin 2010 sur la base aérienne BA 125 d’Istres et il avait, jusqu’à présent, été tenu secret. C’est le quotidien de gauche La Marseillaise qui le révèle aujourd’hui, sous la plume de David Coquille. Parce que l’affaire va venir très prochainement en justice. Le caporal-chef de 28 ans, qui conduisait le camion, sera jugé, le 16 janvier prochain, par la chambre militaire du Tribunal correctionnel de Marseille pour « blessures involontaires », « mise hors service d’un matériel à l’usafge des forces armées » et « violation des consignes« . Selon toute vraisemblance, l’audience devrait se dérouler à huis-clos.
Car elle met en cause une unité dont l’existence même a été révélée publiquement il y a quelques mois. Nous racontions alors sur ce blog comment un décret paru au JO sur l’anonymat de certains personnels militaires nous avait permis d’apprendre l’existence de l’Escadron de transport de matériels spécialisés ETMS 91.532. Comme nous l’écrivions alors « cet ETMS, basé à Avord, est une unité de l’armée de l’air en charge du transport routier des armes nucléaires. « Spécialisé », dans le jargon militaire, veut dire « nucléaire » ! Ce sont les véhicules et les hommes de cet escadron discret qui transportent les éléments des armes entre l’usine CEA du Valduc (Cote d’Or), les « bâtiments K » (ex-DAMS, dépôts ateliers de munitions spéciales) des bases aériennes et l’Ile Longue, dans le Finistère. Cette unité est tellement discrète qu’elle ne figure pas sur la liste des unités accueillies par la BA 702 d’Avord (Cher). »
Les camions utilisés pour cette mission très particulière (VSPE – Véhicule spécial renforcé) sont des Scania blindés pesant 33 tonnes, avec un moteur de 585 cv. Leur prix unitaire serait de 50 millions d’euros, selon les FAS, citées par le journal. [Ce prix semble considérable. 5 millions serait déjà beaucoup]
L’accident du 9 juin 2010 s’est déroulé alors que le VSPE circulait sur la base aérienne d’Istres, en provenance d’Avord – d’où il était parti le matin même. Selon le tachygraphe (enregistreur de vitesse), il roulait à 72 km/h au moment de l’accident, alors que la vitesse sur la base est limitée à 30. Pire, l’enregistrement a révélé que le camion avait fait une pointe, le matin même, à 105 km/h et quelques jours auparavant à 120 km/h. Or, ces camions sont en principe bridés à 80 km/h. Certes, « en cas de situation de crise », le chef de convoi peut désactiver ce système, mais il apparait que les équipages connaissent un moyen mécanique de « neutraliser le limitateur de vitesse »…
Il semblerait que le conducteur mis en cause n’ait pas eu alors toutes les compétences nécessaires. En effet, ce caporal mécanicien s’est vu attribuer « par équivalence » et quinze jours après l’accident le « brevet grand routier de transport de fret »… avec effet rétroactif comme en témoigne le Bulletin officiel des armées du 25 juin 2010.
L’autorité de sûreté nucléaire de la défense estime qu’il n’ya « pas de véritable formation adaptée à la conduite de cet ensemble routier » et constate des « dérives dans le comportement ». D’autant que le camion incriminé avait déjà eu des ennuis techniques notamment avec ses freins. Il avait rencontré des problèmes lors d’une mission à Valduc (21). Le lieutenant qui commande l’ETMS reconnait que « le plan de charge est difficile » et que le « nombre de mission a augmenté ».
Quant au Délégué à la sureté nucléaire de la défense (DSND), Bernard Dupraz, il estime qu’ « il s’est passé des choses inacceptables ». On ne saurait mieux dire.
Actualisé : Interrogé par Secret-Défense lundi matin, le général Philippe Pontiès, porte-parole du ministère de la Défense, ne nie pas les faits, mais constaste qu’il s’agit d’ « un accident de la route classique mais qui implique un véhicule destiné au transport d’armes nucléaires ». En effet, le jour de l’accident, du à une « faute individuelle« , le camion ne transportait pas de chargement sensible. « Ce type de transport est extrêmement reglementé » explique le général, « ainsi les convois sont escortés par des unités spécialisées de la Gendarmerie« . Par conséquent, la vitesse est surveillée en permanence par les gendarmes. Rappellant qu’il n’y a jamais eu d’accident depuis 1964, le général Pontiès reconnait que « des leçons seront tirées de cet accident et que les procédures pourront être adaptées« .
Mon commentaire : le partisan convaincu de la dissuasion nucléaire (et du nucléaire en général) que je suis ne peut faire comme si le consensus sur ces questions étaient toujours le même qu’il y a vingt ans. Le soutien de l’opinion est une priorité absolue – c’est même une question stratégique. Lorsque des incidents, si banals puissent-ils sembler, se produisent, le public doit avoir la certitude qu’on ne lui cachera rien. Ainsi, on a su que deux SNLE français et britanniques s’étaient percutés dans l’Atlantique. Même les meilleurs systèmes – et le notre est excellent – peuvent avoir des failles : on a vu un bombardier nucléaire américain traverser les Etats-Unis avec une vraie bombe en soute… sans le savoir. Dans un régime démocratique comme le notre, sans cette transparence,la légitimité du nucléaire se trouvera rapidement mise en cause.
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